L’annonce avait mis le feu aux poudres à la fin du mois d’octobre : selon Union des syndicats de pharmaciens d'officine, les pharmaciens sont désormais autorisés à vacciner en-dehors de leur officine. L’information avait aussitôt suscité un tollé chez les syndicats d’infirmiers libéraux, notamment au sein de la Fédération nationale des infirmiers (FNI), qui y ont vu une porte grande ouverte à la concurrence des pharmaciens. Depuis, celle-ci s’est « entretenue avec le cabinet du ministre de la Santé et de la Prévention et a demandé la tenue d’une réunion avec l’ensemble des syndicats pour clarifier les intentions du Gouvernement », fait-elle savoir dans un communiqué daté du vendredi 17 novembre. En attendant, elle a décidé de « prendre le pouls » directement le terrain en interrogeant les IDEL sur leurs relations avec les pharmaciens. Et finalement, celles-ci demeureraient plutôt cordiales.
« Au niveau local, la coopération entre les deux professions reste de mise et le ressenti est largement positif », note-t-elle. En effet, selon les chiffres de son enquête*, les relations avec les pharmaciens sont jugées « simples et faciles » par près de 45% des IDEL, même si 47,3% livrent un diagnostic plus nuancé en les qualifiant de « pas toujours évidentes ». Seuls 7,8% des IDEL indiquent qu’elles sont « difficiles » voire « conflictuelles ».
Sur la vaccination, des inquiétudes qui demeurent
Côté vaccination, soit le sujet actuel de discorde, près de la moitié des IDEL témoignent que les doses de vaccins sont mises à disposition en temps voulu par les pharmaciens, contre 45,6% qui déplorent des retards (non systématiques). Pour ce qui est de la vaccination antigrippale, la situation est toutefois un peu moins favorable : selon les répondants, seuls 11,8% des patients qui la sollicitent auprès des IDEL sont renvoyés à eux pour la recevoir après la délivrance de la dose en pharmacie. « 70,1% reçoivent la dose "parfois à l'officine" et 18,1% sont systématiquement vaccinés à l’officine », précise la FNI. « Pour près de 9 IDEL sur 10, ce glissement de patientèle en demande de vaccination vers les officines pourrait être limité, et la vaccination à domicile facilitée, si les infirmières disposaient d’un stock de vaccins directement dans leur cabinet », ajoute-t-elle.
Côté patient enfin, si 58% des Français pensent que le système de santé fonctionne mal, ils ont une opinion hautement positive des professionnels eux-mêmes : à 95% pour les infirmiers et à 90% pour les pharmaciens, rappelle-t-elle. « Si ces deux professions se faisaient vraiment la guerre sur le terrain les patients n’auraient certainement pas une opinion si positive de leurs professionnels de santé. » Se réjouissant d’une enquête dont les conclusions sont « rassurante[s] » et démontrent que l’interprofessionnalité, sur le terrain, est toujours de mise, la FNI entend demeurer vigilante sur la question de la vaccination à domicile par les pharmaciens, « qui reste à éclaircir ».
*Qui a mobilisé 1 964 infirmiers libéraux entre les 2 et 9 novembre.
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