Le programme de formation actuellement en vigueur est en place depuis 1992, soit 17 ans de bons et loyaux services. 17 ans, c’est l’âge des candidats les plus jeunes, qui passent actuellement le concours, pour la rentrée de septembre 2009, et la mise en place du nouveau programme de formation.
Article réalisé à partir du texte de présentation du nouveau programme, document DHOS, version du 23 mars 2009. En italiques les extraits de ce texte.
Les schémas sont interactifs ! Ils ont été réalisé par Médiformation, le site e-learning santé
Saluons ici le travail de l’ensemble des participants aux groupes de travail qui, sous l’égide de la DHOS, ont construit le nouveau référentiel de formation infirmière.
Cet article présente les grandes lignes du nouveau programme. A ce jour les textes réglementaires ne sont pas publiés. Des modifications sont encore possibles et rien n’est officiellement décidé et mis en place.
Avant toute critique, il conviendra de mesurer les innovations pédagogiques et les points forts de ce programme de formation.
Cet article répondra à la plupart des questions posées via le forum d’infirmiers.com sur cette réforme majeure pour la profession. Mais, il ne saurait être un résumé parfait d’un programme aussi riche.
Rappels : deux points nécessitant la mise en œuvre d’un nouveau programme :
- mise en adéquation des compétences infirmières et de la demande de soins de la population ;
- nécessité de présenter les diplômes, sous forme de référentiels d’activités, de compétences et de formation (directives européennes).
(cf. : interview de Mesdames CATEAU et COUDRAY, conseillères pédagogiques nationales )
Le référentiel de compétences
Ce référentiel a été construit progressivement pendant plus de deux ans par les groupes de travail, qui ont commencé par établir un référentiel d’activités, grande première pour la profession. A partir de ce référentiel d’activités un référentiel de compétences a été défini. Les dix compétences sont précisées avec les critères d’évaluation et leurs indicateurs.
Schéma référentiel de compétences
Référentiel de formation : les points clés.
Mise en œuvre
La publication d’un nouvel arrêté installera officiellement le nouveau programme en remplacement du programme de 1992.
Finalités de la formation
La formation vise à :
- répondre aux besoins de santé ;
- professionnaliser le parcours des étudiants (construction progressive de ses compétences) ;
- l’autonomisation, la responsabilisation et la réflexivité de l’étudiant (analyse des situations et mise en œuvre d’interventions adaptées) ;
- la mise en place d’un portfolio de l’étudiant ;
- développer une éthique professionnelle.
« Exercés au raisonnement clinique et à la réflexion critique, les professionnels ainsi formés seront compétents, capables d’intégrer plus rapidement de nouveaux savoirs et sauront s’adapter à des situations variées. »
Principes pédagogiques
« Le référentiel de formation doit permettre l’acquisition des compétences infirmières. »
Trois niveaux d’apprentissage sont mis en œuvre :
- « comprendre », l’étudiant acquiert les savoirs et savoir-faire nécessaires à la compréhension des situations ;
- « agir », l’étudiant mobilise les savoirs et acquiert la capacité d’agir et d’évaluer son action ;
- « transférer », l’étudiant conceptualise et acquiert la capacité de transposer ses acquis dans des situations nouvelles. »
Portfolio
Un portfolio trace la progression de l’étudiant tout au long de sa formation.
Schéma portfolio
Modes pédagogiques et posture réflexive
L’étudiant construit ses savoirs et le formateur aide à faire les liens nécessaires.
« L’entraînement réflexif est une exigence de la formation permettant aux étudiants de comprendre la liaison entre savoirs et actions, et donc d’intégrer les savoirs dans une logique de construction de la compétence. Il consiste non seulement à réaliser des travaux cliniques ou pratiques, mais surtout à revenir sur les acquis, les processus et les stratégies utilisées pour en dégager les principes transposables. »
Temps de formation
Les rentrées scolaires sont fixées au 1er lundi des mois de septembre et de février de chaque année.
La durée de formation est de 3 ans (6 semestres de 20 semaines, 4200 heures sur la base de 35 heures par semaine).
Répartition :
- formation théorique : 2100 heures (cours magistraux 750h (obligatoires suivant le projet pédagogique), travaux dirigés 1050h (obligatoires) et travail personnel guidé 300h) ;
- formation clinique (obligatoire) : 2100 heures.
