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Ségur de la santé : 7,5 milliards d'euros pour les personnels non médicaux

Publié le 13/07/2020

Alors que le Ségur de la Santé va bientôt se clore, la partie concernant les rémunérations et les évolutions de carrière est aujourd'hui au coeur des débats. Les discussions entre divers organisations et le gouvernement ont abouti à trois protocoles d'accords qui sont a priori validés par une majorité de syndicats. Pourtant, déjà plusieurs représentants de soignants montrent leur insatisfaction.

Plusieurs accords au sujet du ségur de la Santé viennent d'être officiellement signés ce lundi à Matignon sur un volet d'importance : celui concernant les salaires !

Cet effort historique se veut d’abord une reconnaissance considérable à l’égard de celles et ceux qui ont été en première ligne dans la lutte contre cette épidémie, a affirmé le Premier ministre Jean Castex. Plusieurs accords au sujet du Ségur de la Santé viennent d'être officiellement signés ce lundi 13 juillet à Matignon sur un volet d'importance : celui concernant les salaires !

En tout, c'est 8,1 milliards d'euros qui sont octroyés aux personnels hospitaliers. Personne ne doit douter qu'il s'agit d'un moment historique pour notre système de santé, scande Jean Castex à l'issue de la cérémonie de signature des accords avec les syndicats. Ces accords, conclus après sept semaines de négociation, profiteront à tous les personnels hospitaliersquelle que soit leur catégorie, quel que soit l'établissement ou le service dans lequel ils travaillent, a-t-il ajouté. Selon le chef du gouvernement, qui s'exprimait aux côtés du ministre de la Santé Olivier Véran, les accords de Ségur sont d'abord une reconnaissance considérable à l'égard de celles et ceux qui ont été en première ligne dans la lutte contre cette épidémie.Je n'ai pas de mal à dire qu'en ce sens, au-delà de la reconnaissance de leur action, il s'agit d'une forme de rattrapage par rapport à des années de retard ou chacune et chacun, et peut-être moi-même a sa part de responsabilité.

Mesure 1 : création d’un complément de traitement indiciaire à hauteur de 49 points d’indice, représentant 183 euros nets par mois pour les agents titulaires et contractuels dont le versement interviendra à compter de janvier 2021 avec effet rétroactif au 1er septembre 2020 pour 24 points d’indice et au 1er mars 2021 pour 25 points d’indice.

183 euros net mensuels de revalorisation

Ainsi, les personnels qualifiés de non médicaux comme les paramédicaux (notamment les infirmiers et les aides-soignants) mais aussi plus globalement les techniciens et les personnels administratifs ont obtenu -pour l'ensemble de toutes ces professions- un budget de 7,5 milliards d'euros pour augmenter leurs rémunérations. Si le ministre de la Santé juge aussi cette somme "historique" , il n'est pas sûr qu'elle soit à la hauteur des attentes des personnes concernées.

En effet, cet argent servira à financer une augmentation salariale dite socle qui s'élévera à 183 euros net mensuels pour l'ensemble des personnels des hôpitaux et des EHPAD publics. Cette revalorisation devra être votée en fin d'année dans le cadre de l'approbation du PLFSS (budget de la sécurité sociale). A première vue, elle interviendra en deux temps: une première hausse de 90 euros avec un effet rétroactif au 1er septembre et une autre de 93 euros au 1er mars 2021.

En outre, l'accord prévoit également une révision des grilles salariales pour certaines professions (dont les infirmiers, les aides-soignants), et certains métiers médico-techniques (manipulateurs radio) et de rééducation (kinés). Il est prévu que celle-ci soit achevée avant le printemps prochain, pour une entrée en application le 1er janvier 2022 au plus tard. Selon le ministère, cela se traduira par une hausse de salaire de 35 euros net en moyenne pour les agents en question. Petite précision, les aides-soignants devraient, par ailleurs, passer en catégorie B. De même, de nouvelles majorations sont envisagées pour les heures supplémentaires, le travail de nuit, du dimanche et des jours fériés, tandis que des mesures seront prises pour développer l'intéressement collectif.

