"Ré-enchanter la profession infirmière", tel est le défi lancé par cette 35e édition du Salon Infirmier ces 17, 18 et 19 mai à Paris. Trois jours de rencontres, d’échanges et de retours d’expériences pour apprendre et surmonter, dessiner un avenir meilleur et ranimer la flamme d’un métier en souffrance.
"Réenchanter la profession : voici une thématique très utilisée dans des campagnes électorales, mais, dans le contexte actuel de désaffection , c’est vraiment sur cette question qu’il faut travailler", tient-il à souligner. Le président de l’ONI se félicite en la circonstance d’un programme de qualité
et innovant
, qui explore l'exercice quotidien au plus près de la réalité
, sous l'angle du management et des coopérations interprofessionnelles, de la transversalité, de la pratique avancée aussi...
tout en se concentrant essentiellement sur le patient
.
Le Brésil et le Liban, deux exemples éclairants
L’expérience des pairs, au-delà des frontières enrichissent les échanges. Nous avons l'opportunité de dialoguer avec nos confrères et consœurs du Brésil et du Liban cette année
, a souligné Patrick Chamboredon. Ils ont, au Brésil, beaucoup de choses à dire sur ce qui s'est passé durant la crise sanitaire, notamment sur l'attitude du gouvernement dans ce contexte
. Et d’évoquer cet autre pays qui revient de loin, le Liban qui a quasiment connu la triple peine
, à savoir le cumul d’une grave crise économique, appauvrissant les populations, le Covid évidemment mais aussi la terrible explosion du 4 août 2020, sur le port de Beyrouth, qui a provoqué un exode des soignants vers l'étranger.
Pour en finir avec le burn-out infirmier
Dans les allées, les professionnels se mêlent aux exposants, dans un brouhaha qui oblige les intervenants à hausser le ton lors des conférences et qui disqualifie d'emblée les voix fluettes. De ce côté de la méditerranée, ce métier d'infirmier que les Français reconnaissent comme essentiel, est menacé par la réalité d’une pratique de plus en plus éprouvante et donc par le risque d'un désengagement
, alerte Patrick Chamboredon, chiffres à l’appui : 85% des infirmiers estiment que leurs conditions de travail se sont dégradées depuis le début de la crise sanitaire, 15% des infirmiers envisagent de quitter la profession dans l'année, et 12% dans les prochains mois
. Le constat est très sévère
, tout comme le sentiment de lassitude
, c'est pourquoi, alors même que le secteur attend la désignation du nouveau ministre de la Santé, le président de l'ONI a appelé de ses vœux des attentes de long terme de réformes en profondeur
. En clair, le statu quo n’est plus du tout de mise
, a-t-il tranché, porte-voix d'une profession en souffrance et soulignant du même coup l'urgence absolue d’agir.
Confier plus de responsabilités aux infirmiers et reconnaitre les compétences qu'ils exercent effectivement rejoint les attentes prioritaires de la profession exprimées au travers de nos grandes consultations - Patrick Chamboredon, président de l'ONI.
Des actions fortes pour fidéliser les professionnels
Pendant la campagne présidentielle, l'Ordre a fait part de ses propositions pour réformer le système de santé et nous continuerons à rencontrer les candidats aux prochaines élections législatives pour porter ces pistes
, a assuré Patrick Chamboredon qui sont un véritable enjeu pour la profession
, en pleine crise de désamour et de désaffection. Le 20 janvier dernier, Olivier Véran s’est engagé à ouvrir le chantier du décret de compétences infirmières et a réaffirmé son intention d’élargir les prérogatives des infirmiers. C'est une satisfaction et un fait qu'il faut à présent mettre en musique. Ce chantier de la réingénierie est désormais ouvert
, s'est félicité le président de l'ONI. Cette réforme du décret infirmier qui doit permettre de passer d’un décret d’actes à un véritable décret de compétences est un enjeu majeur pour la profession : pour renforcer son attractivité et sa reconnaissance pour les décennies à venir. Pour conclure, Patrick Chamboredon a appelé à agir également sur l'évolution des carrières et des compétences, et à capitaliser sur les coopérations ville / hôpital, qui ont montré toute leur importance durant la crise sanitaire.
C’est bien l’avenir de la profession qui se joue à travers ces discussions
. Rappelons qu'il faudra 1 million d’infirmiers en 2040 selon la Drees. Nous avons la possibilité par ce salon de faire entendre les aspirations et la voix de la profession. Je vous souhaite des jours riches et des échanges fructueux
, a-t-il conclu.
6 évolutions majeures soutenues par l'Ordre
- Le renforcement de l'autonomie infirmière, pour sortir de la logique d'auxiliaires médicaux, stigmatisante.
- Développement de l’accès direct aux infirmiers (réalisation d'actes simples comme la prescription d’antalgiques...)
- Le déploiement de la consultation infirmière
- La mise en œuvre d’une mission d’orientation des patients (infirmiers coordinateurs référents du parcours de soin en ville et à l’hôpital)
- Le déploiement d'un parcours de carrière pour les infirmiers leur permettant de progresser, au travers de la pratique avancée, de l'universitarisation, des spécialités, de la recherche infirmière...
- Au niveau du coeur de métier, du rôle propre : l'élaboration de nouvelles politiques de prévention, une mission qui pourrait être confiée aux infirmiers qui couvrent l'ensemble du territoire.
*issus des consultations de l'Ordre en 2021
Comment les soignants choisissent-ils leur emploi ? L’enquête d’Infirmiers.com
Alors que les établissements de santé peinent à recruter et à fidéliser leurs personnels soignants, une enquête réalisée par Infirmiers.com (avec Emploi soignant) auprès de quelque 1700 professionnels du soin* éclaire sur leurs attentes et leurs principaux critères de choix d’un emploi.
- Le premier critère est celui de la proximité avec le lieu de résidence (près de 40%),
- Le second, la spécialité (près de 38%),
- Le troisième l’équilibre vie privée / vie professionnelle (36,5%).
Si les professionnels de santé rencontrent à l’heure actuelle peu de difficulté pour trouver un nouveau travail, les principales difficultés concernent les conditions d’exercice et le niveau de rémunération qui posent problème ; Les sondés passent en général un seul entretien d’embauche, certains sont même embauchés sans entretien.
*Enquête réalisée par internet auprès de 1 686 répondants sur 101 951 personnes contactées, dont près de 60% d’infirmiers.
Susie BOURQUINJournaliste susie.bourquin@infirmiers.com @SusieBourquin
INTERNATIONAL
Infirmiers, infirmières : appel à candidatures pour les prix "Reconnaissance" 2025 du SIDIIEF
HOSPITALISATION A DOMICILE
Un flash sécurité patient sur les évènements indésirables associés aux soins en HAD
THÉRAPIES COMPLÉMENTAIRES
Hypnose, méditation : la révolution silencieuse
RECRUTEMENT
Pénurie d'infirmiers : où en est-on ?