La Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers (FNESI) édite tous les ans son indicateur des coûts induits par la rentrée dans les différentes formations infirmières. Cette année, une augmentation de 8, 83 % a été enregistrée par rapport à 2022. Le coût de la rentrée s’élève ainsi à 3 182,95 euros. Une enveloppe importante à débourser pour la première année. « La plupart des étudiants entrant en IFSI sont tout juste bacheliers et bénéficient, pour une majorité du soutien financier de leurs parents, temporise toutefois Côme Champion, secrétaire général adjoint en charge des affaires sociales à la FNESI et étudiant en 3e année à l’IFSI de Rennes. Ajoutant qu'à cette aide vient parfois s’ajouter une bourse.« Mais plus on avance dans les années, plus les besoins évoluent et les ressources également. Et les aides disponibles aux étudiants restent trop insuffisantes, quel que soit le niveau d’études. »
Les étudiants infirmiers se tournent alors souvent vers des jobs d’appoint : soit ils ont la possibilité, comme les étudiants d’autres filières de travailler à l’usine l’été, de faire quelques heures au McDonald's, de faire du baby-sitting ou de l’aide aux devoirs, soit ils ont l’alternative des jobs connexes.
Un panel d’activités connexes
Les étudiants en première année peuvent ainsi travailler en tant qu’agent de service hospitalier, principalement pour effectuer des tâches de ménage et de l’aide alimentaire. A la fin de la première année, les étudiants acquièrent une équivalence aide-soignante. De nombreux étudiants optent donc pour des remplacements en intérim, soit dans des cliniques ou dans d'autres structures de soins, pendant les week-ends et/ou les vacances scolaires.
Moins connu, il y a aussi les tâches de tri de patients au téléphone en service d’urgence et les premiers secours qui peuvent parfois déborder sur de l’urgence. « Je dirais qu’il s’agit davantage d’activités à envisager comme une expérience personnelle et professionnelle, plutôt que comme des options très rémunératrices », note Côme Champion. Quoi qu’il en soit, pour décrocher l’un de ces jobs connexes au métier d’infirmière, le mieux est de se rapprocher des structures visées, d'envoyer un CV et une lettre de motivation.
Piste à ne pas négliger, à partir de la 2e année, les étudiants peuvent signer, avec des établissements sanitaires et/ou médico-sociaux, un contrat d’allocation d’études. Cela leur garanti un petit salaire contre une obligation de service de 18 mois minimum, après leur diplôme.
La formation est financée par la Région pour les jeunes bacheliers. Elle s’échelonne entre 8000 et 10 000 euros par an et par étudiant.
Pour les personnes de plus de 26 ans et ayant déjà travaillé plus de six mois, la formation est autofinancée, via Pôle Emploi, via les Opco (opérateurs de compétences) ou les Opca, autrement dit les organismes paritaires collecteurs auxquels cotisent les employeurs. Pour ceux qui s’autofinancent (professionnels qui n’ont pas pu être pris en charge par un employeur ou une Opco), le coût peut atteindre jusqu’à 20 000 euros pour les trois années.
Pour tous les autres, il n’y a que les frais d’inscription universitaires à payer, soit environ 170 euros auxquels il faut ajouter la contribution à la vie du campus (CVEC) qui avoisine les 90 euros, à régler à l’université.
De nombreux étudiants n’ont pas conscience qu’ils sont éligibles à certaines aides sociales. Il y a de ce fait un taux important de non recours à ces aides.
Des aides adaptées aux études
« Notre première mission lorsqu’un étudiant vient nous voir à la FNESI pour des difficultés financières, est de l'orienter vers les services sociaux étudiants : bourses, aides d'urgence du Crous, aides d'urgence de la région et de la métropole », explique Côme Champion. Car de nombreux étudiants n’ont pas conscience qu’ils sont éligibles à certaines aides sociales. Il y a de ce fait un taux assez important de non recours à ces aides.
Il existe par ailleurs des associations locales qui développent des projets pour lutter contre la précarité alimentaire, menstruelle, etc. « Il ne faut pas hésiter, dès la rentrée, à s’adresser directement à l’association locale de son IFSI. Pensez aussi aux fédérations de territoire qui jouent un rôle de relais vers les aides spécifiques à chaque territoire. La métropole peut, par exemple, proposer des réductions sur les cartes d'abonnement pour les transports au sein de la collectivité. Et enfin il y a la Fage (Fédération des associations générales étudiantes) qui est la première organisation représentative des étudiants en France. »
En France, on compte plus d’une trentaine d’épiceries sociales et solidaires gérées par la Fage sur les Agorae, ces espaces d’échanges et de solidarité qui se composent d’un lieu de vie ouvert à tous et d’une épicerie solidaire accessible sur critères sociaux.
« La FNESI est en contact avec l'ensemble des fédérations de territoires présentes dans le réseau de la Fage. Il ne faut donc pas hésiter à nous contacter via notre site internet ou nos réseaux sociaux », assure Côme Champion.
