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COURS IFSI

Alimentation conseillée après une gastrectomie

Publié le 31/07/2009
gastrectomies Totale 2/3 et 1/3

gastrectomies Totale 2/3 et 1/3

Définition

La gastrectomie correspond à l’ablation d’une partie de l’estomac. Cette résection peut intéresser le 1/3, les 2/3 ou la totalité de  cet organe. Les conséquences nutritionnelles sont dans tous les cas anatomiques et métaboliques :

Figure 1: gastrectomies Totale 2/3 et 1/3

Implications anatomiques et métaboliques (1)

  • Diminution du volume de l’estomac : syndrome du « petit estomac » (désagréable sensation de distension gastrique postprandiale qui s’estompera)
  • Perte plus ou moins prononcée  des possibilités de brassage du bol alimentaire
  • Diminution du tonus du sphincter de l’estomac avec un risque de reflux liée à la diminution de la sécrétion gastrique
  • Risque de Dumping Syndrome : inondation du jéjunum  par un bol alimentaire hypertonique (perte de connaissance liée à un hyperinsulinisme après sollicitation brutale du pancréas)
  • Une carence vitaminique (B12 et acide folique, vitamine D) par diminution de la sécrétion du facteur intrinsèque
  • Une malabsorption du fer et du calcium causée par l’hypochlorhydrie (voire l’achlorhydrie).
  • Une accélération du transit.

En pratique : conduite à tenir

Une gastrectomie totale ou partielle implique une diététique  simple  nécessitant cependant quelques contraintes, en sachant que l’alimentation pourra être progressivement «  élargie » suivant les tolérances digestives individuelles.

En priorité et dorénavant :

  1. Manger lentement, en  mastiquant plus longtemps les aliments.  Une surveillance  régulière de l’état de la dentition s’impose.
  2. Fractionner l’alimentation : faire 5 à 6 repas de préférence d’égale importance (3 petits repas et 2 à 3 belles collations).
  3. Eviter de boire pendant les repas mais plusieurs fois (6 à 8 prises) dans la journée à chaque fois la valeur d’un demi-verre d’eau.
  4. Eviter les aliments trop salés, trop sucrés et trop épicés.
  5. Eviter de manger trop chaud et trop froid.
  6. Eviter les aliments à gros volume et peu énergétiques (exemple : grosse ration de crudités ou potage non enrichi).
  7. Eviter l’eau gazeuse.

Dans les premiers temps :

  1. Évitez l’excès de matières grasses cuites et les fritures.
  2. Vérifier la tolérance du lait. S’il est mal toléré, sa réintroduction restera possible mais plus tardive et progressive.

Concernant le contenu des repas :

  1. L’apport systématique d’aliments protidiques  doit être une priorité  à chaque repas : sous forme de viande rouge, volaille, poisson, œuf au moins pour 2 repas, et sous forme de laitage : fromage, et autres dérivés tolérés (ces derniers  pouvant être aussi  pris aux collations).
  2. Les féculents (aliments source de sucres lents), le pain et les fruits doivent  être respectivement consommés à chaque repas (exemple : les féculents pour les 2 repas « principaux », le pain et les fruits pour le petit déjeuner et les collations. Les rations très limitées au début pourront être progressivement augmentées suivant la tolérance individuelle.
  3. Les légumes verts : au mois à un repas, cuits et en petite quantité.
  4. Les fruits seront consommés dans les premiers temps en collation (augmente trop le volume du bol alimentaire en fin de repas).

Conclusion

Une gastrectomie totale ou partielle implique une diététique simple. Le plus important est de fractionner l’alimentation  et de maintenir voire majorer la couverture des besoins protidiques. Le patient gastrectomisé est souvent  amaigri. Il faut ainsi favoriser la consommation  d’aliments  en faveur d’une reprise progressive de poids  dans le cadre d’une alimentation équilibrée : insister sur les aliments carnés, les poissons, les œufs…et  les laitages, les aliments source de sucres lents et les matières grasses tout en réduisant les  quantités d’aliments à faible densité calorique (légumes verts riches en fibres, potages…).

Enfin pour le confort du patient, il est nécessaire d’éviter les températures extrêmes et les aliments trop salés et trop sucrés (hypertoniques).

L’alimentation du gastrectomisé  pourra dans tous les cas être progressivement élargie aussi bien qualitativement que quantitativement suivant la tolérance individuelle.

