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Universitarisation et réingénierie pour les professions paramédicales

Publié le 04/09/2017
université, étudiants

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La communication conjointe, le 1er septembre dernier, d'Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé, et Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, sur le lancement d'une mission afin de poursuivre l'intégration des formations paramédicales et de maïeutique dans l'université a très vite fait réagir Charles Eury, président de l'Association Nationale des Puéricultrices Diplômées et des Etudiantes (ANPDE), rejoint par Thierry Amouroux, secrétaire général du SNPI CFE-CGC et les fédérations des formations paramédicales et maïeutiques.

Très attendu en ce début d’année universitaire, ce rapport « Pour une meilleure intégration des formations paramédicales à l’université : mise en œuvre des mesures 5, 6 et 13 de la Grande conférence de santé » se construit dans la continuité de la grande conférence de santé afin de répondre aux problématiques communes aux formations sanitaires et sociales

Le 31 août dernier, l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) et l’Inspection générale de l'administration de l'Education nationale et de la recherche (IGAENR) publiaient un rapport qui fait suite à la Grande Conférence de Santé, à laquelle l’ANPDE avait participé en 2015. Ce rapport intitulé « Pour une meilleure intégration des formations paramédicales à l’université : mise en œuvre des mesures 5, 6 et 13 de la Grande conférence de santé » apporte en particulier des propositions concrètes pour une meilleure intégration des formations paramédicales à l’université. Dès le lendemain, Agnès Buzyn , ministre des Solidarités et de la Santé, et Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, publiaient à leur tour un communiqué annonçant la création d’une mission interministérielle afin de poursuivre, et finaliser, cette universitarisation des formations paramédicales qui concerne près de 150 000 étudiants.

Les évolutions possibles des statuts des formateurs dans ces filières devront être examinées, afin de garantir le bon déroulement de carrière des actuels formateurs mais également de les intégrer pleinement dans les universités.

Finalisation des réingénieries et grade master pour la rentrée 2018

Si le rapport IGAS/IGAENR recommande clairement une finalisation de la réingénierie des formations d’infirmier(e) puéricultrice(-teur) et de bloc opératoire pour la rentrée 2018, ainsi que leur reconnaissance au grade master, le communiqué interministériel se veut plus prudent. Il indique en effet que la mission nouvellement créée devra réaliser un point d’étape au plus tard en décembre 2017 pour identifier les mesures destinées à entrer en vigueur à la rentrée 2018. Cette mission est confiée à Stéphane Le Bouler. Présenté comme "Normalien et économiste de formation", il a déjà travaillé sur le sujet de l’universitarisation à travers la mission sur la « Licence santé » et était coordonnateur de la Grande Conférence de Santé . Mr Le Bouler arrive donc en terrain connu, facilitant la connaissance des différents acteurs et l’avancée des travaux. Des prérequis indispensables car ceux-ci devront aller vite, tout en répondant aux demandes des professionnels et aux besoins de la population.

Une chose est sûre : ces demandes sont connues et les besoins existants. L’évolution de l’exercice professionnel, la pratique avancée , la démographie médicale sont autant de données à prendre en compte pour une réforme ambitieuse et efficace.

Les deux ministères ont exprimé leur souhait qu’une première étape de cette mission soit conclue au plus tard en décembre 2017, permettant notamment d’identifier les mesures destinées à entrer en vigueur à la rentrée 2018.

Le SNPI CFE-CGC demande un arbitrage sur les formations paramédicales

Alors que tout est bloqué depuis 5 ans, il était temps de relancer la réactualisation de ces for-mations (IBODE, puériculture, cadres...), indique Thierry Amouroux, le Secrétaire Général du Syndicat National des Professionnels Infirmiers SNPI CFE-CGC (représentant les salariés du public, du privé et de la santé au travail) dans un communiqué daté du 2 septembre dernier.  Par contre créer une commission pour repousser ou enterrer une réforme est une pratique gouvernementale qui n’est pas nouvelle ! On se moque de la profession infirmière, car Marissol Touraine nous avait fait le même coup à son arrivée : l’IGAS et l’IGAENR, les deux corps d’inspections des affaires sociales et de l’administration, de l’éducation nationale et de la recherche avaient été saisis par les ministres le 25 octobre 2012 !. Pour Thierry Amouroux, "le problème n’est pas technique, le blocage de la réingéniérie de nos professions depuis 2009 est une d’absence d’arbitrage des ministres en charge de la santé et de l’enseignement supérieur sur le niveau Master (actuellement IBODE en 18 mois, puériculture et cadres en un an.Et de souligner que "le besoin de nouvelles compétences pour répondre aux besoins de la population est bloqué par des lobbys qui refusent l’allongement des études afin de ne pas avoir à les financer par la formation continue.

