Depuis plusieurs années, les outils numériques envahissent nos espaces de vie professionnelle et privée. Dans les établissements de santé, médico-sociaux et les services de soins à domicile, c’est aussi une réalité prégnante. Dossier de soins infirmiers informatisés, diverses applications de soins, télémédecine, téléconsultation, téléassistance … Les exemples ne manquent pour se convaincre d’une chose : le soin est définitivement entré à pieds joints dans ce nouveau monde. En témoigne la récente évolution de la formation des aides-soignants.
Les formations initiales et continues des professionnels de santé s’enrichissent elles-mêmes de nouveaux outils pédagogiques qui accompagnent la montée en compétences numériques individuelles ainsi que la diversification des canaux d’apprentissages sur des thématiques bien précises (simulation en santé, MOOC...). Or la crise de la Covid-19 est passée par là et nous en appris bien plus que l’on ne le croit, y compris dans le domaine particulier de la formation. C’est précisément autour des difficultés, des multiples constats en demi-teinte et des nouveaux besoins qui en ont émergé pour les apprenants que l’idée de la première formation A.S version 2.0 a germé dans l’esprit du groupe français Galileo Global Education. A la rentrée 2020, un groupe de travail s'est réuni pour réfléchir à ce projet et s'est confronté la difficulté de la dématérialisation.
Dématérialisé, distanciel, hybride : les enseignements de la crise
En mars 2020, le monde de la formation française est bousculé. La surprise du confinement généralisé exige une adaptation rapide des modalités de formation. Cependant très vite, notre modèle français en "présentiel" met en évidence ses limites. En effet, ce dernier n’est absolument pas prêt à muter rapidement vers le modèle "distanciel" étant donné que cela n’est pas une habitude de travail pour la plupart des organismes de formation, établissements scolaires ou universitaires. Avec tout ce que cela a comporté de difficultés pour les apprenants, les enseignants et les établissements, la crise de la Covid-19 a néanmoins permis de prendre en compte un élément important dans le contexte international de la pandémie : le choix de la présence physique requise aux enseignements est une spécificité française. Une particularité du modèle de formation remise immédiatement en cause par toutes les parties prenantes à ce processus, à commencer par les apprenants, qui ont pu observer ce qui se faisait ailleurs dans le monde. Jusqu’à la fin de l’année scolaire, après quelques semaines de difficultés face à un enseignement et à un espace de travail non-adapté aux conditions du distanciel, la rentrée scolaire de 2020 est l’heure de prétentions nouvelles pour la majorité des apprenants, qui adopte avec intérêt un nouveau modèle de formation "hybride" (moitié distanciel, moitié présentiel).
La formation hybride s’inscrit dans une réelle démarche de "l’aller vers"
La formation hybride : une réponse aux besoins ?
La formation hybride semble correspondre aux besoins des nouveaux apprenants pour plusieurs raisons. Dans un premier temps, il s’agit d’une question d’opportunité. En effet, la partie dématérialisée des enseignements proposés sur une plateforme numérique dédiée permet aux apprenants d’adopter un rapport "flexible" aux apports théoriques et de les utiliser en tous temps et en tous lieux, selon un rapport individuel à ses propres compétences d’apprenant (plage horaire de concentration optimale...). Par conséquent, la formation hybride répond aux besoins d’autonomie des apprenants en les fait sortir du cadre classique de la formation. Celui qui se déroule notamment sur des journées complètes de cours obligatoirement donnés en présentiel. D’autre part, la formation hybride semble être un levier d’engagement de certains apprenants qui ne peuvent pas accéder aux enseignements, faute de mobilité à disposition (train, métro, voiture…). La formation hybride s’inscrit dès lors dans une réelle démarche de "l’aller vers" in situ chez l’apprenant en lui donnant la possibilité de bénéficier d’enseignements virtuels de même qualité qu’en établissement et de tous les outils pédagogiques nécessaires à son processus d’apprentissage. Ces derniers étant renforcés par des séquences de formation réalisées ponctuellement en établissement, c’est le versant présentiel de la formation hybride, et dont les nouveaux outils pédagogiques et numériques permettent d’en renforcer la qualité au travers tout particulièrement de la mise en réalité des enseignements. Pour autant, se pose une troisième et dernière question : quid de la mise en perspective avec une formation aide-soignante ?
La première promotion d'étudiants aides-soignants est donc entrée par la grande porte de la formation AS version 2.0
Formation AS hybride : un mariage heureux ?
Bien évidemment, une formation en soin ne peut être exclusivement dématérialisée. Les techniques de soins et l’approche humaniste fondamentale du métier d’aide-soignant exigent en cela du concret. De surcroît, les difficultés rencontrées par la plupart des apprenants durant la crise sanitaire ont abondé en ce sens. Le maintien du lien présentiel/réel est fondamental et cela pour plusieurs raisons relationnelles. Néanmoins, face au souci de recrutement et d’attractivité du métier d’aide-soignant, une formation AS hybride s'impose pour toutes les raisons explicitées précédemment. Une ambition nouvelle confortée par l’arrêté du 10 juin 2021 relatif à la formation conduisant au diplôme d’Etat d’aide-soignant qui permet de réaliser en distanciel jusqu’à 70 % de la formation théorique. Aussi, depuis le 4 octobre 2021, la première promotion d'étudiants aides-soignants est donc entrée par la grande porte de la formation AS version 2.0 (hybride). Bénéficiant d’un espace numérique de formation distancielle, sur lequel les différents modules sont accessibles en séquences pédagogiques progressives, les apprenants AS bénéficient d’un même accès à ces dernières à l’aide d’une tablette numérique fournie par l’établissement. Grâce à ce dispositif innovant de cheminement numérique, leur progression individuelle est suivie avec davantage de pertinence et permet aux formateurs, accessibles via la plateforme, d’identifier les difficultés rencontrées par un apprenant afin d’y remédier par une réponse pédagogique rapide et adaptée. Sur le second plan, au sein de l’établissement Eva Santé installé à Metz, les apprenants qui viennent des quatre coins de la région, s’y retrouvent par périodes de formations présentielles durant lesquelles les savoirs théoriques sont mobilisés au travers de séquences de simulations en santé permettant de renforcer les savoirs procéduraux et le réflexe de questionnement en situation de raisonnement clinique "type". D’autre part, pour tous ces apprenants sous statut d’apprenti, ces mêmes savoirs sont bien évidemment mis en œuvre sur leurs différentes formations d’emplois où l’enjeu tutoral est également saisi par cette formation AS 2.0 engagée auprès des différents partenaires employeurs garants de la qualité de l’accompagnement de terrain des apprenants. A ce stade de l’aventure, même si tous les éléments institutionnels et pédagogiques sont réunis, difficile de dire si la formation AS hybride est un mariage heureux. Avec davantage de recul, l’expérience permettra de tirer de meilleures conclusions et des axes d’améliorations.
Pour en savoir plus
Institut de Formation d'Aides-Soignants à Metz - IFAS Grand-Est
Alexis Bataille
Etudiant en soins infirmiers (2019-2022)
Aide-soignant
@AlexisBtlle
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