L’évaluation des risques
Toute base de prévention s’accompagne d’une analyse des causes. L’identification des risques passe donc d’abord par le recueil l’analyse de ces accidents. Dans le recueil des AES, différentes variables doivent être précisées, notamment le geste, la catégorie professionnelle, le matériel utilisé, le détail des circonstances de l’AES (qui, où, quand, comment). Quant à l’analyse des accidents, elle doit être réalisée régulièrement (tous les 6 mois ou tous les ans) et permettre l’identification des situations à risque en fonction des variables précitées (1).
Les gestes le plus souvent à l’origine d’un accident percutané au sang (2) :
- Manipulation d’une aiguille (injections, prélèvements sanguins et pose d’une voie veineuse périphérique) (33,5 %)
- Manipulation d’instruments souillés (54,1 %)
- Manipulation d’une lame ou de collecteur à objets coupant ou tranchants (12,2 %)
Les types de soins en cours lors d’un AES (3) :
- Les injections sous-cutanées (43 %)
- Les prélèvements de sang capillaire (21 %)
- Les prélèvements de sang veineux (17 %).
Le risque moyen de transmission après AES d’un patient infecté (4) :
- 0.3 % pour le VIH,
- 0,5 % à 3% pour le VHC
- 2 % et 40 % pour le VHB en l’absence de vaccination ou d’immunisation antérieure.
• Vaccination du personnel soignant ;
• Respect des précautions générales d’hygiène (port de gants, masque, lunettes) ;
• Utilisation rationnelle d’un matériel adapté ;
• Information et la formation du personnel lors de la mise en place d’un nouveau matériel ;
• Mise en place de procédure de prises en charge des AES ;
• Interprétation des données de surveillance ;
• Évaluation des actions entreprises.
Formation et sensibilisation des professionnels
Il existe de nombreux programmes de sensibilisation/formation aux AES, dont les objectifs sont multiples (6) :
- Connaître la définition et les données de santé publique relatives aux AES
- Maîtriser la réglementation applicable en matière d’AES
- Analyser les causes de survenue des AES et les risques pour les IEDL
- S’approprier les règles de bonnes pratiques permettant de prévenir la survenue d’AES (respect des précautions standard, utilisation d’un matériel et d’un EPI sécurisés et adaptés, gestion des DASRI …°
- Maîtriser la conduite à tenir en cas de survenue d’un AES
- Respecter les nouvelles obligations associées aux nouvelles compétences vaccinales
- Connaître le dispositif de prise en charge des AES (déclaration de l’AES, évaluation du risque infectieux, accès au traitement post-exposition …).
Quand on sait que, dans les établissements de santé français, près de 32 % des AES seraient évitables (7), on ne peut qu’encourager ces formations, ainsi que l’utilisation d’équipement de protection individuelle (EPI) et le respect des bonnes pratiques.
Les équipements et les pratiques adaptés
Les équipements de protection individuelle
Les EPI désignent les mesures barrière suivantes : port de gants, protection du visage (masque, lunettes) et protection de la tenue (8). Ils protègent les professionnels de santé du risque d’exposition à des microorganismes, notamment lors d’actes exposant au sang.
• Port de gants de soins en cas de risque d’exposition au sang ou à tout autre produit d’origine biologique d’origine humaine, de contact avec une muqueuse ou une peau lésée. Mettre les gants juste avant le geste, les retirer et les jeter immédiatement après la fin du geste.
• Protection du visage : porter un masque à usage médical et des lunettes de sécurité ou un masque à visière en cas de risque d’exposition par projection ou aérosolisation à un produit biologique d’origine humaine.
• Protection de la tenue : porter un tablier imperméable à usage unique lors de tout soin souillant, mouillant ou exposant à un risque de projection ou d’aérosolisation de produit biologique d’origine humaine. Mettre la protection juste avant le geste, l’éliminer immédiatement à la fin d’une séquence de soins et entre deux patients.
