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Tests antigéniques Covid-19 : vraiment un renforcement du rôle propre infirmier ?

Publié le 18/11/2020
dépistage covid19

dépistage covid19

Au-delà de sa dureté, la traversée de l'épidémie de Covid-19 laisse aussi entrevoir, en termes d'organisation du système de soins, quelques perspectives plus réjouissantes - peut-être fondatrices d'un positionnement infirmier en évolution. Au premier rang desquelles les arrêtés des 16 et 26 octobre 2020, qui consolident la position de la profession dans le dispositif de rupture des chaînes de contamination et de dépistage massif, entrepris à grand renfort de communication et d'investissements dans des tests plus rapides par les autorités. Mais pour dépister, il faut du matériel - que les infirmiers peinent à se procurer pour l'instant.

Comme pour les tests PCR déjà pratiqués et l'aide conséquente apportée aux laboratoires de biologie médicale, les infirmiers répondent présents

Il n'est pas rare que les situations de crise fassent émerger - ou réémerger - des débats essentiels, et les fassent avancer malgré l'inertie jusque-là observée. Comme pour la vaccination - anti-grippale, anti-Covid, et autres - l'épidémie actuelle révèle certaines nécessités et bouscule les schémas établis, urgence oblige. Après l'engorgement des hôpitaux, et celui des laboratoires de biologie médicale ces derniers mois pour répondre à la demande croissante de testing de la population, des annonces officielles d'achat en masse de tests rapides antigénique (TRA) veulent rassurer les populations. Mais lesquelles ? La population générale bien sûr, mais aussi celle des soignants. Deux arrêtés publiés fin octobre permettent désormais aux infirmiers, acteurs de terrain de première ligne, de procéder à des tests antigéniques sans ordonnance médicale. Alors que les médecins généralistes se déclarent eux-mêmes peu emballés par le testing, la disposition vient compléter la participation infirmière, active depuis plusieurs mois dans la réalisation tests PCR en collaboration avec les laboratoires.

Véritable clé de voûte du "tester, alerter, protéger", les infirmiers permettent aujourd'hui de penser l'après-reconfinement, comme ils avaient permis hier de penser l'après-confinement. On ne testera pas forcément davantage, mais on parviendra peut-être à écarter plus rapidement le danger

Renforcement du rôle d'acteur de santé publique

Depuis plusieurs mois déjà, les infirmiers participent à la politique du "tester, alerter, protéger" mise en place pour freiner l'épidémie de Covid-19. Véritable clé de voûte de ce système , ils permettent aujourd'hui de penser l'après-reconfinement, comme ils avaient permis hier de penser l'après-confinement. Appeler la profession à réaliser les tests antigéniques, comme les médecins et les pharmaciens, est une très bonne chose ; pour moi, c'est un renforcement du rôle d'acteur de santé publique qu'elle assure, se réjouit Peggy, infirmière libérale en Ile-de-France, de même que l'Ordre National des Infirmiers (ONI), qui avait salué la mesure la semaine dernière. Et ce même si, quelle que soit la méthode de testing, le rôle de l'infirmier consiste dans un premier temps à expliquer au patient comment se protéger, quels symptomes surveiller... On ne testera sans doute pas davantage avec ce nouveau matériel, car la pédagogie restera un élément central de notre métier. Mais on arrivera peut-être à écarter plus rapidement le danger en isolant plus vite grâce à des résultats plus rapides (15 à 30 minutes, NDLR), prévoit Peggy, qui dépiste déjà environ 70 personnes par semaine grâce à la PCR.

Qui peut bénéficier des TRA ?

Un arrêté est paru au Journal Officiel du 17 novembre pour préciser les modalités de réalisation des tests

Les tests rapides d'orientation diagnostique antigéniques nasopharyngés pour la détection du SARS-Cov 2 peuvent être réalisés dans le cadre de l'un ou l'autre des régimes suivants :
Soit dans le cadre d'un diagnostic individuel réalisé par le médecin, le pharmacien d'officine ou l'infirmier prenant en charge l'intéressé, dans le respect des conditions suivantes.
Le test est prioritairement réservé aux personnes symptomatiques et doit être utilisé dans un délai inférieur ou égal à quatre jours après l'apparition des symptômes.
Lorsque les professionnels l'estiment nécessaire dans le cadre d'un diagnostic, ces tests peuvent être utilisés pour des personnes asymptomatiques, à l'exclusion des personnes contacts et des personnes identifiées au sein d'un cluster.

Soit dans le cadre d'opérations de dépistage collectif, organisées notamment par l'employeur ou une collectivité publique au sein de populations ciblées, en cas de suspicion de cluster ou de circulation particulièrement active du virus, après déclaration au représentant de l'Etat dans le département.
Les tests sont réalisés par un médecin, un infirmier ou un pharmacien. Les résultats des tests sont rendus par un médecin, un pharmacien ou un infirmier. L'organisation garantit l'enregistrement de ces résultats, le jour-même, dans le système dénommé SI-DEP (voir 2ème encadré sur la marche à suivre).

