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FORMATION EN IFSI

Universitarisation de la formation infirmière : l'expérimentation de 4 IFSI du Finistère

Publié le 10/11/2021

"Le processus d'universitarisation est en marche". Tel est le constat partagé par les professionnels réunis mardi 9 novembre au Salon Infirmier (Dans le cadre de SantExpo, Porte de Versailles) pour une conférence portant sur l'avenir des sciences infirmières dans la formation au métier. Pour tous, l'universitarisation correspond à une demande de la part des professionnels qui souhaitent poursuivre leurs études, mais répond également au besoin d'attractivité du métier. En lien avec l'université de Bretagne Occidentale (UBO), un nouveau parcours permet ainsi aux futurs infirmiers de quatre IFSI de valider une licence à l’université. Exemple d'une expérimentation prometteuse.  

Après le pic de la crise sanitaire, les demandes pour intégrer la formation en soins infirmiers sont plus fortes que jamais. De plus en plus de jeune diplômés passent également le cap de la poursuite d'études.

Sous forme d’expérimentation, un parcours novateur est proposé, depuis la rentrée, aux étudiants des quatre Instituts de formation en soins infirmiers du Finistère, rattachés à l'université de Bretagne Occidentale (UBO). C'est un retour singulier, une expérience mise en place en septembre 2021 pour une durée de 6 ans, confie Brigitte Sifferlen, Directrice des soins, GIP Quimper, Trésorière du CEFIEC, qui travaille sur le projet depuis plus de deux ans : Tous les étudiants des quatre IFSI du département sont inscrits en licence sciences sanitaires et sociales (porte d'entrée nécessaire car il n'est pas possible pour l'heure, en France, de suivre une licence en sciences infirmières) avec deux parcours à la clé : un parcours sciences infirmières et santé publique et un parcours sciences infirmières et santé en territoires, explique-t-elle. Deux choix qui répondent non seulement au désir des étudiants, selon la directrice des soins, puisque bon nombre d'entre eux se lancent dans des Masters de santé publique (pourquoi dès lors ne pas leur permettre, dès la formation initiale, d'ajouter une spécificité, un renforcement du savoir en santé publique ?) et qui s'inscrivent aussi en parfaite cohérence avec le plan national Ma Santé 2022 et l'orientation des réflexions et des besoins actuels en santé en venant renforcer des domaines comme la démocratie en santé, la responsabilité populationnelle, ou encore le numérique en santé, assure Brigitte Sifferlen.

Réorganisation (complexe) des enseignements 

Cette mise en place a nécessité un gros travail d'organisation, de coordination et de création des dispositifs pédagogiques, selon Brigitte Sifferlen. Concrètement, chaque semestre de la formation comporte des Unités d'Enseignement spécifiques. Pour déployer cette expérimentation, notre choix a été de renforcer les parcours sur un volume de 20h. Cependant, l'aménagement de ces spécificités a demandé une réflexion car il était hors de question de toucher au référentiel infirmier, ainsi qu'aux durées de stages. Pour chaque semestre, il a donc fallu effectuer des regroupements d'UE de façon à dégager des heures et à mettre en place cette unité d'enseignement spécifique, tout en conservant l'acquis. 

Une expérimentation qui devrait contribuer à redonner du sens à la formation tout en répondant aux besoins en santé - en rendant le métier plus attractif et peut-être même en fidélisant davantage les futurs professionnels, actuellement en mal de perspective.  

Objectif : l'obtention d'une licence, en plus du DE

Les étudiants inscrits dans le cadre de cette expérimentation obtiendront donc, en 2024, en plus de leur diplôme d'Etat, professionnalisant, une licence (et non plus un grade licence comme c'est le cas aujourd'hui*) sciences sanitaires et sociales parcours sciences infirmières et santé publique ou parcours sciences infirmières et santé en territoires, détaille Brigitte Sifferlen. Une façon d'ouvrir la formation à un cursus universitaire officiel en quelque sorte. Une illustration prometteuse selon Brigitte Sifferlen de l'universitarisation de la formation qui, espère-t-elle, devrait contribuer à redonner du sens tout en répondant aux besoins en santé - en rendant le métier plus attractif et peut-être même en fidélisant davantage les futurs professionnels, actuellement en mal de perspective.  

Pour résumer, les étudiants auront à la fois un diplôme professionnel qui leur permettra d'exercer comme infirmier et à la fois une licence universitaire qui leur ouvrira la voie vers la poursuite de leurs études à l'université. Malgré tout, des questions restent encore en attente, et notamment le financement de tous ces enseignements. On travaille également sur la notion d''interfilières, avec des passerelles pour permettre d'intégrer les étudiants qui veulent découvrir les sciences infirmières et qui vont suivre quelques unités flechées de nos parcours de formation infirmière. Malgré tout, le cursus reste professionnalisant, insiste Brigitte Sifferlen et tout le dispositif est d'ailleurs monté en ce sens, axé sur la logique des grandes orientations que l'on donne aujourd'hui au système de santé (santé en territoire, santé publique, interprofessionnalité).  

Cette expérimentation va de toute évidence permettre de renforcer les savoirs en formation initiale, avec des contenus très pertinents, se réjouit Julie Devictor, Infirmière en pratique avancée, Présidente du CNP IPA et Rédactrice en chef de la Revue de la pratique avancée, également présente à la conférence. Ce qui serait intéressant à présent, ce serait de poursuivre l'expérimentation avec la mise en place d'un Master en sciences infirmières. Pourquoi pas donc, une prochaine étape. 

*Depuis la rentrée de septembre 2009, la formation infirmière s'inscrit dans le processus de Bologne : LMD (Licence, Master, Doctorat) et valide le niveau Licence.

Susie BOURQUINJournaliste susie.bourquin@infirmiers.com @SusieBourquin


Source : infirmiers.com