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EMPLOI

Y a-t-il toujours pénurie d’infirmières ?

Publié le 13/07/2009

Depuis longtemps nous entendons parler de manque de personnel, de pénurie d’infirmières. Mais est-ce une véritable « pénurie » ? Certains disent qu’il n’y pas pénurie mais « mauvaise répartition ». Essayons d’y voir plus clair

Il nous faut d’abord définir le terme lui-même. WIKIPEDIA le définit ainsi : Une pénurie désigne une situation où une collectivité manque d'un ou de plusieurs produits ou services. Par exemple, il peut y avoir pénurie d'eau potable, de pétrole, de médecins ou d'ouvriers qualifiés

Mais d’abord qu’en pense l’ordre des infirmiers ?

La France connaît depuis plusieurs années, comme la plupart des pays au sein de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) une pénurie de personnel infirmier qui devrait s’accroitre dans les prochaines années. Cette pénurie est identique dans tous les pays d’Europe. Un rapport du Centre d’Analyse Stratégique indique que plusieurs métiers de la santé comme les infirmiers et les aides soignants, seront parmi les emplois les plus recherchés en 2015. En effet d’ici 2015, plus de 200.000 emplois devront être crées pour ces professions. Cette forte demande est due à plusieurs phénomènes comme le vieillissement de la population appelant une augmentation de l’offre de soins et l’amélioration de la prise en charge des personnes âgées dépendantes mais aussi aux nombreux départs à la retraite des professionnels actuellement en poste qu’il faudra remplacer. Cette pénurie a de fortes disparités régionales selon les secteurs d’activités et selon l’exercice

(Extrait Dossier presse 17 juin 2009)

Quelques chiffres :

Entre 2003 et 2015, 345.000 départs à la retraite sont annoncés dans la fonction publique hospitalière, soit plus de 40 % de ses effectifs.

Pour le Ministère  dans son document « la démographie des infirmiers » (6 février 2009) Au 1er janvier 2008, la France compte 487.663 infirmiers en activité, dont 476.897 en France métropolitaine (la densité est de 780 infirmiers pour 100.000 habitants).

Les données qui suivent concernent la France métropolitaine :

La majorité sont salariés (85,4%, dont 71,5% de salariés hospitaliers) et 14,6 % sont libéraux. Les infirmiers travaillent pour une grande partie dans les établissements publics, 54,3 %.
Le Centre, la Haute-Normandie, la Picardie et l'Ile-de-France sont les régions les moins bien dotées : le nombre d'infirmiers est inférieur à 700 pour 100.000 habitants.

En revanche, les régions suivantes présentent les taux d'infirmiers pour 100.000 habitants les plus élevés (supérieurs à 900) : Limousin, Midi-Pyrénées, Auvergne et Provence-Alpes-Côte-D'azur.

Cette sur densité par rapport à la moyenne est particulièrement marquée dans le sud de la France chez les infirmiers libéraux.

L’âge moyen des infirmiers est de 42,1 ans. 29,4 % d’entre eux sont âgés de 50 ans ou plus. Cet âge moyen est plus élevé en cabinet individuel ou de groupe (respectivement 45,8 ans et 43,5 ans). L’âge moyen est notablement plus élevé dans les activités de prévention, en entreprise et en PMI (parfois très proche de 50 ans).

La spécialité est très féminisée : 87,5 % des infirmiers sont des femmes. En cabinet individuel ou de groupe la proportion de femmes est un peu plus faible (84 à 85 %).

8,4% des infirmiers sont spécialisées, dont 1/3 possède un DE de puériculture (35% des spécialisations ou de l’encadrement). Les infirmiers anesthésistes ou de bloc opératoire  représentent 34% des spécialisations ou de l’encadrement) et l’encadrement 31% de ce même  ensemble. 97,3% des infirmiers spécialisées sont salariées.

Une pénurie non homogène selon les secteurs géographiques

D'après les chiffres fournis par le ministère, on note que près de 30 % des infirmiers sont âgés de 50 ans ou plus. Le papy boum est là et il va falloir s’inquiéter pour le renouvellement de cette tranche d’âge. A cela il faut rajouter le passage aux 35 heures, l’augmentation de l'offre des soins…

Il faut noter également que la répartition n’est pas identique sur le territoire Français. C’est une des raisons qui a justifié la mise en place pour les libéraux de « mesures de régulation de la démographie ».

Les chiffres donnés par le site EMPLOI Soignant (le site emploi de référence pour les soignants)  nous indiquent que les trois régions ile de France, PACA et Rhône alpes sont les plus demandeurs d’infirmiers (plus de la moitiés des demandes pour ces trois régions).

