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EN VIDEO - Suicide de soignants : comment endiguer le fléau ?

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Publié le 25/04/2024

Chaque année, plus de 9 000 personnes mettent fin à leurs jours en France. Mais combien de professionnels de la sante ? Si l’on applique une règle simple de proportionnalité, cela donne le chiffre, énorme, démesuré, de trois professionnels de la sante qui se suicident tous les deux jours, s’émeut l’association Soins aux professionnels de la Santé (SPS). Un chiffre encore probablement sous-estimé.

 

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D’après l’enquête suicide et professionnels de santé réalisée par SPS en 2017, 25 % des personnes interrogées ont déjà eu des idées suicidaires au cours de leur carrière professionnelle. Parmi elles, 25 % exerçaient en ville et 39 % en milieu rural. Or l’hôpital paie un lourd tribut, selon Eric Henry, médecin généraliste et président de l’association SPS. 80% de nos appels concernent des salariés, que ce soit d'hôpitaux privés ou d'établissements publics, parce que de nombreux personnels sont partis et que ceux qui restent sont pressés comme des citrons, confie-t-il.Pour lui, le Covid a eu au moins le mérite de mettre en évidence la souffrance des soignants, mais aussi l'incapacité du système à se réformer pour y répondre.

L'épuisement professionnel, un facteur essentiel

 

Le suicide est toujours multifactoriel, mais les conditions de travail ont un impact non négligeable sur les risques encourus par les professionnels de santé. L’exemple des internes est sur ce point édifiant. En 2021, leur Intersyndicale nationale a alerté sur la santé mentale dégradée des futurs médecins. Le taux de suicide chez les internes est en effet évalué à un tous les 18 jours.

Luc Marbach est le père d’une interne qui a mis fin à ses jours en 2019. Et pour lui, les rythme de travail sont en cause. Dans le cas de notre fille, elle s'est littéralement épuisée, explique ce chef d'entreprise et co-fondateur de la Ligue pour la santé des étudiants et internes en médecine (Lipseim). Sa fille, une jeune femme brillante, sensible, très empathique, a travaillé 28 jours d'affilée, y compris les week-ends et elle a craqué, un jour où elle était seule chez elle. Pour ce père endeuillé, il est inacceptable que les autorités de santé, les ARS ou le ministère, ne mettent pas les établissements hospitaliers en demeure de respecter le droit du travail.

Le suicide professionnel, une réalité

Si l’on ne va pas jusqu’au bout de la logique, met en garde l’association SPS, on ne répondra pas à l’évidence du moment : En juin 2022, une étude révélait que 50 à 60 % des soignants interrogés présentaient des signes d’épuisement professionnel et 30% d'entre eux, de dépression. Epuisés, anxieux, usés…les soignants sont de plus en plus nombreux à quitter leur métier. Un suicide professionnel pour SPS auquel il faut prêter une véritable attention, à l'heure où l'attractivité du secteur est en berne.

L'urgence : lever le tabou autour du suicide

Dans ce sombre tableau, il faut faire changer les mentalités. Au niveau des institutions évidemment et pour cela, l'action politique est attendue par tous les acteurs de la lutte contre le suicide. Pour Pauline Dubar, infirmière et porte-parole de SPS, le monde de la santé est un écosystème, qui comprend l’usager, l’administration et les soignants eux-même. Libération de la parole, repérage... Chacun peut prendre part à la prévention. Encore faut-il que la population dans son ensemble soit sensibilisée à la question. Comme pour le massage cardiaque auquel de plus en plus de gens sont formés, Eric Henry formule le voeux que demain, dans les écoles, soit enseigné à chaque élève le repérage d'un copain, d'une copine qui va mal pour que chacun apprenne à lui tendre la main.

Susie BOURQUINJournaliste susie.bourquin@infirmiers.com @SusieBourquin


Source : infirmiers.com