« En règle générale, les étudiants sont très contents et très demandeurs vis-à-vis du tutorat. Il est galvanisant de voir cet intérêt de leur part et la manière dont ils se saisissent réellement de ce dispositif », raconte Euryal Défaut, étudiant tuteur en 2e année à l’IFSI de Poitiers. Dans un IFSI, le développement du tutorat part d’un besoin, d’une demande initiale de la part des étudiants. Ensuite, il se met en place en double maillage avec l'institut de formation et grâce à l’appui bénévole des associations d’étudiants.
Le tutorat permet vraiment de s'imprégner de la formation, de créer de l'interfiliarité et des liens entre les promotions
Aujourd'hui, sur les 337 établissements de formation répartis sur le territoire français, la Fédération nationale des étudiants en sciences infirmières (FNESI) en recense près d’une centaine mettant cette démarche à profit. « Le chiffre est prometteur mais l’idéal serait que tous les IFSI puissent le proposer, souligne Annaë Mazeron, vice-présidente en charge du tutorat à la FNESI et étudiante en 3e année à l’IFSI de Saint-Étienne. A la FNESI, nous faisons en sorte que le tutorat se développe partout puisque cela permet vraiment de s'imprégner de la formation, de créer de l'interfiliarité et des liens entre les promotions. Ce sont des notions qui nous paraissent très importantes et que nous souhaitons faire perdurer. »
Nous nous basons sur des pédagogies innovantes afin de nous éloigner de la structure d’un cours magistral
Des étudiants qui enseignent aux étudiants
Ce sont généralement les étudiants à l’initiative du projet de tutorat, qui prennent en charge la mise en place et le déroulé des séances, ainsi que les outils sur lesquels ils souhaitent s’appuyer. Lors des séances, qui se font en présentiel ou en distanciel, plusieurs étudiants tuteurs de 2e ou 3e année, s’adressent aux étudiants tutorés de 1re année. Quizz, jeux questions/réponses, fiches de révision leur sont proposés. « Si c’est en distanciel, nous transmettons un QR code ou un lien vers le quizz et chacun chez soi peut suivre la séance, poursuit Annaë Mazeron. Nous nous basons sur des pédagogies innovantes afin de nous éloigner de la structure d’un cours magistral. L’idée du tutorat n’étant pas d’être un substitut aux cours donnés par les formateurs de l’institut. »
De nombreux instituts ont déjà constaté l’impact positif sur la réussite des élèves
Biologie fondamentale, pharmacologie, calcul de doses : les matières les plus demandées
Qu’elle ait lieu après le bac ou dans le cadre d’une reprise d’étude, l'entrée en formation n’est pas toujours évidente. Le tutorat peut être utile pour améliorer la méthodologie de travail, l’adaptation aux cours magistraux et au rythme cours/stage.
La pharmacologie est une matière souvent réclamée lors des séances. A cela s’ajoute les aspects ayant trait au corps humain, à la biologie fondamentale ainsi qu’au calcul de dose. Et puis les établissements de formation laissent à disposition des salles de travaux dirigés et de travaux pratiques pour refaire des manipulations et des exercices. Les IFSI qui en disposent peuvent aussi ouvrir au tutorat les salles de simulation de soins. Ces salles pédagogiques innovantes rendent possible la mise en situation, au plus proche de la réalité. « Certaines séances de tutorat comptent jusqu’à une centaine d’étudiants. Encore une fois, cela souligne la nécessité du dispositif. De nombreux instituts ont déjà constaté l’impact positif sur la réussite des élèves. »
Les séances de tutorat peuvent avoir lieu à la veille des partiels mais également tout au long de l’année, de façon ponctuelle. Le choix est propre à chaque établissement. Certaines associations étudiantes proposent des séances toutes les semaines ou tous les jours s’il s’agit d’une unité d'enseignement précise.
Des initiatives de soutien interfilières
Certaines associations étudiantes font parfois appel, dans le cadre du tutorat, à des étudiants d’autres filières paramédicales. Des étudiants en kinésithérapie interviennent ainsi pour faire une séance de manutention auprès des étudiants de l'ensemble de l’établissement de formation. Dans ce cas-là, les promotions sont mélangées et se familiarisent avec les gestes d'ergonomie requis pour prendre soin de son dos, outil précieux de ces futurs professionnels. Dans certains établissements, c’est l’inverse : les étudiants en sciences infirmières préparent les étudiants de 1re et 2e année de médecine aux premiers soins. L'étudiant infirmier développe par ce biais, des compétences d’encadrement de stagiaires, qui lui serviront nécessairement.
«Notre association d’étudiants nous a proposé des séances de tutorat. Habituellement, elles ont lieu un jeudi par mois et portent sur une unité d’enseignement (UE) précise. J’ai ressenti un besoin concernant l’anatomie et la physiologie. J’ai suivi une séance de tutorat une semaine avant le partiel et cela m’a permis de rafraîchir mes connaissances et de bénéficier de l’expertise de tuteurs de 2e et 3e année qui avaient déjà passé cet examen. De mon point de vue, le tutorat est un dispositif enrichissant et puis l’enseignement est moins formel qu’un cours.»
Pierre Pichot, étudiant tutoré en 1re année à l’IFSI Guillaume Régnier de Rennes
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