«Nous avons donc déterminé 40 points clés d'humanité dans un parcours de soin dont le label 'Soin Humain', qui englobe tous les autres», résume le Dr Pascal Gleyze, chirurgien-orthopédiste et créateur de ce label attestant de la mise en œuvre de la bientraitance des patients et des soignants dans les structures de santé. Celui-ci reprend les recommandations de la HAS mais va encore plus loin car il en décline chaque déclaration de principe en une réalité pratique du quotidien soignant. Comment, en pratique, la pudeur du patient est-elle respectée ? Est-ce que la famille a compris les soins ? Etc. «On s'est rapidement rendu-compte que des recommandations institutionnelles, c'est bien, mais que sur le terrain, ça ne marche pas sans une éducation du personnel, sans un suivi et un encadrement pratique. On a donc peu à peu mis en place des modules de formation assez simples destinés aux équipes pour les épauler dans cette voie». A également été mise en place une évaluation par le patient de son suivi, basée sur les mêmes critères que celle soignants (« Audit Miroir des Bientraitances© »). Avez-vous été correctement informé ? Comment s'est passé tel entretien ?...
A l'origine, l'évaluation de la bientraitance au sein des maternités
De fait, pour son initiateur, le label « Soin Humain» est conçu comme « un moyen de protection et de développement global du secteur de la santé, porté par la première cartographie intégrale de la dimension humaine du soin ».
L'idée est née à l'origine pour l'évaluation de la bientraitance des femmes enceintes et de leur suivi de grossesse dans les maternités. Depuis 2019, le Dr Pascal Gleyze accompagne ainsi, avec sa plateforme Persomed, les établissements de soins dans l’évolution de leurs pratiques à travers «le label Bientraitance et transparence - CNGOF-MATERNYS» du Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français (CNGOF). Le label est alors créé par ce dernier pour accompagner les cliniques privées soucieuses de répondre au mieux aux attentes des femmes enceintes et d'améliorer la qualité des soins, la sécurité et la bientraitance des femmes, des couples et des soignants. «L’innovation majeure était de permettre aux femmes, en temps réel d’évaluer leur prise en charge, aucune société savante n’avait ainsi auparavant permis l’évaluation factuelle de la bientraitance ressentie par le patient», assure le Dr Pascal Gleyze. Avec le label Soin Humain, le concept s'étend désormais au-delà du seul champ des maternités pour gagner les services de chirurgie, d'orthopédie et autres spécialités médicales.
Bientraitance de tous, soignants et patients
Sous l'étiquette «Soin Humain», sont intégrées «à parts égales la bientraitance des soignants, la bientraitance des patients et la capacité d'une structure à être bientraitante», résume Pascal Gleyze. Dans le détail, un indice personnel de bientraitance patient se déploie autour de critères de bientraitance spécifiques et de critères de bientraitance génériques très concrets. Exemples : je suis accueilli en radio, combien de temps j'attends ? Est-ce qu'on me dit pourquoi tel ou tel médecin change, etc.) Toutes ces informations relèvent d'un indice sur 100. «Par exemple, cela nous permettra de dire que dans cet établissement, on peut estimer que l'indice de bientraitance du patient est à 70%», explique le médecin.
Parallèlement a été développé un indice de bientraitance des soignants : «On s'est notamment aperçu que le ressenti de bien être psychique des soignants est directement corrélé à l'outil de travail qu'on lui donne. L'indice qui concerne les soignants va donc plutôt concerner l'interruption des tâches, ou bien encore le nombre de fois où le soignant est rappelé sur son temps libre pour des remplacements, si ses perspectives de carrière sont prises en compte...»
L'idée est également de considérer les outils de travail au quotidien en ressource humaine, en ressource technique et en ressource logistique (locaux à disposition...)
Le 3e indice structurel de bientraitance s'interroge enfin sur «la capacité de l'établissement à permettre la bientraitance des patients et des soignants». Exemple : «On a fait des études préliminaires pour dire que par exemple si la direction générale voit une équipe moins de deux heures tous les 3 mois, la santé psychique des soignants se dégrade», souligne Pascal Gleyze.
En attendant, le label CNGOF-MATERNYS, va quant à lui s’enrichir dans les semaines à venir de référentiels complémentaires pratiques sur la mise en œuvre des bientraitances génériques. Le CNGOF vient de constituer un comité d’action et l’une des priorités 2024 sera d'établir un référentiel national qui vaudra pour toutes le maternités françaises. Pour ce faire le Label CNGOF MATERNYS sera l’outil de formation et d’encadrement des équipes et bien sûr permettra l'évaluation par les femmes de leur prise en charge.
Le label CNGOF-MATERNYS : pour la bientraitance et la transparence des soins en obstétrique
Le collège des gynécologues a ainsi défini 12 critères (information des patients, analgésie 24h/24, accompagnement...) pour que les cliniques puissent s'en inspirer. Ce travail a donné lieu à la création du label CNGOF-MATERNYS, le Label du Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français. Et les premiers chiffres sont déjà éloquents sur la satisfaction des femmes et les évolutions de pratiques. Plus de 40 000 femmes ont bénéficié du label et de la plateforme CNGOF-MATERNYS d’information et de suivi, 79% l’estime indispensable en cas de nouvelle grossesse. 63% des critères de bientraitance sont bien suivis, plus de 90% des femmes apprécient fortement l’initiative qui les sécurise, améliore la relation avec le praticien et l’image de l’établissement. On relève également une amélioration du vécu de l’accouchement (75 à 81%), une augmentation de la fréquence du projet de naissance détaillé proposé par le CNGOF (Collège national des gynécologues et obstétriciens) (>50%).
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