4 juin 2019. Après une séance de foot avec sa classe, Olivier Maillet, un enseignant de 50 ans, s’effondre sous le préau, terrassé par un arrêt cardio-respiratoire de 35 minutes. Il atterrit plus mort que vif au service réanimation du Pr Bouadma de l’hôpital Bichat, à Paris. On ne donne pas cher de sa peau, pas lourd de son cerveau. 0,1 % seulement des victimes d’une telle aventure en sortent indemnes. Mais Olivier déclare la guerre à la mort… et il la gagnera !
Dans quelques jours, Olivier Maillet et sa famille s’apprêtent à partir en vacances en Thaïlande. Coup du destin, le voyage est annulé. Olivier est terrassé par un arrêt cardiaque de 35 minutes. Reviendra t-il vivant de ses impromptues vacances au bord de la mort ?
Vivre ou mourir ?
Olivier Maillet raconte ses cauchemars pendant son long coma artificiel, peuplés d’êtres étranges ne cessant de lui tendre des pièges pour l’emmener dans un espace terrifiant… Pendant ce temps, les médecins s’acharnent, tous ses organes sont défaillants et sa compagne tient informer comme elle peut leur entourage. Ma Gaëlle dans la galère a tenté de trouver les mots pour raconter ce thriller sur WhatsApp et par texto aux amis, à la famille, aux marmots avec l’art et la manière, l’amour, l’esprit et l’humour y compris. En fait, j’étais plus défoncé qu’un zonard qui craque pour le crack ou l’héroïne car pour ma cure j’étais sous curare, un poison paralysant mélangé avec un peu de morphine, remède stupéfiant, et une bonne dose de noradrénaline
. C’est quoi, la noradrénaline ?
, demande une amie à Gaëlle : un médicament hyperpuissant qui envoie un max de sang et donc d’oxygène au cœur et au cerveau. La dose raisonnable est de 1 ou 2 mg. Olivier a reçu 30 mg pendant plusieurs heures
. Derrière ces mots savants, l’angoisse des proches transparait. Elle s’étirera sur une multitude de semaines sans fin pendant son séjour dans le service de réanimation de Bichat.
Pendant son séjour, les proches confient leurs mots d’amour ou d’encouragement sur un cahier laissé à disposition dans sa chambre d’hôpital. Il faut bien le reconnaître, ni son épouse et ses enfants, ni ses amis, ni l’équipe médicale ne pouvait parier sur son devenir : vivre ou mourir, finir paraplégique, amnésique ou connaître un état végétatif ad vitam aeternam. Survivre, c’est essentiel. Sans être gâteux, c’est quand même mieux !
Thibaud, le copain de toujours, choisit l’humour pour dissimuler la peur de perdre son meilleur ami : mon poussin d'amour, tes rognons fonctionnent comme ils peuvent (le coma c’est pas top pour pisser !) Et tu fais de la rétention d’eau… là, je n’comprends pas trop… Toi ! Maillet ! De la rétention d’eau ! Franchement, il est temps de revenir mon poulet. De la rétention de Saint-Estèphe, de Graves, même de Brouilly, je comprendrais… mais de la rétention d’eau !
La plupart redoute qu’Olivier ne revienne jamais parmi eux ; certains ne peuvent s’y résoudre. Tels ses neveux et nièces chéris [qui] dépensèrent leurs économies pour me payer Marie-Laure, une guérisseuse qui vaut de l’or. D’après photo, elle œuvra pour me sortir la tête hors de l’au-delà
. Comment les blâmer ? Il faut avoir vécu leurs angoisses pour comprendre le calvaire qu’ils ont traversé. Et puis, ne vaut-il pas mieux vieillir que mourir
?
Renaître à la vie à tout prix
De calembours en boutades, en vers et en musique s’il vous plaît, sans fausse pudeur, Olivier Maillet décrit son expérience d'outre-tombe dans les moindres détails avec humour et dérision. Parce qu’il est amoureux fou de Gaëlle, sa compagne, il s’est accroché à la vie mais aussi pour ses enfants, ses proches et ses amis qui l’ont bercé d’amour, de mots doux, de dessins… pendant ses longues semaines entre la Terre et d’au-delà. Après le coma, Olivier Maillet prend en pleine face la réalité, froide et cruelle : pourrais-je encore rire écrire, courir rêver et chanter ? Mon corps était en chantier. Tout le monde avait les foies. J’étais mal de partout, les reins, la rate, le foie, la tension, les poumons, le cœur...
