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Tahiti, ses plages, ses vahines et ses milliers de cas Covid+

Publié le 28/10/2020
chiffres covid Tahiti

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Tahiti Covid

Tahiti Covid

Plus rien n’arrête la Covid-19 en Polynésie française. A ce jour, on dénombre plus de 6 000 cas sur l’ensemble du territoire. Le taux d’incidence globale est presque deux fois plus élevé qu’en métropole : 493/100 000 contre 251/100 000 sur l’Hexagone. Quelles répercussions sur la population et les soignants ?

Dès le début de la crise sanitaire liée à la Covid-19, les autorités polynésiennes ont largement communiqué sur la nécessité d’appliquer les gestes barrières. Source : Direction de la santé

La Polynésie française avait réussi, en mars dernier, à limiter la propagation du virus à 60 cas en confinant sa population et en fermant ses frontières. Aujourd’hui, le nombre de cas a été multiplié par cent. Plus de 6 000 cas sont recensés, et l’épidémie n’est plus cantonnée à Tahiti, l’île principale. Le nombre d’îles infectées est en constante augmentation. Plus inquiétant, le taux d’incidence global est presque deux fois plus élevé qu’en métropole : 493/100 000 contre 251/100 000 sur l’Hexagone.  Au 26 octobre 2020, le nombre d’hospitalisations au sein du Centre Hospitalier de la Polynésie française s’élève à 86, dont 19 en réanimation. 26 décès sont à déplorer.

Une épidémie de Covid-19 incontrôlable en Polynésie française

La situation sanitaire est particulièrement préoccupante en Polynésie française. La population est vieillissante. A cela s’ajoute le fait que de nombreuses pathologies touchent une proportion élevée de la population : obésité, diabète, maladies cardiovasculaires… Autant de facteurs de risque de complications de la Covid-19. Face à une situation sanitaire exceptionnelle, des mesures exceptionnelles sont prises : instauration d’un couvre-feu, annulation des manifestations sportives et culturelles, fermeture des bars et des salles de sport. Comme ailleurs dans le monde, les Polynésiens sont invités à limiter leurs déplacements et à porter un masque. Le responsable de la plateforme Covid-19 , Manutea Gay, estime, sur TNTV, qu’il faut passer à une nouvelle étape dans la diffusion des messages, en visitant directement les familles, les quartiers et en sensibilisant les confessions religieuses. Il est demandé à chacun d’être responsable à titre individuel

Pour le moment, les mesures prises sont moins drastiques que lors de la première "vaguelette", en mars dernier. Le Président du Pays, Edouard Fritch, a affirmé, en août dernier, qu’un nouveau confinement n’était pas à l’ordre du jour. Le territoire comptait alors moins de 200 cas. Aujourd’hui, la situation est bien plus grave, et le Pays semble plus que jamais suspendu aux décisions de l’État. Le gouvernement français s’est en tout cas montré favorable à un appui en faveur de la Polynésie française, comme l’a indiqué Brigitte Bourguignon, ministre déléguée chargée de l’autonomie, lors des questions au gouvernement ce mardi 27 octobre 2020.

Chiffres clés au 26 octobre 2020 (arrêtés à 10h)

Des personnes qui n’y croient pas du tout, il y en a. Dans les quartiers les plus reculés et isolés, on estime que tout cela est une "arnaque".

Covid-19 : des Polynésiens tantôt méfiants, tantôt anxieux

La population se montre de plus en plus méfiante vis-à-vis des décisions prises. Quand tout semblait aller bien, le Gouvernement organisait des points réguliers et donnait des chiffres de manière quasi quotidienne. La transparence était de mise. Pourtant, la Covid-19 s’est infiltrée jusque dans les ministères, mais il n’en a été fait mention nulle part. Comme s’il s’agissait d’une maladie honteuse qu’il faut cacher à tout prix, alors que le discours officiel incite les Polynésiens à se faire dépister, se responsabiliser et s’isoler dès qu’ils montrent des symptômes évocateurs de la maladie.   

