Définition
La gastrectomie correspond à l’ablation d’une partie de l’estomac. Cette résection peut intéresser le 1/3, les 2/3 ou la totalité de cet organe. Les conséquences nutritionnelles sont dans tous les cas anatomiques et métaboliques :
Figure 1: gastrectomies Totale 2/3 et 1/3
Implications anatomiques et métaboliques (1)
- Diminution du volume de l’estomac : syndrome du « petit estomac » (désagréable sensation de distension gastrique postprandiale qui s’estompera)
- Perte plus ou moins prononcée des possibilités de brassage du bol alimentaire
- Diminution du tonus du sphincter de l’estomac avec un risque de reflux liée à la diminution de la sécrétion gastrique
- Risque de Dumping Syndrome : inondation du jéjunum par un bol alimentaire hypertonique (perte de connaissance liée à un hyperinsulinisme après sollicitation brutale du pancréas)
- Une carence vitaminique (B12 et acide folique, vitamine D) par diminution de la sécrétion du facteur intrinsèque
- Une malabsorption du fer et du calcium causée par l’hypochlorhydrie (voire l’achlorhydrie).
- Une accélération du transit.
En pratique : conduite à tenir
Une gastrectomie totale ou partielle implique une diététique simple nécessitant cependant quelques contraintes, en sachant que l’alimentation pourra être progressivement « élargie » suivant les tolérances digestives individuelles.
En priorité et dorénavant :
- Manger lentement, en mastiquant plus longtemps les aliments. Une surveillance régulière de l’état de la dentition s’impose.
- Fractionner l’alimentation : faire 5 à 6 repas de préférence d’égale importance (3 petits repas et 2 à 3 belles collations).
- Eviter de boire pendant les repas mais plusieurs fois (6 à 8 prises) dans la journée à chaque fois la valeur d’un demi-verre d’eau.
- Eviter les aliments trop salés, trop sucrés et trop épicés.
- Eviter de manger trop chaud et trop froid.
- Eviter les aliments à gros volume et peu énergétiques (exemple : grosse ration de crudités ou potage non enrichi).
- Eviter l’eau gazeuse.
Dans les premiers temps :
- Évitez l’excès de matières grasses cuites et les fritures.
- Vérifier la tolérance du lait. S’il est mal toléré, sa réintroduction restera possible mais plus tardive et progressive.
Concernant le contenu des repas :
- L’apport systématique d’aliments protidiques doit être une priorité à chaque repas : sous forme de viande rouge, volaille, poisson, œuf au moins pour 2 repas, et sous forme de laitage : fromage, et autres dérivés tolérés (ces derniers pouvant être aussi pris aux collations).
- Les féculents (aliments source de sucres lents), le pain et les fruits doivent être respectivement consommés à chaque repas (exemple : les féculents pour les 2 repas « principaux », le pain et les fruits pour le petit déjeuner et les collations. Les rations très limitées au début pourront être progressivement augmentées suivant la tolérance individuelle.
- Les légumes verts : au mois à un repas, cuits et en petite quantité.
- Les fruits seront consommés dans les premiers temps en collation (augmente trop le volume du bol alimentaire en fin de repas).
Conclusion
Une gastrectomie totale ou partielle implique une diététique simple. Le plus important est de fractionner l’alimentation et de maintenir voire majorer la couverture des besoins protidiques. Le patient gastrectomisé est souvent amaigri. Il faut ainsi favoriser la consommation d’aliments en faveur d’une reprise progressive de poids dans le cadre d’une alimentation équilibrée : insister sur les aliments carnés, les poissons, les œufs…et les laitages, les aliments source de sucres lents et les matières grasses tout en réduisant les quantités d’aliments à faible densité calorique (légumes verts riches en fibres, potages…).
Enfin pour le confort du patient, il est nécessaire d’éviter les températures extrêmes et les aliments trop salés et trop sucrés (hypertoniques).
L’alimentation du gastrectomisé pourra dans tous les cas être progressivement élargie aussi bien qualitativement que quantitativement suivant la tolérance individuelle.
