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AU COEUR DU METIER

Un bon infirmier doit-il être le "piqueur" le plus rapide de l’Ouest ?

Publié le 20/08/2020

Un infirmier doit-il dégainer l’aiguille plus vite que son ombre ? Cette question peut paraître farfelue mais faute d’effectifs, elle n’est pas si anodine. Une jeune infirmière en poste depuis 6 mois se trouve trop lente dans son travail. Elle estime qu’elle prend, par exemple, trop de temps pour effectuer des prises de sang. Sur Infirmiers.com, de nombreux forumeurs lui ont répondu autant pour la rassurer que pour lui donner des conseils pratiques.

"Je fais 20 prises de sang par jour. Je n’arrive pas à aller plus vite !"

Je travaille depuis 6 mois dans un laboratoire. Normalement cela devait être un CDD de 3 mois suivi d’un CDI. Mais ce dernier m'a été refusé parce que je n'arrive pas à aller assez vite. On ne tourne qu'à deux car une personne est en arrêt. Une grosse journée c'est 80 patients à prélever. Sur 80, j'en fais 20 et ma collègue 40. J'ai tout fait pour aller plus vite mais sans résultat, raconte Sandi sur le forum d’infirmiers.com. Désorientée, la jeune infirmière se pose beaucoup de question et demande aux autres professionnels s’il y a des IDE lents ? et Comment avez-vous fait pour combattre votre lenteur ?

Plus ou moins speed : une question de caractère…

Je pense que c’est ton caractère, il y a des lents et des rapides. Moi, je mets 5 minutes montre en main le temps d’aller de l’infirmerie au patient, mais je ne fais pas le contrôle d’identité et tout le cinéma que tu fais (et que tu as raison de faire). Je rentre et je ressors, estime Caqui13. Ce à quoi Santi répond que si beaucoup agissent de même cependant au final il y a pleins d'erreurs à rattraper. De plus il m'est déjà arrivé d'avoir des patients aux noms se ressemblant qui se présentent à la place d'un autre, se justifie-t-elle.

Lenalan partage en partie cette opinion. Rien ne sert de courir, il faut bien agirJe suis lente aussi pour les prises de sang mais parce que j'ai un toc de vérification, je relis la feuille de liaisons de très nombreuses fois. Mais je pique rapidement et très majoritairement du premier coup. A l'arrivée, je mets plus de temps que celles qui repiquent trois fois. Une "lenteur" que le patient doit apprécier… Toutefois, la professionnelle pense qu’il ne faut pas se presser afin de faire les gestes consciencieusement, une bonne organisation évite les pertes de temps inutiles.

Tout dépend de quoi vient ta "lenteur", si c'est technique, administratif, organisationnel... la solution n'est pas la même

 … Ou d’organisation

Le problème n'est pas d'être lente, c'est que tu n'arrives pas à comprendre pourquoi. Il faut que tu analyses ta journée, tes soins, afin de trouver la ou les raisons qui te ralentissent. Es-tu trop "relationnelle" ? Incapable de te défaire d'un patient qui t'explique sa pathologie depuis sa naissance jusqu'à sa dernière hospitalisation ? Es-tu anxieuse ? Es-tu incapable de prendre une décision tranchée ? Une de mes collègues de service était lente car incapable de se décider. Par exemple, si 1 g de paracétamol était prescrit à un patient, elle allait se demander si elle allait donner deux gélules de 500g, seulement une de 1g ou alors en effervescent ?, raconte Nuage012.

Une question à laquelle Sandi ne parvient pas à trouver de réponse. Elle fait une liste précise de ces actes, et celle-ci laisse entrevoir deux problèmes : administratif et sur le geste en lui-même. Je laisse le patient s'installer pendant que je sors ma fiche de prélèvement et mes étiquettes. Je lui demande son nom, prénom, date de naissance et téléphone. Par contre, pour rechercher la veine et piquer, je n'arrive pas être rapide car je ne suis pas sûre de moi. De plus, quand j’ai trois tubes ou plus à prélever, j'ai d’autant plus peur de claquer la veine donc je vais lentement.

Lafolldingue lui résume précisément où elle peut aisément gagner du temps : la prescription est vérifiable en balayant du regard. Tes tubes tu dois les connaître par coeur en fonction des bilans. Après, l'identitovigilance, la personne peut te dire son nom, son prénom et sa date de naissance en s'installant. Quant au numéro de téléphone c'est le genre de données prises à l'accueil. Bref ça + ça + ça, tu as vite fait de perdre du temps... En revanche, la veine peut être plus difficile à trouver. Mais quant aux changements de tubes, met toi à l'aise pour bien stabiliser ton aiguille et cela se passera très bien. De son côté, Lenalan est surprise : Le changement de tube ne fait pas claquer la veine... Elle lui conseille de piquer à l'épicrânienne si ce n’est pas déjà le cas.

