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Santé environnementale : les infirmiers, acteurs de changements ?

Publié le 12/04/2022
Santé environnementale

Santé environnementale

Apporter un éclairage sur les liens et les impacts réciproques entre l'environnement, la santé, les pratiques professionnelles et les systèmes socio-sanitaires, tel était l'objet de la conférence Notre santé, c'est aussi notre environnement organisée par l’Institut et Haute École de la santé La Source (Lausanne). L'occasion de rappeler combien la santé environnementale est une thématique autour de laquelle les infirmiers ont sans conteste un rôle déterminant à jouer, à la fois dans la transformation des pratiques comme dans l'accompagnement des populations face aux enjeux en la matière.

Les infirmiers ont un rôle essentiel à jouer dans la protection de l’environnement

Un décès sur cinq est dû à la pollution de l’air dans le monde ; La résistance aux antibiotiques a causé plus de décès que le sida ou la malaria en 2019 ; Les perturbateurs endocriniens menacent la qualité du sperme et sont en cause notamment dans l’apparition de maladies congénitales ; L'expertise collective 2021 de l'Inserm confirme des liens établis entre l'exposition aux pesticides et certaines maladies… Ces faits et/ou chiffres, énoncés en préambule par Séverine Vuilleumier, responsable et professeure HES ordinaire au sein de l’Institut et Haute École de la Santé La Source à Lausanne (Suisse), illustrent le lien étroit entre santé et environnement.

Expositions environnementales, changement climatique et durabilité dans les soins et la santé

Et la professeure de rappeler que la santé environnementale englobe plusieurs aspects. D'une part, les expositions environnementales, qu’elles soient physiques (climat, rayonnement, bruit, particules…), chimiques (produits naturels ou de synthèse, plastiques, pesticides…), ou biologiques (champignons, micro-organismes…). À noter que ces expositions peuvent être nécessaires, bénéfiques ou néfastes pour la santé. D'autre part, le changement climatique. Celui-ci impacte d'ailleurs déjà fortement la santé des populations dans le monde du fait de l'augmentation des températures et des épisodes climatiques extrêmes (lesquels engendrent feux, températures extrêmes, inondations, déplacements de populations…), de l'expansion de maladies infectieuses (telle l'infection à virus zika avec la propagation du moustique Aedes aegypti, de la dengue…), de l'émergence de nouveaux agents infectieux et bactéries1 comme de l'apparition d'une éco-anxiété2

Sans compter que les systèmes socio-sanitaires et les activités de soins participent également au changement climatique. L'utilisation de certaines matières (plastiques, produits de contraste, médicaments, chimiothérapies…), de même que la production de CO2 induite par les infrastructures sanitaires elles-mêmes (via le chauffage, les médicaments, la restauration, la construction d'établissements de soins, les déchets et eaux usées…) contribuent en effet à la pollution de l'air, de l'eau, des sols et/ou à divers problèmes environnementaux. Par exemple, les émissions dues à l’incinération de déchets de soins peuvent augmenter les cancers, indique l'OMS dans sa campagne #HealthierTomorrow sur les réseaux sociaux à l'occasion de la journée mondiale de la Santé 2022 (voir agenda). Avec au niveau mondial une empreinte carbone moyenne de l'ordre de 4,4%, les systèmes de santé et leurs activités de soins doivent donc évoluer vers une plus grande durabilité.

Comment les infirmiers peuvent-ils agir ?

Mais encore… Face aux défis multiples de la santé environnementale, comment les soignants, et notamment les infirmiers, peuvent-ils agir ? En gardant à l'esprit le principe de non-malfaisance Primum non nocere (en premier, ne pas nuire), Séverine Vuilleumier a invité les soignants participants à proposer des interventions et des recommandations auprès des individus, des communautés et des institutions socio-sanitaires dans le but d'éviter ou de réduire leurs expositions aux risques environnementaux, tout comme leur impact environnemental, et à promouvoir la santé. Ce qui passe par la promotion d'activités de base d'accompagnement des populations, de même que par des pratiques avec co-bénéfices santé et environnement. Des pratiques déjà à l'œuvre de-ci de-là l'Hexagone. Ainsi en est-il par exemple du choix, dans de nombreuses maternités, de nourettes (biberons remplis de lait à usage unique) en verre plutôt qu'en plastique afin de limiter les déchets (le plastique n'est pas recyclable à l'infini) et les transferts de substances dangereuses dans le lait (tels les perturbateurs endocriniens). En somme, de faire en sorte d'adapter les pratiques dans les milieux de soins pour limiter leurs impacts sur l'environnement.

Et pour aller encore plus loin, la professeure helvète a également proposé de changer de paradigme en santé, en intégrant l'environnement comme faisant partie de la santé, en promouvant également les approches salutogenèses3 ainsi que la transition curatif/préventif. Autres pistes : repenser l'allocation des soins (proximité, e-health, télémédecine, prise en charge d'urgence…) ou encore réduire les besoins d'utilisation du système de santé. Par exemple, avec des approches alternatives telle que la musicothérapie dans la prise en charge des patients atteints de démence afin de réduire le nombre de médicaments.

Sources et ressources

Pour être des acteurs éclairés et critiques face aux enjeux de santé environnementale en faveur de la promotion de la santé, de la prévention et de la durabilité des institutions, les infirmiers ne doivent bien sûr pas manquer de s'informer. À ce propos, les sources d'information fiables et accessibles ne manquent pas4:

  1. La fonte des glaces pourrait induire le réveil d'anciens micro-organismes piégés dans la glace et le permafrost ou bien l'éveil d'agents pathogènes inconnus.
  2. 3 Français sur 4 éprouvent de l'anxiété liée à l'environnement selon un récent Baromètre de la Fondation Santé Environnement de La Mutuelle Familiale (FSEMF). 59% des jeunes dans le monde sont très inquiets face au changement climatique (selon une étude menée auprès de 10 000 jeunes âgés de 16 à 25 ans dans dix pays ; Lancet Planet Health 2021; 5:e863-73).
  3. Qui s’intéressent aux facteurs favorisant la santé plutôt qu’à ceux à l’origine de maladies (pathogenèse).
  4. Certaines sources peuvent toutefois être en anglais !

Pour se former

La Haute École de la santé La Source vient d'élaborer un nouveau module de formation continue postgrade consacré à la santé environnementale (5 ECTS/7 jours de formation). Accessible aux professionnels de la santé et du social, ce module doit leur permettre d'être à même de proposer des pratiques professionnelles durables et propices aÌ€ la santé auprès des communautés et dans [leur] institution... Et ainsi contribuer aÌ€ la promotion d’un environnement sain et au renforcement du rôle professionnel de promotion de la santé et de prévention.

La première session se déroulera de mai à septembre prochain.

Pour en savoir plus : https://www.ecolelasource.ch/module-sante-environnementale

Agenda

7 avril 2022 : Journée mondiale de la Santé 2022 : Notre planète, notre santé

En pleine pandémie, sur une planète polluée et face à l’augmentation de pathologies telles que le cancer, l’asthme et les cardiopathies, l’OMS, à l’occasion de la Journée mondiale de la Santé 2022, souhaite attirer l’attention de la communauté internationale sur les mesures à prendre d’urgence pour préserver la santé des êtres humains et de la planète, et pour susciter un mouvement visant à bâtir des sociétés axées sur le bien-être.

Source : OMS

Valérie Hedefvalerie.hedef @orange.fr


Source : infirmiers.com