Cette « pénurie » n’est pas identique dans tous les secteurs. Ainsi pour les établissements privés on peut parler de pénurie qui persiste et s'enlise. Mais un certain nombre de mécanismes sont intéressants à analyser. Pourquoi certaines cliniques ont-elles du mal à embaucher ? Est-ce un problème de rémunération ? De conditions de travail ?

Pour le public comme pour le privé, le facteur « discipline » joue aussi. Quelle que soit la région les postes techniques comme la réanimation, les urgences sont très facilement pourvus, il n'en est pas de même pour la médecine, les personnes âgées et la psychiatrie.

Il manque aussi cruellement d’infirmières scolaires par manque de revalorisation et de non reconnaissance de leurs fonctions ? Il manque aussi d’infirmières spécialisées comme IADE ou IBODE.

Pour Charline DEPOOTER, présidente de l’UNAIBODE (Union Nationale des Associations d'Infirmiers de Bloc Opératoire Diplômés d'Etat), la situation est très difficile dans les blocs avec surtension et désorganisation dans les blocs opératoires. L’ambiance est fébrile et au bord de la crise pour résumer la situation

Pour elle dans cette spécialisation on compte approximativement 1/3 d’IBODE pour 2/3 d’IDE dans les blocs et un chute des formations dans les écoles de 40% depuis 2002 (non prise en charge de la formation par les établissements, refus des blocs de laisser partir les agents du fait de la pénurie de personnel, manque de motivation due la différence salariale minime entre les 2 métiers...)

Pour ce qui est des IBODE et des IDE dans les blocs ce problème est récurrent depuis 2 ans les situations sont parfois litigieuses du point de vue de la sécurité pour le patient, l' activité chirurgicale continue avec moins de personnel et parfois jusqu'à la fermeture de salles  d’opération ou le remplacement illégal des IDE ou IBODE par les Aides soignants, voir autres dans le privé......C' est un pas en arrière pour la qualité des soins et la sécurité du patient, on n' a jamais fini de se battre et c' est le Patient qui va en faire les frais. Voilà les constatations que nous avons faites à savoir que dans de grandes équipes (10 ou 15 salles) sur 30 IBODE et IDE, il peut manquer jusqu' à 8 ou 9 agents peut-être plus. Il manque aussi énormément de Cadres de santé dans les blocs et du fait de cette pénurie, ils sont tous au bord de la crise (litiges avec le personnel, les chirurgiens et les anesthésistes) »

Les motifs économiques

On note aussi que depuis de nombreuses années, on demande aux hôpitaux de se « restructurer », de ne plus « laisser filer » leur déficit. On a même vu des CHU comme celui de Nantes lancer un vaste plan de départs volontaires à la retraite mais sans obligatoirement avoir vu les conséquences induites…

Plusieurs phénomènes

Quelques phénomènes nous posent question

  • Un directeur d’une entreprise d’intérim nous indiquait récemment que depuis peu le public faisait appel à ses services. C’est une nouveauté en soi qui signe bien le malaise.
  • Nous avons vu arriver des infirmières espagnoles mais elles ne sont pas restées. Cela a été un « une demi réussite » ou plutôt un « demi échec »
  • Le plan de retour à l’emploi d’infirmiers n’a pas donné les effets escomptés
  • On parle de baisse des « vocations », de mauvaises conditions de travail
  • On voit aussi de nouveaux métiers poindre dans le cadre des « transfert de compétences » et de « pratiques avancées »
  • Cette année, les quotas pour entrer dans les IFSI sont quasis identiques à ceux de l’année dernière
  • certaines régions comme l’ile de France en mis en place des plans IDE pour faire face aux besoins en professionnels infirmiers. Celui de l’Ile de France a pour objectif d’enrichir l’analyse de situation et les mesures proposées. Il comporte trois axes correspondant au parcours de l’étudiant, futur professionnel (axe attractivité, axe formation, axe fidélisation)

Conclusion

A travers tous ces éléments nous pouvons en conclure qu’il existe toujours une pénurie mais qu’elle est très variable selon les régions, la discipline (urgences, réanimations, bloc, scolaire) et que celle-ci va perdurer.
Il faut donc rester très vigilant et continuer à lutter pour l’amélioration de cette situation

Pour en savoir plus !

Résumé :

A travers les chiffres, nous constatons qu’il existe toujours une pénurie de personnel infirmier mais qu’elle est très variable selon les régions, la discipline (urgences, réanimations, bloc, scolaire) et que celle-ci va perdurer.

M. Guy ISAMBART Rédacteur en chef https://www.infirmiers.com guy.isambart@infirmiers.com


Source : infirmiers.com