Au bord de la rupture avec l'Assurance maladie et le gouvernement, les médecins libéraux seront dans la rue mardi 14 février. Les syndicats ont en tout cas appelé à la fermeture des cabinets, à une grève de SOS Médecins et à une manifestation entre le ministère et le Sénat.
Crainte d'une «médecine à deux vitesses»
Le ministre de la Santé, François Braun, n'en démord pas: «Mon objectif, c'est de répondre aux besoins de santé de la population», affirme-t-il, disant entendre «la colère» des praticiens, «mais aussi celle des Français qui n'arrivent pas à trouver un médecin». C'est justement parce que l'offre ne répond pas à la demande que le Parlement envisage d'ouvrir «l'accès direct» - sans prescription médicale - à certains paramédicaux : kinés, orthophonistes et infirmiers de pratique avancée. Une proposition de loi Rist, soutenue sinon inspirée par l'exécutif, a ainsi franchi l'étape de l'Assemblée et sera débattue mardi après-midi au Sénat, après un passage en commission qui n'a pas dénaturé son contenu. Inquiets d'une possible adoption du texte, les syndicats joueront en même temps leur va-tout dans les rues de la capitale, entre la place Vauban, voisine du ministère, et celle du Panthéon, toute proche de la chambre haute. Début janvier, sur l'itinéraire inverse, ils avaient réussi à rassembler entre 2 300 et 4 000 manifestants. La jauge pourrait être dépassée, tant les renforts affluent ces derniers jours, de leurs confrères hospitaliers de l'intersyndicale APH aux remuants internes de l'Isni. Même l'Ordre des médecins a annoncé sa participation au cortège, pour dénoncer les «risques de désorganisation des soins» et «de perte de chance pour les patients» que porte selon lui ce projet de «médecine à deux vitesses».
«Tous les syndicats de médecins» mobilisés
«Mardi, c'est un fait unique dans l'histoire, vous aurez tous les syndicats de médecins» dans la rue, a insisté dimanche sur Europe 1 Agnès Giannotti, présidente du syndicat MG France (généralistes). «C'est bien qu'il se passe des choses qui mettent en colère l'ensemble d'une profession, ça ne s'est jamais vu», a-t-elle dit.
Le ministre Braun défend malgré tout une réforme censée «favoriser l'exercice coordonné» entre soignants et ainsi «libérer du temps médical». En attendant les bataillons de carabins formés depuis la suppression du «numerus clausus», c'est selon lui «la seule solution efficace rapidement» sans toucher à la si décriée liberté d'installation des médecins. «Parce qu'entre une offre qui diminue et des besoins de la population qui augmentent... Je ne suis pas magicien».
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