Sur la page Facebook de la Direction de la santé, Tiare estime qu’on aurait pu éviter cette catastrophe. Je suis fatiguée de m’expliquer mais aujourd’hui j’ai une pensée particulière pour toutes les familles qui ont perdu un proche lié au Covid19. Certains diront qu’ils ne sont pas morts du COVID, mais n’empêche qu’il a certainement aggravé la situation, accéléré la fin de vie. Mais il faudrait que le ministre de la Santé nous explique ces chiffres, nous donne plus de précisions pour essayer de convaincre encore les personnes qui n’y croient pas du tout. Et qui continuent à vouloir vivre comme avant, sans gestes barrières.  Et d’ajouter il est peut-être temps de donner plus de précision sur la situation sanitaire actuelle en Polynésie….

Des personnes qui n’y croient pas du tout, il y en a. Dans les quartiers les plus reculés et isolés, on estime que tout cela est une "arnaque". Heifara, 30 ans, auto-entrepreneur, habite sur la presqu’île. Depuis le début de la crise, il n’a rien changé à ses habitudes. Il vit de la vente de ses produits fermiers, et continue de fréquenter ses proches comme si de rien n’était. Le jeune papa profite de la vie, et se promène au parc avec sa fille, sans masque, alors même qu’il est devenu obligatoire de le porter dans toutes les rues de Papeete. Je ne crois pas à tout ce qu’il se passe. Au fond je m’en fiche. On invente une maladie pour ensuite nous balancer un traitement miracle, indique-t-il. Quand se pose la question des actions menées par le Gouvernement : je ne leur fais pas confiance. Il ne fait rien et ne sait pas où il va

De son côté, Herenui, 20 ans, vient de terminer ses études de BTS. Elle a beaucoup souffert du premier confinement. Ma famille avait très peur. Ils sont aujourd’hui encore très anxieux, surtout avec les chiffres qui s’envolent. Malgré ces appréhensions, les gestes barrières sont difficiles à appliquer au sein d’une population qui a l’habitude des contacts physiques. C’est dur de dire à nos proches que non, on ne peut pas leur faire la bise, ni les prendre dans nos bras. Surtout nos matahiapo, nos enfants. J’ai un bébé et j’ai peur pour lui. Malgré tout, selon Herenui, les interventions des médecins à la télévision sont bénéfiques. Voir des taote faire des points réguliers, c’est important. Chez nous, la seule source d’information, c’est la télévision. Pour Herenui, la contamination du Président du Pays, Edouard Fritch, a sans doute contribué à une plus grande méfiance de la part de la population vis-à-vis du Gouvernement et de la maladie. Pour nous, le Président c’est un leader, il doit montrer l’exemple. C’est comme si nous, son peuple, nous n’étions pas protégés, quoi que l’on fasse. De fait, la population semble beaucoup moins prendre la mesure de la gravité de la maladie alors que les chiffres augmentent. Elle est presque devenue "banale". La covid-19 n’a néanmoins pas que des mauvais côtés. Les gens se sont mis à cultiver un peu plus, à se rapprocher de la terre, constate Herenui.

Les soignants devront-ils finir par devoir "trier" les patients, en choisissant de sauver un malade plutôt qu’un autre, comme cela a été le cas dans d’autres pays ?

Le Centre Hospitalier de la Polynésie française sous tension

Dans les établissements de soins, la tension est palpable. Le nombre de patients hospitalisés au sein du Centre Hospitalier de la Polynésie française augmente. Des activités chirurgicales doivent être déprogrammées. Les secteurs publics et privés s’unissent pour une prise en charge optimale de l’ensemble des patients. Le pic épidémique est attendu entre décembre 2020 et janvier 2021. Pour faire face à l’augmentation des hospitalisations le CHPF demande à ses soignants, au travers d’une note de service diffusée le 22 octobre 2020, d’annuler ses congés. Des recrutements sont en cours pour apporter une aide supplémentaire, notamment des personnels retraités.

Les semaines à venir risquent d’être éprouvantes, à la fois pour les Polynésiens, mais aussi et surtout pour les personnels des établissements sanitaires qui constatent une montée en charge très rapide de leur activité. Devront-ils finir par devoir "trier" les patients, en choisissant de sauver un malade plutôt qu’un autre, comme cela a été le cas dans d’autres pays ? C’est en tout cas l’une des principales craintes exprimée par les soignants…

Anapa TUNOA


Source : infirmiers.com