Autre alternative à ne pas négliger : le prêt garanti par l’État. Ce dernier est, en effet, de plus en plus favorable aux étudiants infirmiers, susceptibles de trouver rapidement un travail après leur formation. Pour cela, il faut s’adresser à sa banque.
Une formation trop dense pour être associée à un emploi salarié
Pour rappel, le rythme hebdomadaire d’un étudiant à l’IFSI est de 35 heures, de stage ou de cours. Aussi, enchaîner une semaine de 35 heures avec un job de remplacement d’aide-soignant le week-end, peut s’avérer compliqué sur la durée : « Nous avons énormément de pression sur les épaules en tant qu'étudiant, soutient Côme Champion. Et la posture demandée à l’étudiant en stage n’est pas simple puisqu’il s’agit de s’investir pleinement à chaque moment. A la maison, nous faisons des recherches et travaillons nos cours et TD/ TP… A l’arrivée, jongler entre son job étudiant, son stage et ses cours n’est pas chose aisée. Pour certains étudiants, cela s’apparente à une forme de mise en danger. C'est un engrenage qui peut conduire à des situations d’isolement et de grand mal-être. »
En tout état de cause, même si le salariat est possible pour les étudiants infirmiers, il demeure complexe d'un point de vue rythme de travail. « Cela a été difficile d’un point de vue financier, confie Ilona Denis, étudiante infirmière en 3ème année à Dijon. Les aides ne sont jamais suffisantes. En travaillant à côté, je suis épuisée, je vais en stage et n’ai pas le temps de préparer mes cours. J’ai à peine assez d’argent pour prendre un verre. Mais à côté de cela, je connais des étudiants dans des situations de grande difficulté, non éligibles à la bourse et que les parents ne peuvent pas suffisamment soutenir financièrement. Je souhaiterais que le gouvernement soit correctement informé de nos difficultés et que le montant des bourses soit revalorisé pour que nous ne mettions pas nos études en péril. »
Les bourses pour les étudiants infirmiers
Pour les étudiants infirmiers, la gestion des bourses est de la compétence des régions. A contrario des autres étudiants de l'enseignement secondaire qui passent par le Crous.
Le statut de boursier donne droit à des exonérations de frais d'inscription, de la Contribution de vie étudiante et de campus (CVEC). Il donne aussi accès de façon prioritaire aux logements Crous, aux repas à un euro, etc. « Il est important de faire une simulation de bourse sur le site. Parfois on est éligible sans même le savoir », recommande Côme Champion. Les demandes de bourses commencent début juin et se terminent fin octobre.
Guide des demandes de bourse en Ile-de-France
En attente de mesures fortes contre la précarité étudiante
« Le statut d'étudiant d'une manière générale n'est pas un statut de salarié, observe Côme Champion. Ce n'est qu'à cause du contexte social que les étudiants doivent aujourd'hui travailler à côté de leurs études. La FNESI milite et dénonce depuis des années les conditions de vie des étudiants infirmiers et demande à ce que le gouvernement prenne ses responsabilités pour proposer des mesures fortes de lutte contre la précarité étudiante. »
En attendant, quelques initiatives se font jour du côté des régions. En Île-de-France notamment, des mesures de soutien ont été prises en faveur du pouvoir d’achat des 44 000 élèves et étudiants en formation sanitaires et sociales. Parmi les mesures notables annoncées figurent le relèvement de 6 % de la grille des barèmes pour les bourses, permettant l’éligibilité de 15 % de nouveaux étudiants, l’augmentation de 370 € annuel pour chacun des 8 échelons, le gain d’un échelon supplémentaire pour les élèves et étudiants en situation de handicap ou aidants familiaux d’un parent en situation de handicap. La Région Île-de-France dit également satisfaire la demande de plusieurs syndicats étudiants concernant le versement de la bourse en début de mois afin de permettre aux élèves et étudiants de vivre leur année le plus sereinement possible.
Moins connue, cette autre voie de formation par alternance, permet à l’étudiant, après signature d’un contrat entre l’IFSI et « l’entreprise » (hôpital public ou privé essentiellement) de devenir salarié. Pour cela, l’étudiant doit avoir validé sa première année d’IFSI ou être titulaire d’un diplôme d’aide-soignant. Il lui faut ensuite se rapprocher d’un Centre de formation d'apprentis (CFA) proposant l’apprentissage infirmier. CFA, qui lui fournira une liste d’établissements hospitaliers d’accueil.
La rémunération fixe et stable, est basée sur le Smic horaire. L’apprenti infirmier est donc redevable d’un certain nombre d’heures de travail en plus de ses études ; le plus souvent donc durant les week-end et les vacances scolaires. L’engagement de l’étudiant envers l’entreprise s’arrête à la fin de ses études à l’IFSI.
A noter que, qui dit salarié dit perte des droits à la bourse, à Pôle Emploi, à un Régime spécial d’études (RSE) et à certains services étudiants…
Pour en savoir plus :
La FNESI
La Fage
Application de récupération alimentaire : www.toogoodtogo.com
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