Le bon usage des objets perforants
La prévention des AES passe aussi par le bon usage des objets perforants (9) :
après usage, ne pas recapuchonner, ne pas plier, ne pas désadapter à la main,
Si usage unique : jeter immédiatement après usage dans un conteneur pour objets perforants adapté, sans dépose intermédiaire. Le niveau de remplissage des conteneurs doit être vérifié et ne pas dépasser la limite maximale pour éviter les accidents lors de la fermeture.
Si réutilisable : manipuler le matériel avec précaution et procéder rapidement à son nettoyage et sa désinfection.
L'utilisation des dispositifs médicaux de sécurité
Au fil des années, la part croissante des matériels de sécurité tend à sécuriser davantage de gestes et leur utilisation représente l’un des éléments essentiels à la prévention des blessures par piqûre d’aiguille. Cependant, on estime que les infirmiers libéraux se blessent 1 à 2 fois par an avec du matériel coupant/tranchant (AES percutané), avec une aiguille dans 97 % des cas, alors que 40 % d’entre eux n’utilisent pas de matériel sécurisé (3). Un important travail de sensibilisation/formation, ainsi que la généralisation des dispositifs sécurisés restent donc d’actualité dans l’objectif de mieux prévenir les AES.
-Un mécanisme de sécurité automatique ou pouvant être activé d’une seule main,
-Dans la continuité du geste, idéalement lorsque l’aiguille est encore sous la peau
-La sécurité doit être irréversible et le mécanisme être intégré au dispositif
-Les mains du personnel soignant doivent toujours être situées à l’arrière de la partie coupante.
Aiguilles et collecteurs sécurisés
Concernant les aiguilles, plusieurs types de dispositifs sécurisés sont actuellement disponibles en France : il s’agit principalement de dispositifs intégrés d’autorecouvrement de l’aiguille, avec activation unimanuelle de la sécurité, ou de systèmes de rétraction automatique de l’aiguille. Un « clic » indique le verrouillage irréversible de la sécurité.
Les collecteurs pour objets tranchants/piquants doivent, quant à eux, répondre à certaines normes pour prévenir les piqûres, coupures et, donc, les AES : résistance à la perforation et à la chute, capacité et orifice d’introduction adaptés aux matériels à éliminer, visualisation du niveau et de la limite du remplissage, système de fermeture définitive solidaire du dispositif, hermétique et inviolable, poignée pour le transport et supports de fixation.
La mise en place d’un dispositif permettant la prise en charge et l’enregistrement des AES, tout comme l’interprétation des données de leur surveillance, sont essentiels pour orienter les axes de prévention de ces accidents.
1 - GERES/INRS. Guide des matériels de sécurité 2004
2 - Santé publique France. Surveillance des accidents avec exposition au sang dans les établissements de santé français. Réseau AES-Raisin, France. Résultats 2015 3 - RPP France, Becton-Dickinson. Les accidents d’exposition au sang. Pour une meilleure protection des soignants face aux accidents d’exposition au sang
4 - G. Pellissier, F. Lot, E. Rouveix, E. Bouvet et D. Abiteboul D, pour le GERES. Contaminations professionnelles par le VIH, le VHC et le VHB chez le personnel de santé : bilan de la surveillance nationale au 31 décembre 2021. Référence en santé au travail. N° 71, pp 79-87, Septembre 2022.
5 - Fermaut I. les accidents d’exposition au sang. Urgences 2011. Chapitre 96
6 - Afcopil. Accidents liés au sang : une formation indispensable pour les infirmiers libéraux
7 - Floret N, Ali-Brandmeyer O. Surveillance des accidents avec exposition au sang dans les établissements de santé français. Réseau AES-Raisin, France. Résultats 2015. Édition Santé publique France 2017.
8 - URPS infirmière PACA. Équipements de protection individuelle
9 - Abitteboul D. Les précautions standard. Des recommandations pour la prévention du risque infectieux autour des soins. Références en santé du travail 2017. 152 ; 85-9.
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