Parallèlement à cela, des recrutements sont mentionnés, même si le nombre exact n'est pas encore établi. Olivier Véran a tout de même évoqué la création potentielle de 15 000 postes dans un entretien accordé dimanche aux quotidiens du groupe Ebra. Il est a noté, néanmoins, que le document final ne donne aucun objectif chiffré. Il ne faut pas oublier que 30% des postes sont non pourvus à l'hôpital et dans tous les domaines (infirmiers, médecins), ce qui est énorme, rappelle Frédérix Valletoux, président de la Fédération des hôpitaux de France. La moitié de ces 15 000 embauches sont déjà budgétées mais ne sont pas pourvues, nuance pour sa part Patrick Bourdillon, membre de la CGT Santé. Quant aux 7 500 créations d'emplois, cela revient simplement à créer 2 ou 3 postes par établissement. Pour le syndicat, le compte n'y est pas.

De plus, les salariés du secteur privé lucratif bénéficieront eux aussi d'une partie des 7,5 milliards d'euros ! La revalorisation serait évaluée à un montant de l'ordre de 160 euros net par mois. Des discussions seront menées avec les établissements concernés pour en fixer les modalités.

Alors que les soignants se sont donnés sans compter, on se retrouve face une discussion de marchand de tapis ! Les 300 euros demandés pour tous les infirmiers salariés (public ou privé), correspondent au différentiel calculé par l’OCDE entre le salaire infirmier en France et le salaire moyen infirmier des autres pays. Nous demandons donc un rattrapage salarial qui n’est même pas la fourchette haute. 

L'accord passé entre le ministère et 3 syndicats est loin de répondre aux trois attentes des professionnels, mobilisés

Suite à ces annonces, plusieurs représentants des professionnels de santé ont déjà réagi car, pour eux, ces mesures sont nettement insuffisantes. Tout le monde est mal payé à l’hôpital, donc tous les agents devaient être revalorisés. Pour autant, nous préférons l’équité à l’égalité. Il n’est pas juste qu’un administratif en télétravail perçoive la même somme qu’une infirmière qui a risqué sa peau et celle de ses proches , en combattant le Covid-19 sans masque adapté avec un sac poubelle sur le dos au lieu d’une surblouse , dénonce Thierry Amouroux, le porte-parole du Syndicat National des Professionnels Infirmiers SNPI CFE-CGC. Après parution de la loi, puis des décrets et arrêtés d’application, ce n’est que sur le salaire perçu fin février que les agents percevront les 90 euros (avec un effet rétroactif au 1er septembre). Ils devront donc attendre un an après leur engagement face à l'épidémie, pour être revalorisés, s'agace le syndicat en question dans un communiqué.

Alors que les soignants se sont donnés sans compter, on se retrouve face une discussion de marchand de tapis ! Les 300 euros demandés pour tous les infirmiers salariés (public ou privé), correspondent au différentiel calculé par l’OCDE entre le salaire infirmier en France et le salaire moyen infirmier des autres pays. Nous demandons donc un rattrapage salarial qui n’est même pas la fourchette haute, argumente Thierry Amouroux. Le SNPI s'indigne aussi que certains professionnels, bien qu'également impliqués pendant la pandémie, ne toucheront rien, notamment ceux exerçant en PMI, centres de santé ou crèches et ceux dépendant de l’Education Nationale. Quant aux recrutements envisagés, ces nouveaux postes budgétés ne vont faire que se rajouter à ceux qui restent déjà vacants.  Nous étions sous-payés de 20%. Avec cette mesure, dans un an, nous serons toujours sous-payés, mais de 10%, c’est inadmissible ! Les jeunes professionnels vont quitter l’hôpital pour aller travailler à l’étranger, et l’hôpital va faire face à une pénurie d’infirmière.

Du côté des médecins aussi plusieurs organisations non signataires ont manifesté leur désaccord. On est en train de casser l'hôpital public, dénonce Anne Geffroy Wernet, du SNPhare (Syndicat national des praticiens hospitaliers anesthésistes-réanimateurs élargi aux autres spécialités). Cet accord n'est pas majoritaire, c'est un mensonge !, s'est énervé Patrick Pelloux, de l'Association des médecins urgentistes de France (AMUF), qui a réclamé un big bang pour attirer les jeunes générations de médecins vers une carrière à l'hôpital public.

Toutefois, ces accords salariaux ne représentent qu'un partie du "Ségur de la santé", destiné à améliorer les conditions de travail des soignants et la prise en charge des patients. Les trois autres volets, qui portent sur l'investissement et le financement des hôpitaux, la gouvernance, et l'organisation territoriale du système de soins, feront également l'objet d'annonces très fortes dans les prochains jours, s'y l'on en croit Olivier Véran.

Rédaction Infirmiers.com

 


Source : infirmiers.com