La question de la santé mentale des soignants est devenue tellement prégnante, dans le sillage d’une crise Covid qui les a épuisés, que même les institutions européennes s’en emparent. Le 11 juillet, la société européenne de médecine intensive (ESICM, pour European Society of Intensive Medicine) a signé conjointement avec plusieurs députés européens une déclaration commune en faveur de la santé mentale des soignants. Face à une dégradation générale de la santé mentale des professionnels du soin, ils appellent la Commission européenne et les États européens à mieux prendre en compte la problématique dans leurs politiques.
Agir à l'échelle européenne
Crise du Covid, guerre en Ukraine ou encore crise environnementale, conjugués à des pénuries de personnels – l’Organisation mondiale de la santé estime qu’il manquera 10 millions de professionnels du soin d’ici 2030, rappelle la déclaration – ont un impact délétère sur la santé mentale des soignants. « Les professionnels de santé, et notamment ceux en services de soins intensifs, sont parmi les professions les plus affectées par les facteurs de risque psychologiques, qui non seulement diminuent leur attractivité et causent des problèmes de rétention au sein des systèmes de santé à travers l’Europe, mais ont également des impacts directs sur leur vie privée et professionnelle et, par conséquent, sur leurs patients, leurs proches et leurs familles. » Or, a insisté Élie Azoulay, le président de l’ESCIM, lors de la signature de la déclaration, « les équipes qui délivrent les meilleurs soins sont les équipes vont bien ». Si la prévalence du burn-out n’est pas identique partout, les facteurs de risque d’épuisement professionnel, eux, sont identiques, quels que soient les États. Aussi agir à l’échelle européenne s’avère-t-il pertinent.
7 actions à entreprendre
Le texte soumet donc 7 demandes aux autorités politiques :
- adopter une stratégie "santé mentale" dans chaque politique incluant un chapitre spécifique sur les professionnels de santé
- renforcer la coopération entre les institutions européennes, les États membres et les professionnels de santé pour établir une approche harmonisée de la question de la santé mentale des professionnels, des directions, en particulier en soins intensifs
- créer des lignes directrices sur la façon d'aborder les problèmes de santé des professionnels, notamment en soins intensifs, d'adapter leurs conditions de travail et de créer des méthodes pour rendre ces professions attractives
- développer une définition pour le burn-out qui s'appliquerait concrètement aux professionnels de la réanimation et de leur environnement de travail
- intégrer la méthode des 3R 3R (Recognise, Reverse, and build Resilience, une approche pensée pour prévenir ou surmonter le burn-out) pour lutter contre le burn-out en milieu hospitalier et la promouvoir de façon harmonisée dans l'Union européenne (UE)
- augmenter les programmes de financement européen, en particulier sur la détérioration de la santé mentale des professionnels de santé
- organiser une année européenne de la santé mentale avec des actions concrètes en faveur des professionnels.
Article précédent
Le travail en 12h augmente les risques pour la santé mentale
Article suivant
La vidéo choc de SPS pour alerter sur le suicide des soignants
« C'était comme une implosion à l'intérieur de moi »
EN VIDEO - Suicide de soignants : comment endiguer le fléau ?
Le travail à l’hôpital responsable d’une forte dégradation de la santé mentale
Le travail en 12h augmente les risques pour la santé mentale
L'Europe s'engage pour mieux préserver la santé mentale des soignants
La vidéo choc de SPS pour alerter sur le suicide des soignants
SANTÉ PUBLIQUE
Préserver le cœur des femmes : le rôle des infirmiers en prévention
ÉCOLE
Education à la santé sexuelle : les infirmières scolaires sous haute pression
HOSPITALISATION
L’infirmier "bed manager" au cœur de la gestion des lits
IDEL
Vidéo - "Avec un enfant, il faut savoir être enveloppant"