Indignation chez les agents hospitaliers. « Mauvaise foi », « déni », « satisfecit béat »…, leurs représentants ne mâchent pas leurs mots pour qualifier l’attitude de François Valletoux, le ministre démissionnaire de la Santé. La cible ici : ses propos, tenus dans un entretien avec Ouest France, sur l’état des urgences durant la période estivale. Il y estimait ainsi à une « cinquantaine » le nombre d’hôpitaux où ces services étaient en tension, et jugeait la situation un peu meilleure qu’en 2023.
Une dégradation "généralisée" sur le territoire
De quoi provoquer un tollé chez les professionnels de santé qui exercent à l’hôpital public. « Peut-être monsieur le ministre est-il encore sous l'effet euphorisant de l'ambiance des Jeux Olympiques », ironise la coalition Action praticiens hôpital (APH, qui réunis 14 syndicats de praticiens) dans un communiqué, lui décernant la « médaille d'or de la mauvaise foi ». La dégradation du système de santé se poursuit, et elle est générale, poursuit-elle, citant « des lignes de Smur (Service mobile d'urgence et de réanimation) fermées, avec des retards de prise en charge pour des urgences vitales », de même que des fermetures de lits. La situation est devenue « endémique sauf sur un site : celui de la clinique des Jeux Olympiques », s’agace-t-elle. Et il ne s’agit plus d’une simple dégradation, mais bien d’un véritable effondrement dont les soignants sur le terrain sont témoins, alerte-t-elle.
Marc Noizet, le président de Samu-Urgences de France (SUDF), a de son côté contesté le chiffre avancé par le ministère de la Santé, le jugeant « largement sous-estimé » dans une interview du Libération. Il y dénonce notamment une « communication ministérielle destinée à rassurer l’opinion », déjà mise en place par Aurélien Rousseau, le prédécesseur de Frédéric Valletoux, l’année précédente. Durant l’été 2023, un service sur deux avait été contraint de fermer au moins une ligne d’urgence, et 70% des Smur avaient fonctionné en mode dégradé, rappelle-t-il. « La situation n’a pas été meilleure cet été », avec, aux côtés des petits établissements, une liste de CHU qui ont également été affectés par des tensions : au Havre, à Caen, à Bordeaux ou encore à Grenoble. Les soignants du CHU de Brest ont même érigé « un mur de la honte » pour mettre en lumière « les temps d’attente interminables » que doivent endurer les patients avant d’être pris en charge par les urgences. « Les difficultés sont généralisées et plus importantes que jamais », assure Marc Noizet. SUDF publiera mi-septembre son enquête annuelle pour dénombrer ces fermetures estivales.
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