Suivirent deux semaines dans le service de rééducation de la Pitié-Salpêtrière et un trimestre dans un centre de réadaptation fonctionnelle Porte de Paris à Saint-Denis pour réapprendre tous les petits gestes nécessaires à l’existence : respirer, boire, manger, marcher...
Sans les différentes équipes soignantes - les médecins, les infirmières, les aides-soignantes, les kinésithérapeutes, les orthophonistes... - Olivier Maillet ne serait pas revenu de ses Vacances au bord de la mort même s’il n’en est pas sorti totalement indemne : escarres et cicatrices décorent mon corps. Malgré des heures de sport, mes muscles demeurent moins saillants, ce qui est bien sûr moins seyant, mais je m’en sors bel et bien vivant. Encore mieux qu’avant, plus audacieux, plus heureux, plus amoureux
. Il faut bien le reconnaître : même s’il n’en revient toujours pas, Olivier Maillet est un véritable miraculé de la vie. Aussi, il rend un émouvant hommage aux professionnels du soin. Grâce à ses anges-gardiens, il a pu redécouvrir les petits bonheurs de l’autonomie : je me rappelle du bonheur suprême quand j'ai recommencé à babiller, monter un escalier, m'habiller, m'allonger sur le côté pour roupiller comme j'aime, mais aussi chier dans les WC, me gratter, grailler, et même allumer la télé
. Il n’oublie pas de mentionner ses trois collègues – Jaafar, Françoise et Élise, ma sainte trinité
- qui lui ont fait un massage cardiaque dans l’attente des pompiers et du Samu. Leurs coups de Maillet en plein cœur, s’ils lui ont défoncé la poitrine, leur bonté divine
et leur volonté
lui ont carrément évité de longues années d’éternité !
Après autant de preuves d’amour, d’abnégation, d’empathie, Olivier Maillet le reconnaît avec humour : je m’en serais voulu à mort de ne pas être revenu à la vie. Et puis, « logé, blanchi, lavé, tout ça entre 3 000 et 7 000 balles la journée, cela aurait été dommage. Merci chers citoyens de m’avoir donné les moyens de sauver ma peau en payant vos impôts dans d’autres contrées. J’aurais dû prostituer femme et enfants pour être soigné
. Chapeau bas pour la solidarité nationale.
Témoigner pour comprendre
Quand j’ai repris mes esprits après cinq semaines de coma, je ne pouvais ni bouger ni parler
, nous confie Olivier Maillet. J’étais dépendant d’un tas de machines. Je me suis vite dit : si je m’en sors, il faut absolument que je raconte cette histoire. Pour passer le temps, je me projetais sans cesse les incroyables cauchemars qui avaient animé mon long sommeil artificiel. Ils me restaient en tête de façon incroyablement précise, comme si je les avais réellement vécus. Je pense qu’ils symbolisaient mon combat contre la mort. Dès que j’ai pu, j’ai commencé à écrire. Les mots sont sortis tous seuls, comme de la pâte d’un tube dentifrice. Je n’ai pas choisi les rimes, elles se sont imposées à moi, sur un rythme particulier, comme un cœur qui bat. Aujourd’hui, alors que j’ai récupéré mes moyens, je veux témoigner au monde que l’impossible est parfois possible, à l’aide d’une poésie populaire qui, je l’espère, ira droit au cœur des spectateurs. J’aimerais aussi comprendre pourquoi je fais partie des si rares personnes revenues à la vie après une telle aventure
. "Vacances au bord de la mort" est une exceptionnelle leçon d’amour qui fait du bien au cœur et au corps, un moment de théâtre à l’état brut. Le tout déborde d’un trop plein d’émotions et d’une rageuse joie de vivre. Après cela, on se dit qu’on n’a plus le droit de se plaindre pour le moindre bobo, ni d’avoir des temps de flottement ; la vie est si belle à vivre avec un cœur qui bat, qui bat encore et encore.
Tous les lundis et mardis à 19h (jusqu’au 16 novembre 2021)
Essaïon Théâtre
6 rue Pierre au Lard
75 004 Paris
Isabelle Levy, conférencière - consultante spécialisée en cultures et croyances face à la santé, elle est l’auteur de nombreux ouvrages autour de cette thématique. @LEVYIsabelle2
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