« Le travail personnel complémentaire estimé pour chaque étudiant est d’environ 900 heures, soit 300 heures par an. »
La formation est toujours une formation en alternance : IIFSI / Terrains de stage.
Schéma récapitulatif horaires
Crédits européens
« Le diplôme sanctionne un niveau validé par l’obtention de 180 crédits européens. Les enseignements sont organisés en semestre de 30 crédits européens »
« Ce programme a été établi selon les indications des accords de Bologne, et donne lieu à l’attribution des crédits selon le système européen de transferts de crédits « European crédits transfert system » (ECTS). Les principes qui président à l’affectation des crédits sont de 30 crédits par semestre de formation. »
La répartition des crédits est la suivante :
- enseignements en institut de formation : 120 ECTS ;
- sciences contributives au métier infirmier : 42 ECTS ;
- sciences et techniques infirmières : 64 ECTS ;
- unités d’enseignement transversales : 14 ECTS ;
- enseignement clinique en 7 stages : 60 ECTS.
Contenus théoriques
Les contenus théoriques sont répartis dans des unités d’enseignement.
« Le référentiel de formation propose des unités d’enseignement (UE) de quatre types :
- des unités d’enseignement dont les savoirs sont dits « contributifs » aux savoirs infirmiers ;
- des unités d’enseignement de savoirs plus spécifiquement infirmiers ;
- des unités d’intégration des différents savoirs et leur mobilisation en situation ;
- des unités de méthodologie et de savoirs transversaux. »
Schéma contenus de formation
« Les enseignements sont réalisés sous la forme de cours magistraux, travaux dirigés, travaux personnels (rédaction de mémoire, travaux guidés ou en autonomie…) et stages. »
« Les travaux personnels guidés (TP) sont des temps de travail où les étudiants effectuent eux-mêmes certaines recherches ou études, préparent des exposés, des écrits, des projets ou autres travaux demandés par les formateurs, ou encore rencontrent leur formateur ou bénéficient d’entretiens de suivi pédagogique. Ces temps individuels sont guidés par les formateurs qui vérifient si les étudiants sont en capacité d’utiliser ces temps en autonomie ou ont besoin d’un encadrement de proximité. »
« Des situations professionnelles apprenantes sont choisies avec des professionnels en activités Ces situations sont utilisées comme moyens pédagogiques, elles sont analysées avec l’aide de professionnels expérimentés. Les étudiants construisent leurs savoirs à partir de l’étude de ces situations en s’appuyant sur la littérature professionnelle et grâce aux interactions entre leur savoir acquis et celui des condisciples, enseignants, équipes de travail. Ils apprennent à confronter leurs connaissances et leurs idées et travaillent sur la recherche de sens dans leurs actions. L’auto analyse est favorisée dans une logique de « contextualisation et décontextualisation » et devient un mode d’acquisition de connaissance et de compétences. »
Unités d’enseignement et compétences
Les unités d’enseignement sont liées entre elles et contribuent à l’acquisition des compétences.
« Le référentiel de formation du diplôme d’État d’infirmier est ainsi constitué de 36 matières de formation réparties dans 59 unités d’enseignement, pour que leur contenu soit enseigné tout au long des trois années de formation. »
Schéma contenus par compétences
Programme de formation
Les différents enseignements s’organisent tout au long des 6 semestres.
Schéma organisation de la formation
Référentiel de formation : les stages
Généralités
« L’enseignement clinique des infirmiers est défini comme suit dans la directive européenne 2005-36 :
« L'enseignement clinique se définit comme étant le volet de la formation d'infirmier par lequel le candidat infirmier apprend, au sein d'une équipe, en contact direct avec un individu sain ou malade et/ou une collectivité, à organiser, dispenser et évaluer les soins infirmiers globaux requis à partir des connaissances et compétences acquises. »
Les temps de stage permettent l’intégration des connaissances développées précédemment ou l’acquisition de nouvelles connaissances. Le portfolio recueille tous les éléments d’analyse des activités menées lors des stages.