Cotations à appliquer

- Test individuel en cabinet : AMI 8,30
- Test individuel à domicile : AMI 9,5
- Les tests de dépistage collectif (EHPAD, entreprises, permanences dédiées ou trois tests consécutifs minimums en foyer logement) : AMI 6,1



Le choix politique, qui a consisté à placer le pharmacien au coeur du dispositif : à la fois prescripteur, distributeur... et réalisateur d'actes serait-il en cause et pénaliserait-il la collaboration entre professionnels du soin ?

Où est le matériel ?

L'Assurance Maladie prévoit des dotations précises : une délivrance sans déconditionnement et dans la limite d’une boîte par professionnel de santé et par jour lorsque la boîte contient plus de 15 tests et dans la limite de deux boîtes par professionnel de santé et par jour lorsque celles-ci en contient moins de 15. Mais où est le matériel ? Huit jours que j'ai commandé des tests antigéniques à mon pharmacien... et que je n'ai pas vu la couleur d'un seul d'entre eux alors que notre département est très touché. Et des barnums fleurissent devant certaines pharmacies, qui proposent un dépistage rapide, s'étonne Myriam, IDEL en Isère, tout comme s'en émeuvait le SNIIL la semaine dernière. La réalité de terrain semble donc moins avancée que celle annoncée par l'échelon politique : elle est inégalement répartie dans l'hexagone, et surtout plus opaque. Des livraisons attendues, certains territoires ne voient rien pour l'instant, alors que d'autres affichent une capacité de réponse conséquente comme en Haute-Vienne, où la moitié des pharmaciens sont estimés en capacité d'agir. Dans cette confusion, les infirmiers s'interrogent. Les informations nous parviennent au compte-gouttes et sont très parcellaires, regrettent les libéraux sur le terrain, déjà pris par de longues tournées. En septembre dernier pourtant (pour 5 millions d'unités) et avant de réitérer l'opération à hauteur de 20 millions d'unités il y a quelques jours, le gouvernement a commandé massivement et a par ailleurs affirmé que le matériel de dépistage serait acheminé en temps voulu aux points de livraison, et l'ensemble des personnels formé pour s'en servir. Le choix politique, qui a consisté à placer le pharmacien au coeur du dispositif : à la fois prescripteur, distributeur... et réalisateur d'actes serait-il en cause et pénaliserait-il la collaboration entre professionnels du soin ? De leur côté, les pharmaciens ont demandé aux pouvoirs publics de prioriser le circuit des grossistes-répartiteurs pour pouvoir fournir les professionnels de santé qui réalisent les tests. Peggy, elle craint que l'aide confraternelle ne soit le seul salut de la profession infirmière, une fois encore.

Responsabilité collective

La compilation des données scientifiques récentes montre qu'un seul test PCR négatif chez une personne asymptomatique permet d’infirmer un Covid-19 dans la majorité des situations, même s'il doit être interprété prudemment chez les patients avec symptômes. Son problème, c'est qu'il ne livre le résultat que 48 à 72 heures après le prélèvement. Bien plus rapide mais moins fiable, le test antigénique laisse passer certains signaux faibles et nécessite parfois être confirmé par PCR, même si la situation pandémique de l'impose pas pour éviter la cohue. En d'autres termes, une méthode ne remplace pas l'autre, mais les deux se complètent. Et dans tous les cas, la logique voudrait que les patients symptomatiques s'isolent immédiatement d'eux-mêmes, rappelle Peggy. Pourtant, constate-t-elle, la plupart des patients que je teste avoue avoir participé à des rassemblements familiaux sans protection particulière, voire à des cérémonies rassemblant 300 à 400 personnes. Se pose donc la question de la responsabilité collective, que des débordements comme celui qui a marqué l'actualité du week-end dernier nous renvoient en pleine figure, en plus des intérêts mercantiles qui pourraient balayer d'un revers de main l'intérêt supérieur du patient.

Conduite à tenir et traçabilité

Il est demandé au professionnel de compléter et de remettre au patient un document de traçabilité de la réalisation du test, quel que soit le résultat du test.

Tout résultat (positif comme négatif) doit impérativement être saisi dans un système de saisie, l’outil SI-DEP (système d’information national de dépistage populationnel), qui recueille l’ensemble des résultats de tests et qui doit être mis en place le 16 novembre.

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Validez la modalité de test antigénique

Saisissez sur la dernière page le résultat du test, son type d’hébergement et s’il est professionnel de santé ainsi que la date d’apparition des symptômes. A l’issue de la saisie, vous pourrez remettre au patient la fiche récapitulative de résultat de test antigénique. Pour davantage de détails, vous pouvez consulter le tutoriel en ligne en cliquant ici. En cas de résultat négatif du test antigénique, les professionnels informent les personnes symptomatiques âgées de 65 ans ou plus et les personnes qui présentent au moins un facteur de risque, tel que défini par le Haut Conseil de la santé publique, qu'il leur est recommandé de consulter un médecin et de confirmer ce résultat par un examen de détection du génome du SARS-CoV-2 par RT PCR.

Anne Perette-FicajaDirectrice des rédactions paramédicalesanne.perette-ficaja@gpsante.fr @aperette


Source : infirmiers.com