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Chômage infirmier : La FNESI argumente...

Publié le 21/02/2013
Chômage infirmier : La FNESI argumente...

Chômage infirmier : La FNESI argumente...

Quotas du concours ESI

Quotas du concours ESI

Enquête - Le chômage des infirmiers

Enquête - Le chômage des infirmiers

Primo-entrants ESI

Primo-entrants ESI

En décembre 2012, un état des lieux national sur les conditions d'embauche dans le métier infirmier a été effectué par la FNESI. La première organisation représentante des étudiants en soins infirmiers tire aujourd'hui la sonnette d'alarme et annonce des résultats consternants. Ces derniers concrétisent ce qui se dit déjà depuis octobre 2012 sur la difficulté à trouver un emploi pour les jeunes diplômés.

En juillet 2012, les jeunes diplômés ont été confrontés à une nouvelle problématique : une diminution de l’offre d’emploi . Alors que la profession infirmière est connue depuis toujours pour ses facilités d’insertion professionnelle, le temps du plein emploi est aujourd'hui révolu !

Les raisons pouvant expliquer ce chômage

Il est nécessaire de préciser que ce problème, quelle que soit la région, concerne principalement l’emploi hospitalier (54 % des IDE travaillaient en 2009 en milieu hospitalier). L’emploi intérimaire est aussi touché de plein fouet par cette tendance. On note en effet une diminution de l’offre d’emploi sur l’ensemble du territoire, avec de fortes accentuations dans certaines régions. La situation économique joue ici un rôle, les intérimaires servant de variable d’ajustement dans la gestion de la masse salariale d’un établissement. Dans les périodes où les déficits et les restrictions budgétaires sont de mise, l’emploi intérimaire a tendance à donc diminuer. Rappelons que les dépenses dues au personnel représentent en moyenne pour un établissement 70 % des dépenses de fonctionnement (source FHF)

Il faut aussi prendre en compte le fait qu’il y ait eu en 2011-2012 deux promotions diplômées : la promotion 2008-2011 ( issue du référentiel de 1992) diplômée en novembre 2011 n’avait que 6 mois d’embauche lors de l’arrivée sur le marché du travail de la promotion 2009-2012 ( issue du référentiel 2009) en juillet 2012.

De manière générale, les jeunes professionnels recherchent un emploi qui les intéresse dans leurs premiers mois. Or, les offres d’emploi sont en majorité dans les EHPAD (Établissement Hospitalier pour Personnes Âgées Dépendante) et les services de gériatrie souffrent on le sait du désamour des nouveaux diplômés. Les services de pédiatrie, eux aussi, ont une tendance importante à offrir de l’emploi, mais la spécificité de ces services freine les jeunes IDE qui n’ont pas tous eu l’occasion lors de leurs études de se former aux particularités des soins chez l’enfant et le nourrisson.
De plus, on le sait bien les exigences et la demande de travail par soignant augmentent mais pas l’emploi...

Aujourd'hui on compte en moyenne plus de 800 IDE pour 10 000 habitants

Des disparités régionales

Le problème de l’offre d’emploi et les disparités régionales en matière de postes à pourvoir commencent à être mis en avant. Ils ont notamment été évoqués lors des premières “Rencontres RH de la Santé”, en septembre 2012. Lors de cet événement, Jean Marie Bardot, président de l’Association pour le Développement des Ressources Humaines des Établissements Sanitaires et Sociaux (ADRHESS) témoignait d’un état de fait : certaines régions n’embauchent plus. Certaines régions comme la Bretagne, l'Aquitaine, le Nord Pas de Calais, l'Alsace et la Normandie, n'emploient plus, alors que des manques d'effectifs et donc des offres d'emplois existent en Île De France ou en Région Centre.

En région parisienne, l’offre d’emploi est bien réelle. On y emploie des intérimaires mais peu de CDD sont signés. La gestion économique des établissements de santé a, ici, une part importante de responsabilité, mais pas seulement. Les conditions d’exercice, les restrictions budgétaires et surtout les difficultés de logements sont autant de causes qui freinent les IDE dans leur volonté de travailler en Ile de France. On pourra se référer par exemple aux problèmes de logements rencontrés par des soignants de l’Assistance Publique-Hopitaux de Paris (AP-HP). Mais la situation économique des établissements publics est elle aussi en cause. L’Ile de France, pour toutes ces raisons n’attire pas : on y trouve du travail mais les emplois sont précaires et non pérennes. Les nouveaux diplômés commencent à travailler à l’AP-HP puis retournent en province où les centres hospitaliers sont plus attractifs grâce au concept de « l’hôpital magnet » : la mise en place de facilités (crèches, services à la personne...) pour le personnel soignant est beaucoup plus développée, et où les conditions de logement et facilités d’installation sont meilleures. Les hôpitaux « aimants » attirent ainsi plus les soignants. Le confort d’un accompagnement dans la prise de poste est aussi un argument majeur qui joue en faveur des centres hospitaliers de province.

