Après la fatigue, les difficultés cognitives représentent une des principales gênes provoquées par le Covid. Et l’infection n’a pas besoin d’être sévère pour avoir ce type de répercussions : sur 13 332 personnes atteintes, 22% se plaignaient de troubles cognitifs 12 semaines ou plus après le diagnostic, selon une méta-analyse d’une quarantaine d’études observationnelles, souligne la Haute autorité de santé. Dans ce contexte, elle publie une fiche sur la gestion de ces symptômes pour accompagner les professionnels de santé dans leur prise en charge.
Des troubles à fort retentissement sur la vie quotidienne
Ces troubles cognitifs se manifestent selon les retours des patients par une « sensation de brouillard cérébral », des difficultés à maintenir leur attention, à réaliser des multitâches, à trouver leurs mots ou encore à solliciter leur mémoire immédiate, source d’oublis, d’erreurs ou de confusion. Ils peuvent aussi éprouver des difficultés à se concentrer ou souffrent d’un « raisonnement laborieux ». « Certains patients sous-estiment voire n’ont pas conscience de leurs troubles. Il peut également exister une dimension de déni de ces troubles », d’autant plus qu’ils sont très souvent « fluctuants », prévient la HAS. Leur sévérité est souvent en lien avec le niveau de fatigue. Dans ces conditions, l’environnement peut alerter, observe-t-elle. Ces troubles cognitifs sont ainsi souvent associés à d’autres symptômes prolongés : irritabilité, douleurs chroniques, troubles du sommeil ou anxieux et dépressifs, par exemple. « L’impact de ces symptômes est majeur sur la qualité de vie familiale, sociale et professionnelle, mais souvent mal compris par l’entourage. »
Lors du repérage de ces troubles cognitifs, la HAS recommande en premier lieu une écoute attentive du patient et une évaluation de leur retentissement sur les activités du quotidien. Un test cognitif de débrouillage (questionnaire de plainte mnésique, ou de plainte cognitive) peut être proposé à ceux qui estiment que ces troubles ont un retentissement important. « Un bilan neuropsychologique complet, avec des tests standardisés et étalonnés, est indiqué si les troubles cognitifs sont installés ou s’aggravent », ajoute la HAS. Si besoin, des examens supplémentaires (IRM cérébrale, enregistrement du sommeil…) peuvent être prescrits aux patients.
Un parcours centré sur la rééducation
À l’issue de ce parcours, « Si un dysfonctionnement cognitif est objectivé, la rééducation cognitive peut améliorer ces troubles et diminuer la gêne dans la vie quotidienne et professionnelle. Elle permet aussi d’accompagner les patients à une reprise professionnelle. Un suivi au long cours peut être nécessaire, ainsi qu’un bilan de réévaluation pour juger de l’évolution. » Celle-ci peut passer par des exercices d’auto-rééducation ou par une prise en charge plus spécifique (par un orthophoniste par exemple). « La rééducation pour les patients ayant des symptômes prolongés de la Covid-19 s’oriente davantage vers une « éducation », en apprenant aux patients à développer des stratégies cérébrales d'épargne et de compensation et à gérer leurs efforts cognitifs afin d’éviter les rechutes », conclut la HAS.
SANTÉ PUBLIQUE
Préserver le cœur des femmes : le rôle des infirmiers en prévention
ÉCOLE
Education à la santé sexuelle : les infirmières scolaires sous haute pression
HOSPITALISATION
L’infirmier "bed manager" au cœur de la gestion des lits
IDEL
Vidéo - "Avec un enfant, il faut savoir être enveloppant"