Objectifs
« Le stage doit permettre aux étudiants :
- d’acquérir des connaissances ;
- d’acquérir une posture réflexive, en questionnant la pratique avec l’aide des professionnels ;
- d’exercer son jugement et ses habiletés gestuelles ;
- de prendre des initiatives et des responsabilités progressivement ;
- de confronter ses idées, ses opinions, et ses manières de faire à celle de professionnels et d’autres étudiants ;
- de prendre la distance nécessaire et de canaliser ses émotions et ses inquiétudes ;
- de centrer son écoute sur la personne soignée et proposer des soins de qualité ;
- de mesurer ses acquisitions dans chacune des compétences. »
Encadrement
Si la direction des soins de l’établissement reste responsable de l’encadrement des stagiaires, l’étudiant infirmier bénéficie :
- d’un maître de stage : souvent le cadre de santé pour l’aspect accueil et suivi avec l’institut de formation ;
- d’un tuteur de stage pour la fonction pédagogique. Celui-ci est aguerri à l’encadrement et « connaît bien les référentiels métiers, compétences et formation des futurs professionnels qu’il encadre ». « Le tuteur évalue la progression des étudiants dans l’acquisition des compétences, après avoir demandé l’avis des professionnels qui ont travaillé en proximité avec l’étudiant. Il formalise cette progression sur le portfolio lors des entretiens avec l’étudiant en cours et à la fin du stage » ;
- d’un professionnel de proximité qui en accord avec le tuteur assure l’encadrement au quotidien.
- du formateur de l’Ifsi, référent de stage : en relation avec le maître de stage, il accède aux lieux de stage à sa demande, celle de l’étudiant ou celle du tuteur de stage. Il suit le parcours de l’étudiant.
Les types de stages
On distingue 4 types de stage :
- « soins de courte durée : l’étudiant s’adresse à des personnes atteintes de pathologies et hospitalisées dans des établissements publics ou privés.
- soins en santé mentale et en psychiatrie: l’étudiant s’adresse à des personnes hospitalisées ou non, suivies pour des problèmes de santé mentale ou de psychiatrie.
- soins de longue durée et soins de suite et de réadaptation : l’étudiant s’adresse à des personnes qui requièrent des soins continus dans le cadre d’un traitement ou d’une surveillance médicale, en établissement dans un but de réinsertion, ou une surveillance constante et des soins en hébergement.
- soins individuels ou collectifs sur des lieux de vie : l’étudiant s’adresse à des personnes ou des groupes qui se trouvent dans des lieux de vie (domicile, travail, école,…). »
« Le parcours de stage des étudiants comporte un stage minimum dans chacun des types de stage décrits ci-dessus. »
La répartition des stages est la suivante :
Schéma répartition des stages
« Pendant la durée des stages, les étudiants peuvent se rendre quelques jours sur d’autres lieux, rencontrer des personnes ressources ou visiter des sites professionnels. Ils peuvent ainsi suivre les parcours des personnes soignées. »
« Pendant la durée des stages, le formateur de l’IFSI référent du stage, organise, en lien avec l’équipe pédagogique, le tuteur et le maître de stage, soit sur les lieux de stage, soit en IFSI, des regroupements des étudiants d’un ou de quelques jours. Ces regroupements entre les étudiants, les formateurs et les professionnels permettent de réaliser des analyses de la pratique professionnelle. »
Les terrains de stage sont choisis en fonction des ressources offertes, d’une charte d’encadrement, de la présence d’un livret d’accueil et d’une convention de stage.
Évaluation des compétences en stage
« Le référentiel de formation est organisé pour mettre en relation les connaissances à acquérir et le développement des compétences requises. »
Le portfolio précise :
- objectifs de stage ;
- acquisitions en stage ;
- analyses de pratiques ;
- activités réalisées et compétences mises en œuvre ;
- un bilan, réalisé par le tuteur.
« L’acquisition des éléments de chaque compétence et des activités techniques est progressive, chaque étudiant peut avancer à son rythme. Une proposition de progression est inscrite sur le portfolio. Ainsi l’étudiant peut mesurer ses écarts en relation à un schéma de référence. »
Les mises en situations professionnelles (MSP) du programme de 1992 ne sont plus utilisées.
« Chaque semestre le formateur de l’IFSI responsable du suivi pédagogique de l’étudiant fait le bilan des acquisitions avec celui-ci. Il conseille l’étudiant et le guide pour la suite de son parcours. Il peut être amené à modifier le parcours de stage au vu des éléments contenus dans le portfolio. »
Schéma portfolio
« Les ECTS correspondant au stage sont attribuées dès lors que :
- l’étudiant a réalisé la totalité du stage, la présence sur chaque stage ne peut pas être inférieure à 80% du temps prévu, dans la limite de la franchise autorisée par la réglementation.