Le rapport IGAS/IGAENR synthétise dans ses recommandations cette nécessaire réforme de l’enseignement paramédical. L’accès aux droits universitaires, tels que les prestations proposées par les CROUS, l’accès aux restaurants universitaires, aux « Environnements Numériques de Travail » afin de s’adapter à l’évolution des formations, devient indispensable pour offrir aux étudiants paramédicaux les mêmes conditions d’entrée et de suivi des formations . Les spécialités sont d’autant plus concernées. A titre d'exemple, en juin 2017, l’ANPDE publiait les résultats de son enquête étudiante, montrant les difficultés auxquelles devaient se confronter les étudiant(e)s puéricultrices(teurs). Réalisée au 1er trimestre 2017, près de la moitié des étudiant(e)s puéricultrices(teurs) avaient participé à cette enquête. En fonction des régions, la disparité des aides, des financements, de l’accessibilité aux services universitaires, apparait comme insensée. Alors que le coût moyen de la spécialisation sur un an est de 5476€ (en prenant en compte uniquement les frais pédagogiques et d’inscription), près de la moitié des régions ne la finance pas en formation initiale. Pourtant, la moitié des étudiants de cette spécialité sont justement en formation initiale, poursuivant leurs études après l’obtention du diplôme d’état d’infirmier. Au total, sur l’ensemble des étudiants interrogés, ce ne sont pas moins de 42% qui ont financé eux-mêmes leur année de spécialisation sur des fonds personnels, et près de 10% qui ont dû recourir à un emprunt. L’accès aux services des CROUS (bourses, logements, restaurants universitaires) est quant à lui très hétérogène. Le coût de l’allongement de la formation, concernant la spécialité de puéricultrice, est estimé à 3,5 millions d’euros pour l’état, même si celui-ci semble légèrement sur-évalué. Le calcul tient compte du nombre d’étudiants recensé par la DREES en 2014 soit 1421. Or les instituts de formation ont dans le même temps commencé à positionner le début de la formation en septembre/octobre celle-ci étant fixée précédemment en janvier. Ainsi, il pouvait y avoir 2 promotions la même année. Les années précédentes le nombre d’étudiants était plutôt autour de 1120, représentant une différence d’environ 1,5M€. C’est donc maintenant un arbitrage politique qui doit permettre de financer cette réforme.

Les fédérations des formations paramédicales et maïeutiques satisfaites

Par communiqué du 4 septembre 2017, les fédérations des formations paramédicales et maïeutique*, dont la Fnesi fait partie, saluent la volonté engagée par les deux ministères d’amorcer conjointement un travail de fond incluant l’ensemble des fédérations, organisations professionnelles et des acteurs sociaux concernés. A l’image de ces récentes nouvelles, il est important de rappeler que le caractère inter et pluri-professionnel des prochains échanges sera essentiel afin que les spécificités et besoins de chaque filière soient respectés.  Ayant à coeur l’intérêt des étudiants et l’efficience du système de santé de demain, c’est avec rigueur et vigilance que les fédérations se saisissent pleinement de cette mission.

*Anesf, Anep, Fnek, Fnesi, Fneo, Unaee, avec le soutien de l'Anemf, l'Anepf et l'Unecd

Repenser la spécialité pour s’adapter aux évolutions de la société

Repenser la formation, c’est évidemment remettre en question l’exercice professionnel qui en découle. La reconnaissance au grade master ne doit pas être perçue comme une finalité. L’augmentation de la durée des études, l’intégration de la recherche, les nouveaux contenus de formation seront autant d’outils dont devront se saisir les professionnels, afin d’acquérir plus de compétences et d’autonomie dans leur pratique. Pour les infirmières puéricultrices, la reconnaissance d’activités exclusives, répondant aux besoins des enfants d’être soignés par des professionnels formés spécifiquement à leurs besoins, à un renforcement des bonnes pratiques et une sécurité des soins toujours accrue, aux problématiques posées par la démographie médicale et le manque de médecins, notamment pédiatres, est incontournable.    

La prochaine réunion de réingénierie du diplôme d’infirmière puéricultrice , mardi 5 septembre, sera l’occasion de prendre en compte ces nouvelles recommandations afin de s’assurer qu’elles seront suivies et aboutiront, à la rentrée 2018, à une réforme répondant aux demandes des professionnels et des formateurs.

La rédaction d'infirmiers.com suivra attentivement ce dossier qui pose de très nombreuses questions en terme d'organisation, de pédagogie, d'articulation des parcours de formation sans oublier les transferts de coût et sans nul doute bien d'autres choses...

Charles EURY Infirmier Puériculteur Président de l’ANPDE

Avec la rédaction d'infirmiers.com


Source : infirmiers.com