La comparaison met immédiatement dans le bain : les Jeux Olympiques représentent «40 ou 45 coupes du monde simultanées dans le pays», avance Florent Vallée*, directeur délégué de l'urgence et des opérations de secours de la Croix-Rouge française. L'événement constitue un défi hors norme à plusieurs titres : organisationnel, mais aussi un défi de mobilisation, de préparation, sans oublier le contexte de risque élevé d'attentat. 11 000 athlètes, 206 délégations et 16 millions de touristes sont attendus à l'occasion des Jeux qui se dérouleront à Paris du 26 juillet au 11 août et qui seront suivis par les Jeux paralympiques, du 28 août au 8 septembre. Un évènement qui tombe en pleine période estivale en France. «On a systématiquement des points de vigilances avec des été de plus en plus animés», reconnaît Florent Vallée, énumérant les orages violents avec risques d'inondation, les pics de chaleur liés au changement climatique ou encore les feux de forêt qui pourraient se présenter au même moment sur le territoire... mais aussi, du côté des ultra-marins, la période cyclonique sur les Antilles, avec «des formations d'ouragans de plus en plus précoces».
La Croix-Rouge française sera donc sur tous les fronts pendant les Jeux Olympiques, sur le terrain de l'événement mais aussi à travers tout le territoire - et ce jusqu'à la fin des Jeux paralympiques : «Irma en 2017, c'était le 2 septembre», rappelle Florent Vallée, dont l'association d'aide humanitaire se prépare à toutes les éventualités.
700 personnes déployées par jour
Pour la seule Croix-Rouge Française, si l'on considère uniquement les sites des compétitions puisque des manifestations auront également lieu autour des Jeux, 700 personnes par jour seront déployées sur le territoire national, dont environ 600 à Paris pendant deux semaines. Un défi hors-norme ? «On n'est pas inquiets» assure Florent Vallée, «mais clairement, on se prépare».
Le maître-mot : anticipation
Cela fait environ un an que la Croix-Rouge s'active pour se préparer aux JO, à coup de réunions avec tous les acteurs pour déterminer «qui fait quoi». «On se prépare pour être en capacité d'assurer la mission de La Croix-Rouge auprès de la population au quotidien quoi qu'il se passe sur l'ensemble du territoire. Ce n'est pas parce qu'il y a les Jeux Olympiques qu'on ne doit pas continuer nos activités dans l'ensemble des départements».
Plusieurs axes de préparation ont ainsi été mis en place, avec, par exemple, une grande campagne de recrutements, de bénévoles, de secouristes, de façon à anticiper les besoins humains énormes, mais aussi des investissements conséquents pour la formation des bénévoles. «Les Jeux Olympiques constituent un accélérateur, d'action, de motivation. Nous avons renforcé nos capacités et investi dans du matériel plus récent (ambulances...) : 15 millions d'euros ont été débloqués sur trois ans pour réarmer les équipes secouristes».
L'approche des Jeux Olympiques exige aussi des acteurs qu'ils puissent se réunir régulièrement pour se coordonner - et être prêts le jour J. «En France, on a la chance d'avoir des plans de secours qui fonctionnent très bien. Par contre il faut les adapter», résume Florent Vallée. La Croix-Rouge, qui intervient surtout en pré-hospitalier sur le terrain, engage donc des discussions avec l'ARS Ile-de-France, la préfecture de police, avec le ministère de l'intérieur, avec les CPTS... Les sujets sont concrets : «On évoque l'organisation des secours, l'organisation du transport... Combien de personnes sont déployées, dans quel hôpital se rend-on selon quelles zones, quel renfort peut-on apporter au système de santé pré-hospitalier existant et en cas de crise majeure ? Le mot d'ordre est à la préparation et à l'anticipation. On évoque aussi toute l'organisation de commandement en définissant comment les choses vont se dérouler, qui va prendre la direction des opérations en cas d'événement sanitaire majeur et comment les autres vont s'inscrire là dedans ? L'objectif est surtout de coordonner la réponse de l'ensemble des acteurs».
Une polyclinique temporaire gérée par l'AP-HP installée au cœur du village olympique
Un centre de santé temporaire sera opérationnel au cœur du village olympique, qui accueillera plus de 15 000 personnes (athlètes et membres des délégations) pendant la durée des Jeux olympiques et paralympiques (JOP). Cette polyclinique, gérée par l'AP-HP, prendra en charge les urgences et le premier recours à un médecin.
L’AP-HP détachera un directeur administratif, un directeur médical, un cadre de santé, ainsi qu’une quinzaine de référents par discipline exercée. Au pic de l’activité, l’établissement public estime à un peu moins de 200 professionnels les forces vives nécessaires, toutes spécialités et métiers confondus, dont 35 médecins, une quinzaine d’infirmières et d’infirmiers et 28 kinés, tous volontaires, français principalement, mais aussi internationaux.
*Propos recueillis dans le cadre de SecoursExpo, le salon dédié aux secours, qui s'est tenu à Paris entre le 31 janvier et le 2 février.
Article précédent
Les JO ne perturberont pas l'accès aux soins, promet le ministre de la Santé
Article suivant
Jeux Olympiques : un car ambulance déployé pour les urgences
Les JO ne perturberont pas l'accès aux soins, promet le ministre de la Santé
JO 2024 : un défi hors norme pour l'organisation des secours
Jeux Olympiques : un car ambulance déployé pour les urgences
JO : 1300 lits d'hospitalisation supplémentaires prévus en Ile-de-France
Rugby fauteuil : un athlète, un infirmier, un duo en or
HOSPITALISATION A DOMICILE
Un flash sécurité patient sur les évènements indésirables associés aux soins en HAD
THÉRAPIES COMPLÉMENTAIRES
Hypnose, méditation : la révolution silencieuse
RECRUTEMENT
Pénurie d'infirmiers : où en est-on ?
RISQUES PROFESSIONNELS
Accidents avec exposition au sang : s'informer, prévenir, réagir