Hôpital : des établissements en déficit et des effectifs infirmiers en diminution

Nombre de lits, situation financière des établissements, activités d’hospitalisation, effectifs salariés…, comme chaque année, la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) publie son état des lieux relatifs aux établissements sanitaires, du public comme du privé. Cette édition 2024 analyse ainsi les données de 2022, qu’elle présente sous la forme de 28 fiches thématiques, avec plusieurs focus, notamment sur les maternités, les soins critiques ou de suite et de réadaptation.

12,9 millions de patients ont ainsi été hospitalisés une ou plusieurs fois en 2022 dans les 2 976 hôpitaux et cliniques, pour une capacité d’accueil de 374 300 lits d’hospitalisation complète et de 85 000 places d’hospitalisation partielle (sans nuitée). Si, dans le contexte du virage ambulatoire, celles-ci continuent d’augmenter (+3,1% en 2022), les premières, elles, diminuent depuis près de 20 ans. « En court séjour (MCO), la baisse du nombre de lits en mesure d’accueillir des malades s’est effectuée à un rythme assez régulier, passant de 236 400 fin 2003 à 190 300 fin 2022 (-46 100 lits) », précise ainsi la Drees, qui met en avant des innovations en matière de technologies médicales et de traitements favorisant une prise en charge sécurisée à domicile. Résultat, l’activité d’hospitalisation partielle a progressé de 6,5% en 2022 et « dépasse de 2,0 % son niveau antérieur à la crise sanitaire liée à l’épidémie de Covid-19 », tandis que l’activité liée aux séjours en hospitalisation complète accuse une diminution de 0,9% et demeure inférieure de 10,4% à son niveau d’avant crise. Parallèlement, le recul du nombre de lits en état d’accueillir des patients s’accentue : - 6 700 lits en 2022, soit – 1,8%, un chiffre qu’elle avançait déjà en décembre dernier.

Diminution des effectifs infirmiers

Côté effectifs, la Drees note une stagnation après deux années d’augmentation en 2020 et 2021, à 2,3% au-dessus de leur niveau d’avant crise Covid. Avec une nuance toutefois : si les effectifs des médecins, sages-femmes, pharmaciens et internes du secteur public demeurent dynamiques, « les effectifs de personnel soignant non médical (infirmier, aide-soignant et autres personnels soignants) sont de nouveau en léger recul ». Là encore, la Drees notait début juillet dans une étude que la démographie infirmière, bien qu’en augmentation, demeurait insuffisante face aux besoins des territoires. Les effectifs des soignants non-médicaux salariés, privé et public confondu, s’élevaient ainsi à 641 221 en 2022, contre 649 823 en 2021 ; la population infirmière perd ainsi près de 2 700 professionnels entre 2021 et 2022.

Une situation financière des établissements qui se dégrade

Enfin, sur le plan économique, « la situation financière des hôpitaux publics se dégrade fortement avec un déficit de 1,3 milliard d’euros », observe la Drees. Un déficit qui pourrait se creuser et doubler d’ici fi 2024. « La dégradation de la situation financière des hôpitaux publics en 2022 concerne toutes les catégories d’établissements et près des deux tiers des établissements sont déficitaires (65 % d’entre eux, après 52 % en 2021 et 42 % en 2020), soit une proportion supérieure à celle précédant la crise sanitaire (58 % en 2019) et même inédite depuis 2005 », ajoute-t-elle. En revanche, le secteur privé à but lucratif demeure bénéficiaire « avec un résultat net de 627 millions d’euros », avec toutefois des disparités. La part de cliniques déficitaires augmente, passant de 21% en 2021 à 24% en 2022.

Consulter l'étude Les établissements de santé en 2022 - Édition 2024 de la Drees