Le #MoiSansTabac redémarre prochainement, au mois de novembre, pour sa cinquième édition. L’occasion de découvrir, ou redécouvrir les champs de compétences des infirmières et infirmiers tabacologues au travers d’un portrait : celui de Sandra Brun-Zaragoza.
En 2019, plus de 200 000 personnes se sont inscrites via les différents supports de Tabac Info Service pour relever le défi. Tous les professionnels de santé se mobilisent en tant que partenaires dans la lutte nationale contre le tabagisme. Cette campagne est une nouvelle occasion de mettre en avant le rôle de l’infirmier(e) par ses actions d’éducation à la santé, de prévention des risques, de conseil, mais aussi d’accompagnement et de soutien psychologique lors de la période délicate du sevrage. Depuis 2016, rappelons qu’il est également habilité à prescrire les traitements nicotiniques de substitution .
Sandra Brun-Zaragoza, infirmière libérale depuis 1998 mais aussi tabacologue depuis 2013, titulaire d’une licence en psychologie et certifiée en éducation thérapeutique, nous l’explique : j’ai rapidement constaté les limites de la prévention des risques du tabagisme pour motiver les patients à arrêter de fumer. J’ai donc ressenti la nécessité de me former pour adapter mes actions. Depuis, j’accompagne régulièrement les fumeurs en demande de sevrage.
Rappelons qu’il existe deux principaux freins à l’arrêt du tabac, les peurs et les croyances. Très fréquemment poursuit Sandra, j’observe la crainte de ne pas y arriver avec la dépréciation et la culpabilité qui peuvent suivre en cas d’échec. Il y a aussi la peur de souffrir du manque, de devenir irritable, de prendre du poids ou de devenir dépressif
. Les croyances ou autres idées reçues sont autant de facteurs limitants que l’infirmière tabacologue doit combattre, en argumentant, objectivement. Ce que j’entends le plus souvent c’est la cigarette me calme
, ou l’idée que seule la volonté suffit
, ou encore qu’il faille souffrir pour y arriver ou que ce sera obligatoirement difficile
. Certaines personnes se jugent d’emblée comme perdants
. Ils avancent qu’ils ont déjà tout essayé, qu’ils n’ont pas suffisamment de volonté, qu’ils n’y arriveront jamais et qu’en plus, toute leur vie tourne autour de la cigarette et qu’ils ne savent rien faire sans elle !
Les croyances ou autres idées reçues sont autant de facteurs limitants que l’infirmière tabacologue doit combattre, en argumentant, objectivement.
Des atouts existent cependant pour parvenir à briser les résistances. Il y a la consultation auprès d’un professionnel de santé formé à la tabacologie pour orienter le fumeur vers la meilleure stratégie d’arrêt. Puis le suivi et le soutien psychologique régulier pour motiver, encourager et féliciter le fumeur abstinent. Sandra souligne ici l’importance du soutien pour le maintien de l’abstinence largement documentée au cours des différentes études réalisées auprès des fumeurs et par l’expérience que je vis depuis 3 ans sur la page facebook du #MoiSansTabac de la région PACA. En effet, sur la sollicitation du Comité Régional d’Education à la Santé (CRES), j’anime les échanges des membres du groupe autour de leurs sujets de préoccupation, je réponds à leurs questions, je les conseille, je donne des astuces comportementales, des informations sur les substituts nicotiniques, des conseils hygiéno-diététiques pour limiter la prise de poids… J’exprime tous les domaines de compétences de l’infirmier en général liées à notre formation pluridisciplinaire
.
Santé publique France publie de nouvelles données sur le tabagisme en France issues du Baromètre de Santé publique France 2018. Ce qu’il faut en retenir :
En 2018, près de la moitié des Français (48,3 %) estiment que les augmentations des taxes sur le tabac sont justifiées (1).
43,6 % des fumeurs déclarent que les augmentations des taxes les motivent à arrêter de fumer. Et parmi les anciens fumeurs quotidiens, 39,8 % affirment même que ce motif a été une motivation à leur arrêt du tabagisme (1).
Les trois quarts des fumeurs de 18 ‑ 75 ans consomment des cigarettes manufacturées (74,0 %), plus d’un tiers fument du tabac à rouler (35,7 %) et un fumeur sur dix déclarent fumer la chicha (9,4 %) (2).
La part des fumeurs de cigarettes ne consommant que du tabac à rouler a plus que doublé au cours des dernières années (8,1 % en 2010, 15,2 % en 2014, 20,5 % en 2018) (2)
- Baromètre de Santé publique France 2018
Opinions vis-à-vis de l’augmentation des taxes sur le tabac et conséquences sur la motivation à l’arrêt
. - Baromètre de Santé publique France 2018
types de tabac fumés, évolutions et facteurs associés : résultat des baromètres de Santé publique France 2017 et 2018
.
La région PACA est au troisième rang national du nombre d’inscrits à la campagne #MoiSansTabac. Ce qui ressort des enquêtes post-campagne sur les points forts du groupe, c’est le soutien, la motivation, l’entraide et l’empathie.
Pendant le #MoiSansTabac, Sandra intervient également auprès d’entreprises engagées dans la santé au travail. Elle présente en effet des conférences sur la dépendance au tabac et est régulièrement sollicitée par l’association Apport Santé (Plateforme territoriale d’appui aux situations complexes et chargée d’éducation à la santé). Il s’agit cette fois d’animer des ateliers thérapeutiques d’aide à l’arrêt du tabac auprès de groupes de fumeurs. Les différentes séances s’inscrivent dans une démarche d’éducation thérapeutique qui répond aux attentes directes du groupe autour d’outils de communication adaptés
.
Si on considère que la dépendance est une maladie chronique du cerveau, on comprend que d’être formé à l’éducation thérapeutique du patient représente un outil incontournable pour les professionnels de santé en charge des dépendances.
Les infirmiers, infirmières sont très souvent formés depuis de nombreuses années à ce domaine de compétence et investissent toutes les formations qui complètent, enrichissent et optimisent l’efficacité de leurs missions de soins. Je suis fière d’appartenir à cette famille professionnelle
conclut l’infirmière tabacologue.
A lire : Arrêt du tabac. Les clés de la réussite
Le tabac est la première cause de mortalité évitable en France. Comment ne pas savoir que “le tabac tue” ? Malgré une baisse significative de plus d’un million de fumeurs en deux ans, plus de 12 millions d’adultes continuent à fumer régulièrement. Sont-ils fous ? Inconscients ? Suicidaires ? Non ! Ils ne parviennent pas à s’arrêter. Parce que leur première maladie, c’est la dépendance. La cigarette a su se rendre indispensable en distillant ses substances, cet agrément subtil, ce plaisir fugace dont on veut, sans cesse, renouveler l’effet, la sensation. Dès lors, vous êtes accro ! Vous n’arrivez pas à vous passer de cette mauvaise et coûteuse amie qui sait si bien se faire aimer. Et pourtant, l’arrêt du tabac est à votre portée, même si cette relation intime a duré de nombreuses années. Il n’existe pas une seule méthode pour parvenir au sevrage. Il s’agit, après avoir compris les mécanismes de cette dépendance particulière, d’engager une démarche personnelle, consciente, réfléchie, avec des étapes incontournables, un accompagnement sur mesure et de véritables alternatives qui constituent, ensemble, lés clés de la réussite.
Arrêt du tabac. Les clés de la réussite, Sandra Brun-Zaragoza, GL Editions, décembre 2019, 15€.
Propos recueillis par Bernadette FabregasRédactrice en chef Infirmiers.combernadette.fabregas@infirmiers.com @FabregasBern
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