La crise sanitaire aura fait sauter les digues. En mars 2021, après des semaines d’atermoiements, le gouvernement avait autorisé les infirmiers à vacciner contre le Covid-19. Ces professionnels de santé, auxquels s'ajoutent sage-femmes et pharmaciens, ont "largement contribué à la montée en puissance de la campagne de vaccination sans précédent contre le SARS-CoV-2"
et ont démontré l’intérêt de cet élargissement des compétences vaccinales, reconnaît la Haute Autorité de Santé (HAS) dans un communiqué rendu public vendredi 28 janvier. Elle note par ailleurs que ces trois professions avaient été auparavant intégrées dans d’autres campagnes de vaccination : chez les femmes enceintes et les nouveaux nés, pour les sage-femmes, et dans le cadre de la vaccination contre la grippe saisonnière pour les infirmiers et pharmaciens. "Ces expériences ont également montré que l’implication de ces différents professionnels de santé avait un impact positif sur la couverture et la sécurité vaccinale."
C’est pourquoi l’institution s’est prononcée pour appliquer cette extension à d’autres vaccins.
Une extension sous conditions
Ces trois professions seront désormais autorisées "à prescrire et administrer les vaccins non vivants inscrits au calendrier vaccinal pour les personnes âgées de 16 ans et plus"
, précise-t-elle. Sont ainsi concernés les vaccins DTP (diphtérie-tétanos-coqueluche-polio), et contre les papillomavirus humains, pneumocoques, hépatites A et B, méningocoques et la grippe. Ne sont en revanche pas inclus les vaccins contre le méningocoque B et la rage, "dont les indications sont rares chez l’adulte"
. De même, ces professionnels ne seront pas autorisés à vacciner les personnes immunodéprimées, dont "les schémas vaccinaux peuvent être spécifiques et complexes"
, et les enfants et adolescents de moins de 16 ans, qui feront "l’objet d’un second travail spécifique"
. Cette extension s’assortit toutefois de deux conditions. D’une part, les professionnels devront avoir reçu "une formation adaptée"
à l’administration de ces vaccins. Et d’autre part, elle impose "un renforcement de la traçabilité de la vaccination"
. L’avis de la HAS répond également à une nécessité de renforcer la promotion de la santé, dans une démarche de prévention globale, en facilitant l’élargissement de la couverture vaccinale.
Une reconnaissance jugée tardive
"Il était temps, car la France est lanterne rouge, les autres pays du monde plaçant les infirmières en première ligne pour la vaccination de la population"
, a réagi dans la foulée le Syndicat National des Professionnels Infirmiers (SNPI) dans un communiqué. Pour autant, l’organisation dénonce une extension qui arrive tardivement et enjoint les pouvoirs publics à s’emparer du sujet. "Nous espérons qu’avec ce positionnement de la HAS, le gouvernement va enfin reconnaitre nos compétences"
, a-t-il indiqué, précisant que la profession infirmière, présente dans tous les secteurs et au plus près de la population, est la "plus à même de conseiller, informer, éduquer sur la vaccination, aussi bien que d’administrer les vaccins."
Et de dénoncer par ailleurs la non inclusion dans l’avis de la HAS des vaccins ROR (rougeole, oreillons, rubéole) et BCG (tuberculose) alors que "dans le monde des milliards de personnes ont déjà été vaccinées par des infirmières autonomes"
.
En revanche, du côté de l'Ordre National des Infirmiers (ONI), la satisfaction est plus franche. "L’extension des compétences vaccinales des infirmiers est portée de longue date par l’Ordre national des infirmiers"
, a-t-il ainsi relevé dans un communiqué, rappelant le rôle majeur des infirmiers dans la vaccination contre le Covid-19 mais aussi dans le cadre des campagnes vaccinales contre la grippe saisonnière. "L’extension des compétences vaccinales des infirmiers répond à un enjeu prioritaire de prévention, d’autant que l’on constate d’importants retards dans le calendrier vaccinal depuis le début de la crise sanitaire"
, s'est exprimé Patrick Chamboredon, le Président de l'Ordre. "Enfin, c’est la reconnaissance d’une compétence infirmière déjà largement reconnue à l’étranger."
Les pouvoirs publics doivent encore donner leur accord à cette extension. Auquel cas, il faudra néanmoins attendre plusieurs mois avant qu’une réforme n’entre en vigueur, notamment car chaque profession aura à négocier les détails et les tarifs de ces nouveaux actes avec l’Assurance maladie.
La Rédaction Infirmiers.com
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