IFSI Victoria Desjardins , a l’effet d’une bombe, l’exercice était quasi parfait…
L’hôpital Saint Joseph de Marseille a déclenché les procédures d’application du plan blanc, les étudiants de l’IFSI ont joué un rôle convainquant aux côtés des médecins et soignants de l’hôpital.
« Nous avons voulu simuler un exercice a dimension humaine pour tester nos circuits et nos éventuels encombrements aux urgences, blocs, radio… nous explique le docteur Eric Lindermeyer, réanimateur à l’hôpital, l’effet de volume attendu a pu porter ses fruits grâce à l’efficacité des étudiants de l’IFSI ».
Simulant un accident, les formateurs et les étudiants infirmiers d’un IFSI Marseillais, racontent leur expérience. Un exercice grandeur nature dans l’enceinte de l’hôpital Saint Joseph. Une idée qui devrait convaincre plus d’un lecteur.
Photo 1 – Une organisation sans faille
Le plan blanc, qu’est ce que c’est ?
Sur le plan législatif
C’est la loi du 9 août 2004 relative à la politique de santé publique: art L3110-7 à 9 du code de santé publique, le décret d’application du 30 décembre 2005 et la circulaire DHOS/HFD n°2002/284 du 3 mai 2002 concernant l’organisation du système hospitalier en cas d’afflux de victimes qui énoncent les conditions de prise en charge des victimes par les établissements de santé, les établissements médico sociaux ainsi que par les professionnels de santé.
Mais bien avant ces dates, des circulaires étaient venues encadrer le dispositif, il s’agit :
- de la circulaire n° 700/SGDN/PSE/PPS du 26 avril 2002 relative à la doctrine nationale d’emploi des moyens de secours et de soins face à une action terroriste mettant en œuvre des matières chimiques ;
- de la circulaire DHOS/HFD/DGSNR n°277 du 2 mai 2002 relative à l’organisation des soins médicaux en cas d’accident nucléaire ou radiologique.
Concrètement
Le plan blanc d'établissement est un dispositif de situation de crise dont chaque établissement de santé est doté afin qu’il puisse à tout moment et sans délais mobiliser des moyens de toute nature dont il dispose lors d'afflux massif de victimes ou pour faire face à une situation sanitaire exceptionnelle.
A titre d’exemple, ce dispositif d’urgence, définit entre autres, les modalités de son déclenchement et de sa levée, les modalités d'accueil et d'orientation des victimes, les modalités de formation et d'entrainement à la mise en œuvre du plan…
De plus, le plan blanc est doté de mesures additionnelles, il s’agit du plan blanc élargi qui désigne le dispositif de réquisition de biens et services dont les préfets disposent en cas d'afflux massif de patients ou victimes ou lorsque la situation sanitaire le justifie.
Le plan blanc élargi recense à l'échelon du département les ressources humaines pouvant être mobilisées, lors de crise sanitaire. Enfin, ces deux dispositifs sont les outils indispensables en termes d'organisation du système de santé lors de menace sanitaire grave.
Source : Ministère de la santé
Une valeur ajoutée pour l’hôpital
Le déroulement de l’exercice a permis à l’hôpital Saint Joseph de montrer son savoir faire et, de tester les procédures à activer lors du déclenchement du blanc plan.
Opération menée « tambour battant » nous dit le docteur Eric Lindermeyer, réanimateur. L’effet escompté a pu en partie être démontré ; le débriefing sur l’opération reste à analyser dans le détail.
Des étudiants et des formateurs investis
C’est en ce début d’été 2007 que les étudiants infirmiers et l’équipe pédagogique de l’IFSI Victoria Desjardins, hôpital Saint Joseph de Marseille ont pu tester les effets attendus et inattendus du plan blanc.
Deux objectifs sous tendaient l’opération, d’une part, mesurer l’efficacité de la gestion des flux pour l’hôpital Saint Joseph, et procéder à un exercice pédagogique grandeur nature pour les étudiants et les formateurs.
« C’était un savant calcul de dose » confie Anne Françoise, formatrice à l’IFSI.
La combinaison des éléments a donné du sens à notre projet et, de plus, nous avons pu noter une forte motivation de la part des étudiants ; c’est vraiment ce qui compte pour nous.»
Photo 2 – Les dernières recommandations par Régine Martin - directrice
« Nous avons joué le jeu jusqu’au bout » a déclaré Régine Martin, directrice de l’IFSI.
L’exercice n’était pas simple, nous n’avons informé les étudiants de cette activité que 90 minutes auparavant, nous avons fait dans l’immédiateté. Sur le plan pédagogique, c’est un plus sans précédent, tout le monde s’est prêté à l’opération.
Un vécu, mais aussi un transfert
« Nous étions accompagnatrices nous confient Nadège et Marion » étudiantes de seconde année. Dès l’instant où nous avons été informées de l’opération nous sommes rentrées « à fond » dans l’action.
