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RECRUTEMENT

Quand les "slasheurs" investissent l’hôpital

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Publié le 07/10/2024


Une double vie… professionnelle, c’est un peu ce à quoi ressemble celle des "slasheurs". Et si ce nouveau modèle qui émerge dans le monde professionnel était une alternative pour ré-enchanter, réinventer le rapport au travail des soignants?

Le slashing inspire les professions de santé

Crédit photo : Sébastien Toubon

Qui n’a jamais eu la sensation que n’exercer qu’un seul job, n’avoir qu’une seule activité ou expertise, ou une seule corde à son arc, était un tant soit peu réducteur ? À l’instar d’autres secteurs d’activité, le monde de la santé n’échappe pas aux "slasheurs", « ces personnes généralement issues de la génération Y (soit nées entre 1980-2000), qui exercent plusieurs emplois et/ou activités à la fois »

On a qu’une vie alors autant en profiter pour en vivre plusieurs 

Des milléniaux plutôt donc qui, dans le paysage actuel post-covid, aspirent avant tout à davantage de flexibilité, tantôt pour maximiser/diversifier leurs activités, tantôt pour augmenter leurs revenus, tantôt pour conserver une certaine autonomie ou bien encore afin d’allier leurs multiples centres d’intérêt et vivre de leurs passions ou afin d’effectuer une reconversion professionnelle… Soit donc pour trouver un équilibre avec leur vie privée ou pour construire une carrière professionnelle. Car après tout « on a qu’une vie alors autant en profiter pour en vivre plusieurs ». 

La polyvalence érigée en mode de vie

Des jeunes qui, quoi qu’il en soit, n’adhèrent pas au modèle traditionnel de carrière (CDI, parcours relativement linéaire) optant davantage pour une trajectoire professionnelle vivante, avec de possibles virages 360°, dans laquelle la polyvalence est érigée en mode de vie et la vocation désormais plus une quête illusoire. 
Des profils considérés encore par certains comme atypiques mais que les établissements sanitaires et médico-sociaux notamment ne peuvent plus se permettre d’écarter. Non seulement parce qu’il s’agit de ressources particulièrement agiles conjuguant tout à la fois énergie/dynamisme, soif d’apprendre, adaptabilité, gestion du stress, capacité bluffante face à l’inconnu… voire ce petit supplément d’âme (singularité, petit plus qui peut faire la différence), mais aussi, compte tenu du contexte de ressources humaines en tension, où les questions d’attractivité et de fidélisation sont particulièrement prégnantes.

Des collaborateurs présents, épanouis, engagés… mais à temps partiel 

C’est ce à quoi s’emploie le centre anticancéreux Léon-Bérard* de Lyon et de Rhône-Alpes (membre d’Unicancer), convaincu que le slashing peut être un levier parmi d’autres d’attractivité et de fidélisation des personnels. L’établissement privé (participant au service public hospitalier) propose ainsi un affichage interne et externe avec des CDD ou CDI à temps partiel. Sa politique RH interne est claire : offrir des modes d’organisation du temps de travail variés (possibilité de demander à travailler à temps partiel pour convenance personnelle). 
« Nous avons longtemps été frileux à répondre aux demandes de temps partiel de nos collaborateurs » admet Martine Simon, directrice des soins adjointe du centre, avant de reconnaître que le slashing était « une façon de fidéliser les personnels et de garder les expertises […] On a des collaborateurs présents, épanouis, engagés… mais à temps partiel ». Une manière de répondre à un maintien ou à une amélioration de la qualité de vie et des conditions de travail. Exemple : Anaïs, d’infirmière de nuit en poste depuis six ans, une trentenaire et passionnée de pâtisserie(et qui régale d’ailleurs régulièrement ses collègues !) Pour autant pas question pour elle d’en faire son activité principale et sa seule source de revenus. Afin de concilier ses deux activités, l’IDE a donc demandé un poste à temps partiel (80%) qui lui a été accordé. 

