C’est à l’issue du Conseil des ministres, mercredi 26 avril, que la cheffe du gouvernement a présenté sa feuille de route pour les « cent jours d’apaisement et d’action » fixés par Emmanuel Macron, à la suite du débat houleux sur la réforme des retraites. Elle a détaillé des « solutions concrètes » ainsi que « des actions qui changent la vie » des Français.
Un risque de dégradation de la formation
Sur la santé, aucune annonce, si ce n’est la réaffirmation d’un certain nombre de mesures déjà largement défendues par le gouvernement. Élisabeth Borne s’est ainsi de nouveau engagée sur la création de 2 000 places supplémentaires en Institut de formation en soins infirmiers (IFSI) d’ici la rentrée prochaine. Soit une mesure inadaptée aux enjeux actuels de la profession, a aussitôt réagi la Fédération nationale des étudiants en sciences infirmières (FNESI). « L’augmentation des quotas n’est pas la solution pour pallier au manque de professionnel⸱le⸱s de santé : elle accentue le déclin des conditions de formation et met à mal la santé des ESI », proteste-t-elle dans un communiqué. Une augmentation de plus de 5 300 places a déjà été imposée aux IFSI, qui n’ont pas les moyens d’absorber ces étudiants supplémentaires. « Ce sont des étudiant⸱e⸱s assis⸱e⸱s par terre et des cadres-formateur⸱rice⸱s épuisé⸱e⸱s d’encadrer toujours plus d’étudiant⸱e⸱s, sans moyens supplémentaires », argue-t-elle, notant au passage une pénurie « sans précédent » de lieux de stage ou d’étudiants qui ne peuvent pas être encadrés par des infirmiers, par manque de professionnels.
« Augmenter les places ne limitera pas le nombre d’abandons ! La cible n’est pas l’entrée en formation mais la fidélisation des ESI », s’agace-t-elle, pointant un problème devenu effectivement récurrent pour une formation dont près d’un tiers des étudiants ne va pas jusqu’à la diplomation. La priorité, défend la Fédération, est bien plutôt d’en améliorer les conditions, reconnaissance des statuts des tuteurs et revalorisation des indemnités de stage en tête. « Les étudiant⸱e⸱s sont le reflet du système de santé actuel, il⸱elle⸱s ont besoin d’actions concrètes pour l’amélioration de la formation », conclut-elle.
La priorité : libérer du temps médical
En plus de cette mesure peu goûtée par les étudiants en sciences infirmières, Élisabeth Borne a également mis l’accent sur la nécessité de « libérer du temps médical » grâce au recrutement « de 6 000 assistants médicaux supplémentaires » d’ici 2024 financés par l’Assurance maladie, et de généraliser le Service d’accès aux soins (SAS), dans l’optique de désengorger les urgences.
Des propos qui s’inscrivent dans la droite ligne de ceux tenus la veille par Emmanuel Macron, en déplacement à Vendôme (Loir-et-Cher). Là aussi, aucune annonce, le chef de l’État s’étant contenté de défendre les mesures présentées en début d'année pour enrayer une « crise sans fin » d’un système de santé qui arrive « au bout d’un modèle ». Priorité donnée donc à la délégation d’actes, comme déjà rappelé le lundi précédent dans Le Parisien, aux infirmiers, sages-femmes, pharmaciens, orthoptistes et kinés afin de permettre aux médecins de « prendre plus de patients », à commencer par les « 600 000 à 700 000 » malades chroniques sans médecin traitant mais auxquels il a promis une solution d’ici la fin de l’année. Et afin de garder un système incitatif, Emmanuel Macron a défendu la systématisation de « conseils de la refondation territoriaux », pensés sur le modèle du Conseil national de refondation, sur les 1 200 bassins de vie du pays, à partir de cet été. Le moyen, selon lui, de « trouver les bonnes solutions ad hoc » au plus près du terrain et de définir « une feuille de route sur plusieurs années » associant professionnels et collectivités.
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