Il faut « un vrai plan Marshall » pour l’hôpital, réclame le Syndicat national professionnel des infirmiers (SNPI). Dans un communiqué, il s’alarme de la situation de plus en plus critique des établissements : fermeture des services d’urgences le soir et/ou le week-end, patients laissés sans soin « pendant des heures », professionnels de santé « à bout de souffle »… Faute de moyens et de personnels, de nombreuses structures sont contraintes de réduire leurs heures d’ouverture, restreignant d’autant plus l’accès aux soins des populations, notamment dans les services d'urgences.
En Normandie, trois établissements (l'hôpital de Fécamp, et les hôpitaux privés de l’Estuaire et des Ormeaux au Havre) ont dû à plusieurs reprise fermer leurs services d’urgences, dont tous le même jour, induisant des reports de patients sur les services du Groupe hospitalier du Havre, lui-même sous tension. À Landerneau, en Bretagne, les urgences ont suspendu leur activité du mercredi 31 juillet au lundi 5 août, en raison des arrêts de travail cumulés de 9 de leurs professionnels paramédicaux, rapporte de son côté la Coordination Nationale des comités de défense des hôpitaux et maternités de proximité. Accueil et réorientation des patients devaient être assurés par un binôme médecin et infirmier. Une semaine plus tôt, ce sont les urgences de Chinon qui avaient dû fermer, entre le vendredi 26 juillet 16h30 et le samedi 27, 9h30, en raison du manque de personnel.
Une accumulation de problèmes structurels
Or la situation aux urgences n'est que « la partie visible de l'iceberg ». « Nous ne pouvons plus répondre aux besoins de la population dans de bonnes conditions », déplore Thierry Amouroux, le porte-parole du SNPI. Le syndicat accuse les plans d’économies successifs décidés par les différents gouvernements d’être responsables des réductions d’effectifs et donc de la surcharge de travail qui pèse sur ceux qui restent. Il cible notamment des ratios patients/soignants trop élevés – les normes internationales fixent à 6 ou 8 le nombre de patients par infirmier, il équivaut au double en France, avance-t-il – ainsi qu’une pénurie de personnel couplée à des difficultés bien installées à recruter. En juillet, une enquête de la Drees sur la situation des établissements publics relevait que leur population infirmière avait diminué en 2022.
4 axes pour soutenir l'hôpital
Pour remédier à la situation, le SNPI réclame la mise en place d’un « plan d’envergure », qui reprendrait un certain nombre de mesures jugées urgentes :
- L’amélioration des ratios entre infirmiers et patients pour « garantir une prise en charge digne et sécurisée » en rééquilibrant la charge de travail entre les professionnels.
- Une nouvelle augmentation des salaires, les dernières revalorisations étant encore estimées insuffisantes. « Une revalorisation significative des salaires est cruciale pour attirer de nouveaux talents et fidéliser ceux qui sont encore en poste », martèle le syndicat, qui rappelle à toutes fins utiles que les salaires des infirmiers français demeurent inférieurs à la moyenne européenne.
- Une amélioration des conditions de travail, qui reposerait notamment sur une refonte de l’environnement de travail pour limiter les rappels sur repos, les congés fractionnés ou encore les déplacements dans d’autres services, et sur la mise en place de dispositifs de soutien psychologique pour éviter le burn-out.
- Le recrutement massif d’infirmiers. « Aujourd’hui, il y a déjà 60.000 postes infirmiers vacants et 10 % des soignants sont en arrêt maladie », décompte-t-il en conclusion.
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