La prise en compte de la mobilité

Autre constat, celui de la nécessité de la mobilité pour les jeunes IDE. Comme dit précédemment, une grande proportion des jeunes diplômés de province se trouve dans l’obligation d’aller en région parisienne pour trouver de l’emploi. Paradoxalement, les IDE de cette même région la quittent après de courtes périodes d’exercice, ce qui est du aux conditions d’exercice défavorables et aux difficultés de logement. Ces IDE se tournent ensuite vers les centres hospitaliers de province. Or ces derniers ont récemment vu leur capacité d’embauche de personnel soignant diminuer. Ainsi la Bretagne, le Nord Pas de Calais, la Normandie et l’Aquitaine n’embauchent pas, d’autres comme la région Midi-Pyrénées tendent à ne plus proposer assez d’offres d’emplois et le discours tenu aux ESI de ces régions le corrobore. Ils sont mis en garde et se préparent à devoir faire preuve de mobilité sur l’ensemble du territoire. À Toulouse par exemple, le directeur de la formation du CHU reconnaît que « les énormes tensions sur le marché du personnel soignant connues il y a deux ans sont maintenant derrière nous car elles étaient liées à des départs massifs à la retraite de toute une génération. Les évolutions démographiques s’inversent.” Les 1184 ESI de la région seront autant d’IDE appelés à plus de mobilité dans leur recherche d’emploi.

L'ouverture des quotas du concours n'est pas la solution...

Les flux d’entrée en IFSI pour les étudiants envisageant des études en Soins Infirmiers sont régulés par des quotas. Ces quotas sont fixés chaque année par arrêté ministériel et fixés selon l’évaluation des besoins en IDE. Au niveau national, les quotas d’entrée en IFSI n’ont cessé d’augmenter ces 20 dernières années. De 18 466 en 1995, le nombre de places d’admission au concours d’entrée en IFSI est passé à 31 162 en 2012 (arrêté du 18 avril 2012).

D’autre part, il est nécessaire d’avoir conscience que les quotas ne reflètent pas le nombre réel d’étudiants sur le terrain. En effet, il s’agit du nombre de places à pourvoir, places qui restent souvent inoccupées. Ainsi en 2009 avec 30 514 places disponibles seulement 27 708 primo-entrants ont été recensés.

La gestion des quotas par les régions est donc largement mise en question : penser qu’en ouvrant le concours on augmente au final le nombre d’IDE n’est clairement pas la bonne solution.

L'ouverture du concours non plus...

L’ouverture du concours n’a comme unique conséquence qu'un plus grand nombre d’abandons de formation et d’échec au diplôme d'état. Il y avait en 2009 20 % de déperdition qui s’explique par une trop grande ouverture du concours et l’augmentation des quotas : cela entraîne l’entrée dans la formation d’étudiants qui, à la base, n’avaient pas forcément les compétences requises pour l’accès aux études en soins infirmiers. Qui plus est, une trop grande facilité d’entrée en formation décrédibilise la formation dans son ensemble et produit des conséquences désastreuses sur la façon dont sont perçus des jeunes diplômés lorsqu’ils arrivent dans le monde du travail.

Le pôle emploi quant à lui dans son « enquête emploi » de 2012, plaçait la profession infirmière en 9è place des métiers les plus recherchés

Conclusion

Les infirmiers auront beau être mobiles, si les régions qui offrent encore de l'emploi augmentent leurs quotas sans aucune prise en compte de la situation globale au niveau national, ces mesures ne feront que gonfler les rangs des IDE précaires et/ou au chômage. Il serait donc bon de mener des enquêtes sur l’état de l’emploi des professionnels de santé, données qui jusqu’alors n’existent pas ou ne sont pas prises en considération. Des axes nouveaux de réflexion sur les moyens de lutte sur la pénurie infirmière seraient également à envisager, notamment les conditions d’entrée en IFSI. C’est aussi l’attractivité du métier qu’il faut valoriser sans pour autant utiliser l’accessibilité de la formation comme argument, au risque de la décrédibiliser. Alors que les perspectives d'avenir du métier sont donc plutôt positives, si on prend en compte l'évolution de la population. Le vieillissement et la nécessité du développement des soins aux personnes âgées ouvrant de nouvelles perspectives de métiers ainsi que la baisse prévisible des effectifs de médecins (-10% selon DREES, Dossiers Solidarité et Santé, n°12, 2009) ouvrent des horizons plutôt favorables. Espérons donc que le problème de l’emploi infirmier ne soit que passager et que les futurs diplômés pourront trouver un emploi un an après leur diplôme, à 97 % d’entre eux, comme leurs prédécesseurs.

Audrey DEMEILLEZ
Rédactrice Infirmiers.com
audrey.demeillez@infirmiers.com


Source : infirmiers.com