Souvent, les enfants placés à l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE) vont de placements en placements. Ils perdent leur carnet de santé, leur suivi dentaire se fait mal, tout comme leur suivi vaccinal. Pour améliorer leur prise en charge, des équipes mobiles dédiées ont été créées. Mais la demande, rapidement, a dépassé les seuls enfants placés. Aujourd’hui, ces équipes, 5 à Paris, quelques autres en France, à Nantes ou à Rennes (où existent ce qu'on appelle des UAPED, unités d’accueil hospitalières pour les enfants en danger), sont appelées par tous les services des hôpitaux dans lesquels elles ont été mises en place.
Mathilde Perdriau est Infirmière Puéricultrice au sein de l'équipe mobile de prévention protection de l’enfance à risque à Hôpital Universitaire Robert-Debré. Elle travaille actuellement en binôme avec un médecin et elle revient sur son travail, à la fois passionnant et extrêmement délicat.
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En France, un enfant meurt en moyenne tous les trois jours des suites de violences familiales, tandis que 6 à 14% d’enfants sont victimes de maltraitance, avec des conséquences dramatiques sur leur avenir et des séquelles parfois très lourdes.
Dans le bureau de l'équipe mobile, il y a la place pour trois personnes, un médecin, le docteur Tania Ikowsky, une infirmière, Mathilde Perdriau et un assistant social, parti depuis quelques mois. Les deux premières espèrent que le trio sera bientôt reformé et qu'un nouveau professionnel viendra compléter l'équipe. Car le téléphone ne cesse de sonner et qu'il s'agit de répondre à la demande de tout un hôpital...
Grande précarité, maltraitance, aide à la parentalité...
« On accompagne les enfants de zéro à dix-huit ans, à la fois dans des situations de grande précarité, ou des situation de protection de l'enfance donc des cas de maltraitance, de violences, on accompagne aussi des adolescents, des mineurs à la rue », précise Mathilde Perdriau.
« Concrètement, on est appelé par le service, on fait le point sur la situation avec les équipes, on peut ensuite rencontrer les parents et l'enfant, soit ensemble soit séparément, puis, au regard de ce que l'équipe nous a dit et de ce que nous avons perçu de la situation, soit il y a besoin de rédiger un écrit, une information préoccupante, soit l'enfant est vraiment en danger et il y a besoin de rédiger un signalement... pour que les décisions soient prises par un juge. Soit il y a besoin d'accompagnement à la parentalité, et de mettre en place des mesures d'aide éducative, ou des mesures de soutien à domicile. C'est vraiment individualisé, en fonction de chaque situation », résume l'infirmière puéricultrice qui suit « 10 situations par semaine, plus de 45 nouvelles situations par mois» et déjà en un an, a géré «plus de 180 situations » au sein de l'hôpital Robert Debré.
Il arrive que les décisions prises, toujours en concertation avec l'ensemble des professionnels, soient très difficiles, parfois même traumatiques, voire incompréhensibles pour les parents.
Ni jugement, ni punition
Il y a peu, Mathilde Perdriau a pris en charge un jeune adolescent aux urgences, qui présentait des carences et qui racontait ses conditions de vie difficiles. « On a rencontré la maman et la fratrie et on a tout de suite proposé des mesures d'aides à domicile, qu'une infirmière passe, aussi, à la maison, pour l'aider, pour assurer le suivi des soins. On lui a dit les choses en toute transparence et cette maman était demandeuse, elle a très bien compris».
Les choses ne se passent pas toujours aussi bien, en accord avec la famille. Placement d'un bébé en pouponnière, parfois plusieurs bébés au cours de la même semaine : « il arrive que les décisions prises, toujours en concertation avec l'ensemble des professionnels, soient très difficiles à prendre, parfois même traumatiques, voire incompréhensibles pour les parents», explique Mathilde Perdriau dont l'objectif reste toujours « l'intérêt supérieur de l'enfant ». «On n'est jamais dans une démarche de jugement ou de punition», assure-t-elle et quand c'est possible, l'objectif reste «d'accompagner la famille».
Il faut prendre du recul, en tant que professionnel(le)s, sur ces situations douloureuses. Une épreuve que Mathilde Perdriau brave chaque jour grâce «à l'expérience, à la communication avec les équipes et à l'amour de son métier», sourit-elle.
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