En mai 2018, une étudiante en soins infirmiers de la promotion 2015-2018 soutenait avec succès son travail de fin d'études sur la thématique suivante : "L'humour qui fait bloc". Elle souhaite aujourd’hui le partager avec la communauté d’Infirmiers.com et nous le remercions.
Voilà comment cette étudiante nous explique le choix de sa question de recherche. "Lors de ma formation infirmière, j’ai eu l’occasion de fréquenter des services de soins extrêmement variés. Dans le cadre de mon travail de fin d’études, en lien avec les unités 3.6 et 5.6 du semestre 6, une situation m’a particulièrement interpellée lors d’un stage que j’ai effectué en semestre 4. J’ai longtemps hésité à élaborer mon TFE sur ce sujet, car c’est un sujet délicat à traiter. Il évoque "l’humour" au sein d’un service de bloc opératoire. J’ai vu un chirurgien gynécologue opérer une patiente, puis toucher volontairement les parties intimes de la patiente endormie pour faire de l’humour. L’équipe soignante présente a ri aux propos de ce chirurgien".
Le chirurgien se retourne, me regarde, et me dit ; "Tu connais Dumbo ?" je lui réponds oui, il enchaîne en me disant "On dirait les oreilles de Dumbo ?". En prononçant cette phrase, il touche les deux grandes lèvres de la patiente en faisant des va-et-vient afin de les faire bouger.
Questionnement
- Comment peut-on rire d’une patiente endormie ?
- De quel droit le chirurgien ose toucher les parties intimes de la patiente pour faire de l’humour
salace
? - Pourquoi ne respecte-il pas la patiente ?
- Pourquoi les soignantes, qui sont elles-mêmes des femmes, ont-elles adhéré à cet humour ?
- Qu’est ce qui amène les infirmières à rire ? Y a-t-il une notion de pouvoir entre le chirurgien et les infirmières qui les oblige à être en accord avec celui-ci ?
- Est-ce que les infirmières approuvent réellement la moquerie que le chirurgien a eue envers la patiente ?
- Se sentent-elles obligées de rire pour être intégrées au groupe ?
- Est-ce que j’aurais eu la même réaction si la personne opérée avait été un homme ?
- Que se passerait-il si une infirmière ne riait pas comme ses collègues ?
De cette situation, j’ai voulu en faire mon travail de recherches pour comprendre ce qui amène les professionnels soignants à adopter ces attitudes. En touchant volontairement l’intimité de la patiente pour en faire de l’humour, le chirurgien passe la barrière de l’inacceptable pour moi. Il touche à la sexualité de la patiente, ce qui ne m’est pas tolérable. Ce que je cherche à comprendre dans ce mémoire, c’est pourquoi les infirmières l’ont laissé faire, pourquoi aucune d’entre elles n’a osé arrêter le chirurgien dans ses propos. Dans cette situation, la patiente endormie est dans une position de vulnérabilité, c’est pourquoi je ne comprends pas qu’elle ne soit pas respectée. Les infirmières présentes dans la salle d’opération ont toutes eu la même réaction : des éclats de rire. Je me demande pourquoi les infirmières ont adhéré à l’humour du chirurgien. Dans ce travail de fin d’études, je souhaiterais comprendre pourquoi le chirurgien a été amené à faire de l’humour.
De quel droit le chirurgien ose toucher les parties intimes de la patiente pour faire de l’humour "salace" ?
Lire le TFE – "L'humour qui fait bloc ?" (PDF)
Bernadette FABREGASRédactrice en chef Infirmiers.combernadette.fabregas@infirmiers.com @FabregasBern
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