Répartition type des repas d’une journée

Petit-déjeuner

  • Café ou thé ou chocolat peu sucré (150 ml)
  • Lait demi écrémé si toléré (100 ml)
  • Pain ou biscottes ou «équivalent » (adapter les quantités)
  • Beurre
  • Miel ou confiture : introduction progressive à éviter le premier mois

Collation 10h

  • 1 laitage

Déheuner

  • Viande ou équivalent (commencer par 50g)
  • Légumes verts cuits ou petite crudité (100 à 150g)
  • Féculents  (quantité variant suivant le type d’intervention et la tolérance individuelle)
  • Fromage (30 à 40g)
  • Biscottes ou pain sec

14h 

  • 1 fruit

Collation de 16h 

  • 1 laitage
  • 2 à 3 biscuits ou 1 fruit

Diner

  • Potage : ½ bol (100 ml) ou petite crudité
    Viande ou équivalent (commencer par 50g)
    Féculents ou pain
    Fromage

Collation 21h/22h

  • 1 fruit ou pain
  • 1 laitage (fromage ou autre)

Ration hydrique

  • 1.5 l par jour,en dehors des repas lors : 1 verre d’eau (150 ml) aux collations et réparti dans le reste de la journée
  • Le vin est toléré à raison d’un verre  (100 ml) par repas
A PRÉFÉRERDÉCONSEILLÉS
 PRODUITS  LAITIERS
Lait écrémé ou demi écrémé
Laitages (yaourt, petits suisses, fromage blanc), natures ou fruités
Crèmes desserts et entremets
Fromage pâte cuite ou pressées : Pyrénées, Gruyère, Tome, Cantal…
Fromage pâtes molles  non fermentés : camembert, Brie
Spécialités fromagères à pâte fondue (crème de gruyère…)
Lait entier
Crèmes glacées
Fromages  fermentés (Munster, Livarot…)
Fromages à moisissures
Fromage aux épices (Boursin au poivre…)
 VIANDES   POISSONS  ŒUFS  ABATS
Viandes maigres de bœuf, veau, cheval, lapin, volaille agneau maigre et porc dans le filet
Foie, langue, cœur
Jambon cuit et cru
Tous les poissons
Coquillages et crustacés
Tous les œufs (pochés, coque, durs, en omelette)
Viandes grasses (mouton, oie)
Viandes en sauce au vin
Viandes fumées
Plats du commerce trop gras ou épicés
Charcuteries
Poissons en conserve à l’huile, au vinaigre, en saumure, poissons frits
FÉCULENTS
Pain blanc, pain grillé ou biscottes
Pommes de terre vapeur, purée, pates, riz, semoule
Tapioca, farine, maïzena,
Corn flakes et dérivés
Biscuits secs
Pâtisseries de type biscuits de Savoie, clafoutis, quatre quart…
Pain chaud ou trop frais
Pain complet
Pommes de terre frites, sautées, chips
Légumes secs
Céréales complètes type muesli
Préparations à base de pâtes feuilletée
Pâtisseries grasses (avec crème ou beurre)
Meringues
LÉGUMES VERTS
Carottes, courgettes, betteraves cuites, haricots verts, endives ou salade cuites, épinards
Crudités suivant l’état du transit (carottes râpées, salades, tomates).
Potages : volume  limité à 100ml
Légumes riches en fibres ou à goût fort (céleri, radis, choux, poivrons, navets, fenouil, salsifis
Oignons, ail : suivant tolérance
FRUITS
Fruits cuits, en compote ou en sirop
Fruits crus bien mûrs et épluchés
Banane bien mûre
Agrumes en petite quantité suivant le transit
Fruits oléagineux : noix, cacahuètes, amandes…
Fruits secs
Fruits crus non épluchables : prunes, raisins, cerises
MATIÈRES GRASSES
Beurre cru
Crème fraiche
Huiles : toutes
Fritures
Lard, saindoux, graisse d’oie
Mayonnaise
PRODUITS SUCRES
En quantité modérée : sucre, miel, gelée, confiture, chocolat, bonbons  Sorbets, glaces
BOISSONS
Eau du robinet, de source, minérale non gazeuse
Jus de fruits selon tolérance personnelle
Café et thé léger, infusions, tisanes : en petit volume
Vin rouge ou blanc sec ou rosé sec en petite quantité
Eaux minérales gazeuses et sodas
Boissons glacées ou trop chaudes
Bière, cidre
Alcools forts, cuits (apéritifs et digestifs)
DIVERS
Epices, condiments, poivre selon tolérance  Piments, curry et épices fortes

Références bibliographiques

  1. Manuel de diététique en pratique médicale courante - auteur : Albert-François Creff - édition Masson

Dr Eric REVUE et Isabelle REVUE - Diététicienneericrevue@noos.fr


Source : infirmiers.com