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La santé des soignants de nuit passée au crible

Publié le 29/08/2022

Les équipes du service d’oncologie médicale de l’hôpital Paul Brousse AP-HP* ont étudié les effets du travail de nuit sur la santé des infirmiers et des aides-soignants, à l’aide d’un capteur thoracique. Les résultats rappellent que les soignants travaillant de nuit souffrent d'altérations importantes de leurs horloges biologiques.

A quel point le travail de nuit est-il nocif pour la santé ? Concernant 15 à 30% des travailleurs en Europe, il est associé à une augmentation significative du risque de cancer chez les femmes pré-ménopausées (risque relatif de 1,36), selon une revue de la littérature scientifique internationale de référence. Deux rapports de 2010 et de 2020 de l’Agence Internationale de Recherche sur le Cancer vont dans le même sens, tout comme une étude de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail datant de 2016 qui montre aussi une augmentation du risque de maladies cardiovasculaires. 

 

Dans ce contexte de connaissances, 140 infirmiers et aides-soignants volontaires de l'hôpital Paul-Brousse, un établissement gériatrique situé à Villejuif (Val-de-Marne), se sont prêtés à une étude sur le travail de nuit. Les équipes du service d’oncologie médicale de l’hôpital ont étudié les effets du travail de nuit sur la santé de ces soignants à l’aide d’un capteur thoracique. L’équipe de recherche a ainsi mesuré pendant une semaine les rythmes circadiens (c'est à dire les fonctions cycliques de l'organisme déterminées par notre horloge biologique interne) de l’activité-repos et de la température corporelle des soignants volontaires à l’aide d’un capteur thoracique connecté à une plateforme de santé digitale. Objectif : trouver des indicateurs précoces permettant d’identifier les personnes les plus à risque afin de leur proposer des interventions préventives personnalisées.

Horloges biologiques perturbées, y compris les jours de repos 

Selon les résultats, publiés le 27 juin 2022 dans la revue eBioMedicine, des altérations importantes des horloges biologiques chez les personnels hospitaliers travaillant de nuit ont été relevées grâce à ce dispositif de télémédecine, en comparaison de ceux travaillant de jour. Des altérations qui, de plus, persistent pendant les jours de repos chez près de 20% des personnels de nuit, et s’aggravent avec l’augmentation du nombre d’années de travail de nuit.

Vers une médecine personnalisée 

Les auteurs espèrent que ces perturbations puissent à terme servir à constituer un signal précoce, annonciateur d'une augmentation de risque de cancer ou d'autres maladies chez les travailleurs de nuit. Dans cette optique, la télémédecine des rythmes circadiens fournit une évaluation précise de plusieurs indicateurs de santé, intégrant le rythme circadien, l'activité physique, et la qualité du sommeil, souligne le CHU francilien. Ce télémonitoring pourrait donc constituer un nouveau moyen automatisé de surveillance de la santé à l'échelle individuelle, contribuant à une médecine de prévention personnalisée pour les personnes opérant sur des horaires de nuit. 

* Mais également de l’Inserm, et de deux Universités, l’Université Paris-Saclay, et l’Université de Warwick (Grande-Bretagne). 

La rédaction d'Infirmiers.com

Source : infirmiers.com