Bonne nouvelle sur le front de la lutte contre le VIH en France. En amont de la journée mondiale de lutte contre ce virus, ce vendredi 1er décembre, Santé publique France a publié les indicateurs actualisés de surveillance du VIH et des infections sexuellement transmissibles (IST) bactériennes en France pour l’année 2022. Et ceux-ci « démontrent une augmentation du nombre de dépistages qui dépasse le niveau atteint en 2019, avant la pandémie de Covid-19 », fait savoir l’agence.
Une évolution encourageante sur le front de l'épidémie
Ainsi, ce sont 6,5 millions de sérologies qui ont été réalisées en 2022 par les laboratoires de biologie médicale, contre 6,34 millions en 2019. « Le nombre de personnes ayant découvert leur séropositivité VIH en 2022 a été estimé entre 4 200 et 5 700 », note-t-elle, soit un nombre qui a augmenté en 2021 et en 2022 par rapport à l’année 2020, mais qui demeure toutefois inférieur à celui observé en 2019. Sur l’ensemble de la période 2012-2022, le nombre de découvertes de séropositivité a également diminué : entre -11% et -21%. Cette baisse, combinée à la hausse du nombre dépistages, est un signe « encourageant quant à la dynamique de l’épidémie », commente Santé publique France.
Elle s’explique par la multiplication des moyens de prévention et par l’utilisation de la PrEP (prophylaxie préexposition), la pilule préventive à destination des personnes très exposées au virus, qui a continué de se diffuser en France, notamment auprès des hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes. Selon un rapport d’Epi-Phare, structure associant l’Assurance maladie et l’Agence du médicament, le nombre de personnes de 15 ans et plus ayant démarré la PrEP en France depuis 2016 s’élevait à 84 997 à fin juin 2023. Soit une augmentation de 31% par rapport à fin juin 2022. « Le nombre total de personnes utilisant effectivement la PrEP (en initiation ou en renouvellement) est également en hausse, atteignant 52 802 au premier semestre 2023, soit plus de 10 000 personnes de plus (+24%) par rapport au premier semestre 2022 », précise-t-il également.
Les plus démunis encore très exposés au virus
Pour autant, la prudence reste de mise. Car l’évolution de la situation épidémique demeure contrastée selon les catégories de population. Le nombre de découvertes de séropositivité continue de diminuer chez les hommes nés en France ayant des rapports avec des hommes – ils représentent 27% des découvertes en 2022, contre 14% pour ceux nés à l’étranger. De son côté, l’association Aides s’inquiète de la « surreprésentation des hommes hétérosexuels nés à l’étranger et des femmes nées à l’étranger dans les cas de découverte de l’infection à VIH au stade tardif avec respectivement 60% et 51% de découvertes tardives. » Les utilisateurs de la PrEP sont par ailleurs principalement des hommes résidant en Ile-de-France ou dans une grande métropole, parmi lesquels la proportion de personnes en situation de précarité est faible. « Le VIH touche toujours aujourd’hui les personnes les plus démunies, les plus éloignées des systèmes de prévention », soulignait ainsi Annabel Desgrées Du Lou, directrice à l’Institut de recherche pour le développement, mercredi 29 novembre, lors d’un point presse. « Il faut trouver de nouvelles solutions pour que les programmes mis en place atteignent les personnes concernées.»
Selon un sondage Ifop pour Sidaction, les préjugés sur la maladie et les discriminations « progressent de façon inquiétante : les indicateurs enregistrés sont les plus mauvais depuis la création du sondage en 2009 », alerte l’association. 30% des 15-24 ans pensent ainsi que le virus du sida peut se transmettre en embrassant une personne séropositive (+13 points par rapport à 2022). Un quart des jeunes estime que le VIH se transmet en s’asseyant sur un siège de toilettes publiques (+8 pt), en buvant dans le verre d’une personne séropositive (+10 pt) ou en partageant la même assiette (+10 pt). Quant à la stigmatisation, 44% des Français seraient mal à l’aise s’ils apprenaient que la personne qui garde leur(s) enfant(s) était séropositive, et 1 sur 4 le serait si c’était le cas d’un ou d’une collègue de travail. Enfin, 31% des 15-24 ans interrogés ont indiqué qu’ils refuseraient de parler de leur séropositivité à leur entourage (dont 41% qui s’y refuseraient par honte).
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