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TENSION

L'Académie de Médecine met en garde contre les dérives de la loi Rist, les IPA mécontents

Publié le 20/02/2024

L'accès direct aux infirmiers en pratique avancée (IPA), aux kinésithérapeutes et aux orthophonistes permis par la loi du 19 mai 2023 dite «Loi Rist», passe mal auprès de l'Académie Nationale de médecine, qui réaffirme l'aspect incontournable du diagnostic médical, alors que les textes d'application se font justement attendre. 

rivalités

Promulguée le 19 mai 2023, la loi «portant amélioration de l'accès aux soins par la confiance aux professionnels de santé» fait grincer des dents l'Académie Nationale de Médecine. Dans un communiqué publié le 15 février sur son site, celle-ci affirme que «se passer du diagnostic médical doit rester une exception». Dans le viseur : l'introduction par la loi, (portée par la députée Stéphanie Rist -Renaissance), d'un accès direct aux infirmiers en pratique avancée (IPA), aux kinésithérapeutes et aux orthophonistes. Celle-ci prévoit également l'élargissement des compétences de plusieurs professions paramédicales et la révision de la permanence des soins pour lutter contre les déserts médicaux et améliorer l'accès aux soins.

Si le décret est toujours très attendu par les infirmiers en pratique avancée, ils pourront bientôt primo-prescrire certains produits ou prestations soumis à ordonnance. Par ailleurs, des IDE peuvent également, depuis ce texte, prendre en charge la prévention et le traitement de plaies et prescrire des examens complémentaires et des produits de santé. 

9 ans d'études... Un important savoir théorique...

L’Académie rappelle que « la prescription médicale a pour fondement le diagnostic médical, qui est la composante primordiale de la démarche thérapeutique ». Ce n’est pas, affirme-t-elle « une formalité de nature administrative », mais bien « le résultat d’une démarche accomplie par le médecin, qui repose sur l’écoute du patient, et l’analyse individualisée approfondie de ses symptômes et de sa situation (âge, antécédents, contexte familial, professionnel, socio-économique) »

La prescription médicale (...) est donc, insiste-t-elle « l’aboutissement d’un processus intellectuel dont la conduite tire parti du fait que le médecin, après au moins neuf ans d’études, possède un important savoir théorique et pratique et dispose, avec le temps, d’une expérience croissante et de connaissances en permanence remises à jour », selon l’Académie. « Quel que soit le type d’exercice, un diagnostic de maladie ne suffit pas à indiquer un besoin de rééducation, ni de tout traitement, quel qu’il soit », écrit-elle.

«Engager une action thérapeutique en l’absence de prescription médicale n’est absolument pas anodin», note-t-elle encore. «Faire le pari que, sans le renfort de l’analyse intellectuelle ayant conduit au diagnostic médical, la thérapeutique engagée sera adaptée, peut conduire à ce que celle-ci se révèle inefficace, sinon néfaste. Elle constitue, pour le professionnel de santé qui s’y engage, une prise de risque, donc de responsabilité».

Nostalgie & condescendance ne suffiront pas pour soigner les malades

Une «très étonnante prise de position» pour les IPA

Celle qui a porté cette loi, Stéphanie Rist, elle-même médecin, n'a pas tardé à réagir sur X (ancien Twitter), d'un cinglant : «Nous avons tellement de retard sur les pratiques avancées … Nostalgie & condescendance ne suffiront pas pour soigner les malades».

Le Conseil National Professionnel des IPA évoque lui, «une très étonnante prise de position avant même que la concertation avec les acteurs concernés ait eu lieu» et déplore «l'absence d'argumentation scientifique dans les propos avancés par l'Académie. On sait pourtant où mènent les arguments d'autorité ou fondés sur les opinions. La crise Covid est encore récente», tance-t-il.

La Cour des Compte le relevait l'année dernière : « Le premier frein à lever (à l'implantation des IPA) est la réticence des médecins ». Elle regrettait, dans un rapport, la mise en œuvre «laborieuse» du nouveau statut d'infirmier en pratique avancée (IPA), ces infirmiers plus qualifiés qui font craindre à certains médecins une forme de concurrence. Perrine Boursin le rappelait justement au moment de sa prise de fonction à la tête de l'Association Nationale Française des Infirmier.e.s en Pratique Avancée (Anfipa) : les efforts de communication restent importants avec le grand public mais aussi avec les professionnels de santé, et notamment les médecins, pour gagner la confiance et prouver la valeur-ajoutée des IPA. Le recul de 5 ans sur la création de la pratique avancée devrait aider. 

La rédaction d'Infirmiers.com

Source : infirmiers.com