«En 2023, 123 enfants de moins de 15 ans s'étant présentés aux urgences du CHU de Nantes pour des idées suicidaires ou une tentative de suicide, n'ont pu être hospitalisés et ont dû retourner sans soins à leur domicile, alors même que la pédopsychiatre qui les avait évalués énonçait une indication formelle d'hospitalisation», indiquent les deux députées, auteures d'un rapport parlementaire publié mercredi 11 décembre, après avoir été voté à l'unanimité par la commission des Affaires sociales. «Le gouvernement doit mettre un terme à la fermeture de lits d'hospitalisation à temps complet dans le secteur public, et engager une politique volontariste de ré-ouverture dans certains territoires», écrivent les deux députées.
Obligations de permanence des soins pour le privé
Selon elles, «le système de soins psychiatrique français a connu une perte nette de 7 000 places de temps complet» entre 2008 et 2022, où il restait 58 568 places. Mais cette évolution à la baisse ne concerne que le secteur public et le secteur privé non lucratif, qui ont perdu ensemble 10 383 places. Le secteur privé à l'inverse a connu une croissance de 3 664 places sur la période, et gère aujourd'hui 26% des lits d'hospitalisation complète, notent les rapporteures. Selon elles, l'activité de psychiatrie est en effet particulièrement rentable pour les cliniques privées, en comparaison des autres activités. Face à cette montée en puissance des établissements privés, les deux rapporteures demandent qu'ils soient astreints à des obligations en terme de permanence des soins (gardes en nuit, weekend et jours fériés).
Situation "sinistrée" de la pédopsychiatrie
Elles réclament également l'instauration d'un «quota de lits de service public» dans les établissements privés, «destinés à l'accueil des patients requérant une hospitalisation à l'issue de leur passages aux urgences». L'engorgement des services d'urgence des hôpitaux publics par des malades relevant de la psychiatrie est en effet l'un des gros points noirs relevé par les deux rapporteures. «Les contraintes de l'ensemble du secteur convergent vers les services d’urgences qui (...) ne sont pas toujours équipés pour gérer les crises psychiques (...) Ainsi se banalise à tous les niveaux un fonctionnement en mode dégradé qui (...) pèse largement sur le secteur public», écrivent-elles.
D'une manière générale, les carences du système de santé en matière psychiatrique entrainent des «phénomènes d'éviction» des soins, pointent les deux députées, qui relèvent en particulier la situation «sinistrée» de la pédopsychiatrie.
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