Pour nous, c’est un plus dans l’organisation du système de santé avec une participation supplémentaire dans la vie de l’hôpital, nous avons vraiment cru à ce qui s’est passé.
Même si tout le monde savait qu’il n’y avait pas de victimes réelles, certains se sont mis dans la peau des blessés. Une étudiante pleurait car elle avait l’impression de vivre la situation en temps réel.
L’impression d’être utile
« Tous les étudiants ont pris leur rôle très au sérieux » nous informe Nadège qui se trouve autour de la table de réunion. Il y avait de quoi, car, au-delà de l’aspect pédagogique, il y a les effets de la fiction qui nous renvoient à une réalité qui pourrait nous mettre sur le pied de guerre.
Dans les toutes premières minutes, les gens n’y croyaient pas, mais ils ont vite réagi, se sentant responsables d’une mission qui, en somme leur avait été confiée pour tester un système qui doit sans cesse être disponible.
Photo 3 – Dans l’action
Une organisation
Tout était bien imaginé, pensé, les délais respectés ; nous avons débuté l’opération à 13 heures 45 et nous l’avons terminé à 16 heures, je me suis sentie en sécurité, je savais ce que je devais faire, malgré l’information rapide, mais concise transmise par l’équipe pédagogique. « Une vraie mise en scène déclare Leila », étudiante à l’IFSI.
Nous ne l’avions pas envisagé
L’aspect pédagogique des opérations vécues s’apparente à quelque chose de peu commun et dont les conséquences pour certains d’entre nous ont été parfois difficiles à gérer.
En effet, selon Benoit étudiant de troisième année, certains d’entre nous sont « morts trop rapidement », rendant ainsi l’exercice frustrant. Pansés, perfusés, nous avons participé activement aux situations d’urgence dit Marion, qui s’est vue remettre un certificat de décès non identifié ; c’est quand même pas anodin de se retrouver dans la « peau d’un mort ».
Cette expérience, nous a mis face à nos responsabilités et surtout, nous a permis de mesurer le pouvoir des soignants, indépendamment de la situation d’urgence.
Des rôles très diversifiés
Il a fallu simuler l’ensemble de l’opération ainsi que son organisation, cela allait de la presse, en passant par les VIP, les enfants, le tout dans une ambiance de catastrophe.
C’était plutôt stressant nous renseigne Cécile, qui n’aurait jamais pensé que son rôle la fasse autant paniquer, « j’ai été surprise de rentrer dans le jeu à ce point, cela m’a permis d’être critique ».
Photo 4 – Evacuation
Quelles leçons peut-on tirer ?
Sans conteste, cette expérience est un plus dans le parcours pédagogique des étudiants et un test pour l’ensemble de l’hôpital, c’est toujours intéressant de regarder le reflet d’une institution au travers d’un exercice qui dure à peine plus de deux heures, les critiques vont bon train.
Et il est intéressant d’écouter et d’entendre, ce qui s’est dit autour d’une table, à distance de l’exercice.
Le plus intéressant, c’est d’avoir pu se rendre compte, qu’une situation de crise sanitaire, c’est aussi une réaction en chaine, une action en soulève une autre et ainsi de suite, telle est la conclusion de Benoit.
Le plus !
C’est tout d’abord la démonstration que les étudiants ont pu s’adapter à une situation nouvelle, stressante et qui n’est pas anodine, ensuite, pour l’équipe pédagogique c’est l’occasion de diversifier et expérimenter des situations qui sont des valeurs ajoutées dans le parcours de formation.
C’est également l’occasion de pouvoir utiliser cette expérience comme moyen et méthode lors de l’apprentissage de situation de soins.
Et si vous deviez « rejouer »…
« Notre objectif serait identique » affirme des formatrices, nous affinons chaque fois une situation que nous avons à repenser. Même si notre organisation a été plus que satisfaisante, l’amélioration de la qualité reste notre cheval de bataille. Nous devons servir d’exemple, c’est une question fondamentale lorsqu’on est formateur.
Du côté de l’hôpital
Tous les acteurs se sont mobilisés autour d’une même activité et sans que cela puisse paraître trop artificiel. La mise en scène n’était pas théâtrale ; l’organisation quant à elle était à la hauteur de ce que l’on pouvait espérer, sans faute et sans connotation dissonante.
De plus, cet exercice grandeur nature nous a permis de travailler sous le regard des autres, quoi de plus formateur.
Pour nous, c’est tout un travail qui commence à partir de cette opération. Nous avons pris conscience que nous étions capables de réaliser une telle investigation, symbole et vecteur d’amélioration de la qualité de nos prestations, mais cependant la veille sanitaire reste de mise pour demeurer toujours plus performant et réactif face à ce type de situation.
Enfin, c’est dans un esprit de collaboration que nous avons développé cette activité avec l’Institut de formation, gage de qualité et de confiance.
Lucien Aubert Rédacteur Infirmiers.com
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