- l’étudiant a analysé des activités rencontrées en stage, il en a inscrit les éléments sur le portfolio,
- l’étudiant a travaillé à l’acquisition des compétences, 1/3 des éléments de compétences ont été acquis en première année, 2/3 en deuxième année, l’ensemble en troisième année,
- l’étudiant a validé 2/3 de la liste des actes, activités ou techniques de soins en fin de formation. »
« Le tuteur et/ou le maître de stage notent sur le portfolio de l’étudiant les acquisitions de celui-ci. Le formateur de l’IFSI, référent du suivi pédagogique de l’étudiant en prend connaissance et propose à la commission d’attribution des crédits de formation la validation du stage. »
Validation du parcours de formation
Le contrôle continu évalue les connaissances et les compétences acquises (contrôles de connaissances, travaux personnels ou en groupe, bilan de stage, exposé oral, …).
Chaque Unité d’Enseignement est validée par semestre selon des modalités transparentes pour les étudiants. L’obtention de la moyenne est requise pour acquérir une UE.
Un système de compensation entre certaines UE est possible sous réserve d’avoir une note d’au moins 9/20 (exemple : UE.1.1.S1 : Psychologie, sociologie, anthropologie et UE.1.3.S1 Législation, éthique, déontologie).
Une session de rattrapage est prévue si besoin.
« Le passage de première en deuxième année s’effectue par la validation des semestres 1 et 2, ou par la validation d’un semestre complet ou encore par la validation de 48 crédits sur 60 répartis sur les deux semestres de formation. »
Sont admis à redoubler les étudiants qui ont entre 30 et 47 crédits. En dessous de 30 crédits le conseil pédagogique peut cependant autoriser le redoublement.
« Le passage de deuxième année en troisième année s’effectue par la validation des semestres 3 et 4 ou par la validation de trois semestres sur 4, ou encore par la validation de 108 crédits sur 120 répartis sur les 4 semestres de formation. »
Sont admis à redoubler les étudiants qui ont entre 90 et 107 crédits au cours des 4 premiers semestres. En dessous de 90 crédits le conseil pédagogique peut cependant autoriser le redoublement.
« En fin de troisième année, les étudiants qui, en fin de parcours n’ont pas obtenu les 180 ECTS sont autorisés à s’inscrire pour valider les unités d’enseignements manquantes. Les modalités de leur reprise sont organisées par l’équipe pédagogique, le conseil pédagogique en est informé. »
« Lorsque l’étudiant fait le choix de se réorienter, un dispositif spécial de compensation lui permet d’obtenir à divers moments de son parcours un bilan global de ses résultats et sa validation correspondant en crédits européens. Le cas échéant, un dispositif de soutien est mis en place. »
Attribution des crédits
Une commission d’attribution des crédits de formation est placée sous la responsabilité du directeur de l’Ifsi.
« Chaque semestre le formateur responsable du suivi pédagogique propose à la commission d’attribution des crédits les résultats des étudiants afin que la commission se prononce sur l’attribution des crédits européens et sur la poursuite du parcours de l’étudiant. »
Délivrance du diplôme
« A la fin des trois années de formation, le jury se prononce au vu des résultats globaux (unités d’enseignement et compétences en stage) et délivre le diplôme d’État. »
Le diplôme d’État d’infirmier est obtenu après obtention des 180 ECTS prévues par le référentiel de formation.
Conclusion
Ce nouveau programme est un challenge pour l’ensemble de la profession infirmière. Les formateurs en Ifsi, les cadres et professionnels de terrain, sont complètement associés pour assurer la formation des infirmiers de demain.
Il n’est pas facile de changer un programme en place depuis 17 ans sans une certaine résistance.
Schéma présentation
On retrouve la plupart des enseignements théoriques du programme de 1992. Mais la posture réflexive, les analyses de pratiques, les travaux dirigés et l’approche par compétences changent les modalités de la formation. On note la mise en place du portfolio, précieux outil d’apprentissage. L’étudiant construit ses compétences tout au long de la formation.
Nous suivrons la mise en place de ce programme dans les Ifsi et les relations qui seront développées avec l’université dans le cadre du LMD.
Pour en savoir plus
LMD - Réforme des études en IFSI
CLÉMENT Jérôme Coordinateur pédagogique https://www.mediformation.com
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