 L'identitovigilance fait partie de notre rôle lors d'un prélèvement, on ne s'amuse pas à vérifier le reste.

Définir le travail de l’infirmier

En parallèle, une autre soignante exerçant aussi dans un laboratoire d’analyse, Verangelo, admet avoir le même problème de vitesse. J'ai commencé il y a moins d'un mois. Si pour mes collègues je m'améliore, ce n’est pas suffisant. Dans son cas également, les problématiques paraissent plus ou moins similaires : elle effectue de nombreuses vérifications administratives qui ne sont normalement pas de son ressort. A l'accueil les secrétaires ne vérifient rien, ni l'identité ni le téléphone, seulement l’adresse. Après je vérifie la fiche, l'ordonnance et les étiquettes. Là aussi je suis obligé car je ne connais pas toutes les équivalences tubes/prélèvements. Aussi on a deux nouvelles secrétaires donc toujours des étiquettes erronées ou manquantes, explique-t-elle.

Ne pas connaître les équivalences de tubes ce n'est pas dramatique, car normalement il y a toujours des memos ou des classeurs qui les récapitulent. Par contre, tu dois connaître par coeur les tubes qui correspondent aux prélèvements, insiste Lafolldingue. En revanche, l'identitovigilance fait partie de notre rôle lors d'un prélèvement, on ne s'amuse pas à vérifier le reste. Normalement lorsqu'un patient arrive au laboratoire, la secrétaire est censée s'être assurée d'avoir les bonnes coordonnées. Ce n'est pas ton travail, s’agace-t-elle. Lenalan est également étonnée de ce témoignage, j'ai été mainte fois au laboratoire et jamais aucun préleveur n'a vérifié mes coordonnées puisque c'était fait par la secrétaire en amont. On demande nom, prénom, date de naissance, sexe (et oui, même si c'est ridicule et que les soignants ne le font jamais, il faut demander le sexe, argumente la professionnelle.

Une indication qui semble superflue aux yeux de bien des internautes mais Lenalan est formelle : à l'IFSI, lors d'un entraînement sur la transfusion, ils avaient pris le cas d'un transsexuel avec le sexe "officiel" qui ne correspond pas au visuel. Ceux qui ne posaient pas la question se sont fait avoir. En réalité, cela ne m’est jamais arrivé mais j'ai déjà demandé cela aux patients, et cela fait toujours beaucoup rire !

C’est la tactique du piqueur !

Pour Verangelo, ce n’est pas qu’une question de logistique, mais aussi un problème de dextérité. Pendant le changement de tube, ma main bouge. Je n'arrive pas à la stabiliser et j'ai observé toutes mes collègues, mais je suis à l'aise avec aucune de leur méthode. Par ailleurs, parfois aussi, lors du le prélèvement, le sang se met à couler au niveau du point de ponction et ce pendant que je remplis mes tubes. Est-ce que cela vous arrive ?

Les professionnels aguerris recourent à plusieurs tactiques pour piquer rapidement et correctement. Pour rester stable, je me positionne perpendiculairement à mon patient, je pique de la main droite, puis stabilise mon aiguille en tenant le vacutainer de la main gauche. Ma main gauche est alors en appui sur le bras du patient et je ne bouge pas. Je change mes tubes de la main droite, explique Lafolldingue. Un avis partagé par Lenalan qui spécifie qu’ elle ne pique qu’à l’épicrânienne en maintenant l’aiguille avec un doigt sur les ailettes. Je choisis mon confort et celui du patient. Apparemment il sent à peine l’aiguille.

Toutefois, en ce qui concerne la perte de sang, si Lafolldingue est perplexe : cela m'est arrivé d'avoir un petit point de sang au moment de piquer mais sinon jamais en prélevant mes tubes, Lenalan semble avoir saisi la raison et suppose que l'aiguille n'est pas assez profondément enfoncée dans la veine

Ainsi, la profession d’infirmière s’apprend autant en IFSI que dans la pratique quotidienne du métier. N’hésitez pas à réagir à ces témoignages sur notre forum si vous avez d’autres astuces pour avoir de la veine sans « piquer au vif » le patient ou si vous avez d’autres interrogations.

Roxane Curtet Journaliste infirmiers.com roxane.curtet@infirmiers.com  @roxane0706


Source : infirmiers.com