Une demande à concilier avec la vie du service

En début d’année, la question d’un temps partiel s’est aussi posée pour Marie, infirmière de coordination… et, pour sa part, férue de sport. Elle aussi trentenaire, celle-ci souhaitait un temps partiel afin d’accompagner, quelques mois durant dans ses entraînements, une jeune athlète aveugle engagée dans l’aventure des Jeux paralympiques de Paris 2024. Une demande pas forcément d’emblée conciliable avec la vie de l’unité au vu du poste clé qui est le sien. Mais là encore, plutôt que de prendre le risque de perdre l’expertise de cette soignante, l’établissement a jugé préférable de valider sa demande… Et tout le service était derrière elle avec une réelle « fierté pluridisciplinaire dans ce challenge » témoigne Cécile Freulet, cadre de santé du service de chirurgie.

Mieux vaut-il perdre un 20 % de temps soignant ou 100% directement ? 

Cadre structurant, contraintes organisationnelles et compromis

Deux retours d’expérience qui de part et d’autre se révèlent positifs. Soit. Reste que ce nouveau modèle de travail suppose un cadre structurant, notamment « des engagements réciproques », « une gestion RH de l’unité (jours de présence…) » tout comme « de la motivation et de l’implication du côté du slasheur …Ce qui est loin d’être toujours évident dès lors que l’on est amené à exercer plusieurs activités en parallèle », constate avec un peu de recul Cécile Freulet. La notion de compromis (des deux côtés) se révèle ainsi essentielle dans ce contexte managérial. Surtout, il s’agit « d’avancer avec prudence ». C’est pourquoi d’ailleurs à ce jour l’établissement a décidé de n’accorder les demandes de temps partiels – « récentes mais grandissantes » – que pour un an renouvelable et dans la plupart des cas des 20 % (pont pour éventuellement passer sur un autre métier). Et Martine Simon, adjointe à la direction des soins du centre, de conclure, quelque peu philosophe : « Mieux vaut-il perdre un 20 % de temps soignant ou 100% directement ? ». Vaste question.

 Attention au cumul d'activités !
•    Dans la fonction publique, le cumul d’activités est interdit par principe. Conformément à l’article L.121-3 du Code général de la fonction publique, les fonctionnaires (titulaires ou non) doivent consacrer l’intégralité de leur activité professionnelle aux tâches qui leur sont confiées. Cette interdiction s’applique aussi bien pour les fonctionnaires à temps partiel ou à temps plein. 
Toutefois, des dérogations à cette interdiction de cumul d’activités sont prévues pour les fonctionnaires à temps complet et accordées à ceux occupant un emploi à temps partiel. Ces derniers notamment peuvent ainsi exercer des activités accessoires et une ou plusieurs activités lucratives sous réserve de compatibilité avec leurs obligations de service et de non atteinte au fonctionnement du service. Diverses sanctions (administratives, pénale, disciplinaire ordinale) sont prévues en cas de non-respect de l’interdiction de cumul.
•    Dans le secteur privé, le cumul d’un emploi salarié avec une autre activité professionnelle, salariée ou non est possible. Mais il y a des limites découlant tout à la fois de la durée maximale du temps de travail (10 h/jour ou 48 h/semaine ou 44h/sur une période de 12 semaines consécutives), d’une clause d’exclusivité (dispositions conventionnelles) et d’une obligation de loyauté du salarié (qui ne peut pas exercer une autre activité pouvant concurrencer celle de son employeur). À noter que l’article L. 3142-105 du Code du travail dispose que « le salarié qui crée ou reprend une entreprise a droit, sous réserve d'une condition d'ancienneté dans l'entreprise et dans les conditions fixées à la présente section : 1° Soit à un congé ; 2° Soit à une période de travail à temps partiel. » 
Pour en savoir plus sur vos droits selon votre statut, rapprochez-vous de la direction des ressources humaines de votre établissement.
Source : Ordre infirmier

Pour en savoir plus : 
Fonction-publique.gouv.fr


Source : infirmiers.com