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DÉBAT

Quelles avancées pour la pratique avancée ?

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Publié le 07/07/2023

Délégation, valorisation, exercice coordonné, loi Rist : quelles perspectives se dessinent pour les infirmières et infirmiers en pratique avancée ? Ludivine Videloup, présidente de l’ANFIPA (Association nationale française des infirmiers en pratique avancée) et Cécile Migala, IPA référente en oncologie à l’ANFIPA font un état des lieux.

Mis en  œuvre par le décret du 18 juillet 2018*, le statut d'infirmier en pratique avancée a pris ses marques. La première promotion d'IPA  est sortie en 2019. Avec quelque 1700 diplômés aujourd'hui, on est loin des 5000 envisagés pour 2024, mais pour Ludivine Videloup, présidente de l'ANFIPA, les voyants sont au vert avec plus d'une trentaine d'universités qui enseignent la pratique avancée, 700 IPA formés chaque année et plus de demandes d'inscription que de places disponibles. « Effectivement le démarrage a été difficile mais nous travaillons à lever les freins qui peuvent décourager l'accès à ce statut ». A commencer par la rémunération. « Nous avons ainsi obtenu la publication de l'avenant 9, fin mars 2023, qui acte une hausse de rémunération des IPA libéraux ». Autre frein identifié : le manque d'information sur l'accès aux formations. « Nous avons pour cela communiqué dans les congrès, dans les IFSI, dans les médias pour expliquer et accompagner ». Autre important et délicat point d'achoppement : la forte réticence du corps médical. « Nous avons dû beaucoup communiquer auprès des médecins pour leur expliquer en quoi consiste précisément la mission des IPA, partager des retours d'expériences pour leur montrer que ça marche, si on y croit et que l'on fait les bons compromis ».

Établir une relation de confiance avec les médecins

Cécile Migala, référente en oncologie à l’ANFIPA, insiste elle aussi sur l'importance d'établir « une véritable relation de confiance avec les médecins et les directeurs de soin », tout particulièrement dans cette spécialité qui concentre 10% des IPA en poste. Plus globalement c'est le champ des maladies chroniques qui rassemble aujourd'hui le plus grand nombre d'IPA, suivi de la psychiatrie, de l'onco-hématologie puis la néphrologie. Les soins d'urgences sont la dernière spécialité à s'être ouverte à la pratique avancée mais d'autres attendent, alors que la loi Rist a commencé à changer la donne.
« Le premier champ d'avancée de la loi Rist est l'accès direct : c'est à dire que les patients pourront s'adresser directement à un IPA en cas de besoin, à condition que celui-ci travaille en étroite collaboration avec des médecins. Le second est la primo-prescription : dont on attend les décrets d'applications dans les mois qui viennent », relève la présidente de l'ANFIPA.

Il faut se laisser le temps pour que cette nouvelle profession s'installe correctement et de manière solide au sein de notre système de santé 

« Nous avons de nouvelles compétences et l'enjeu est que nous nous en servions pour orienter le patient au mieux vers les médecins pour fluidifier leur parcours de soins et réduire les délais de prise en charge », observe de son côté Cécile Migala.
« Les pouvoirs publics sont porteurs, assure Ludivine Videloup. Le ministre de la Santé a annoncé sa volonté de voir former un plus grand nombre d'IPA. Cela montre qu'il est en accord avec le déploiement de cette profession et qu'il met en place les choses pour que ça marche. Et moi j'y crois. Il faut se laisser le temps pour que cette nouvelle profession s'installe correctement et de manière solide au sein de notre système de santé ».

*en application de la loi du 26 janvier 2016 de modernisation de notre système de santé

Betty Mamane, directrice de la rédaction

Source : infirmiers.com