Répartition type des repas d’une journée
Petit-déjeuner
- Café ou thé ou chocolat peu sucré (150 ml)
- Lait demi écrémé si toléré (100 ml)
- Pain ou biscottes ou «équivalent » (adapter les quantités)
- Beurre
- Miel ou confiture : introduction progressive à éviter le premier mois
Collation 10h
- 1 laitage
Déheuner
- Viande ou équivalent (commencer par 50g)
- Légumes verts cuits ou petite crudité (100 à 150g)
- Féculents (quantité variant suivant le type d’intervention et la tolérance individuelle)
- Fromage (30 à 40g)
- Biscottes ou pain sec
14h
- 1 fruit
Collation de 16h
- 1 laitage
- 2 à 3 biscuits ou 1 fruit
Diner
- Potage : ½ bol (100 ml) ou petite crudité
Viande ou équivalent (commencer par 50g)
Féculents ou pain
Fromage
Collation 21h/22h
- 1 fruit ou pain
- 1 laitage (fromage ou autre)
Ration hydrique
- 1.5 l par jour,en dehors des repas lors : 1 verre d’eau (150 ml) aux collations et réparti dans le reste de la journée
- Le vin est toléré à raison d’un verre (100 ml) par repas
A PRÉFÉRER | DÉCONSEILLÉS |
---|---|
PRODUITS LAITIERS | |
Lait écrémé ou demi écrémé Laitages (yaourt, petits suisses, fromage blanc), natures ou fruités Crèmes desserts et entremets Fromage pâte cuite ou pressées : Pyrénées, Gruyère, Tome, Cantal… Fromage pâtes molles non fermentés : camembert, Brie Spécialités fromagères à pâte fondue (crème de gruyère…) |
Lait entier Crèmes glacées Fromages fermentés (Munster, Livarot…) Fromages à moisissures Fromage aux épices (Boursin au poivre…) |
VIANDES POISSONS ŒUFS ABATS | |
Viandes maigres de bœuf, veau, cheval, lapin, volaille agneau maigre et porc dans le filet Foie, langue, cœur Jambon cuit et cru Tous les poissons Coquillages et crustacés Tous les œufs (pochés, coque, durs, en omelette) |
Viandes grasses (mouton, oie) Viandes en sauce au vin Viandes fumées Plats du commerce trop gras ou épicés Charcuteries Poissons en conserve à l’huile, au vinaigre, en saumure, poissons frits |
FÉCULENTS | |
Pain blanc, pain grillé ou biscottes Pommes de terre vapeur, purée, pates, riz, semoule Tapioca, farine, maïzena, Corn flakes et dérivés Biscuits secs Pâtisseries de type biscuits de Savoie, clafoutis, quatre quart… |
Pain chaud ou trop frais Pain complet Pommes de terre frites, sautées, chips Légumes secs Céréales complètes type muesli Préparations à base de pâtes feuilletée Pâtisseries grasses (avec crème ou beurre) Meringues |
LÉGUMES VERTS | |
Carottes, courgettes, betteraves cuites, haricots verts, endives ou salade cuites, épinards Crudités suivant l’état du transit (carottes râpées, salades, tomates). Potages : volume limité à 100ml |
Légumes riches en fibres ou à goût fort (céleri, radis, choux, poivrons, navets, fenouil, salsifis Oignons, ail : suivant tolérance |
FRUITS | |
Fruits cuits, en compote ou en sirop Fruits crus bien mûrs et épluchés Banane bien mûre Agrumes en petite quantité suivant le transit |
Fruits oléagineux : noix, cacahuètes, amandes… Fruits secs Fruits crus non épluchables : prunes, raisins, cerises |
MATIÈRES GRASSES | |
Beurre cru Crème fraiche Huiles : toutes |
Fritures Lard, saindoux, graisse d’oie Mayonnaise |
PRODUITS SUCRES | |
En quantité modérée : sucre, miel, gelée, confiture, chocolat, bonbons | Sorbets, glaces |
BOISSONS | |
Eau du robinet, de source, minérale non gazeuse Jus de fruits selon tolérance personnelle Café et thé léger, infusions, tisanes : en petit volume Vin rouge ou blanc sec ou rosé sec en petite quantité |
Eaux minérales gazeuses et sodas Boissons glacées ou trop chaudes Bière, cidre Alcools forts, cuits (apéritifs et digestifs) |
DIVERS | |
Epices, condiments, poivre selon tolérance | Piments, curry et épices fortes |
Références bibliographiques
- Manuel de diététique en pratique médicale courante - auteur : Albert-François Creff - édition Masson
Dr Eric REVUE et Isabelle REVUE - Diététicienneericrevue@noos.fr
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