Pour tenter d'enrayer la crise de l'hôpital, frappé par une pénurie de soignants, la Première ministre Elisabeth Borne a annoncé jeudi 31 septembre une série de revalorisations du travail de nuit et du dimanche. (lien vers brève d’Audrey). Alors que la revalorisation de 50% des gardes des médecins, pérennisée, va désormais s'étendre aux hôpitaux et cliniques privées, le rehaussement annoncé de 25% du salaire de nuit des personnels « non-médicaux » (infirmières, aide-soignantes...) ne concerne pour l'instant que le secteur public. Des « discussions » sont nécessaires avec les représentants du privé, en raison notamment des « règles de convention collective », a expliqué Matignon.
Une injustice peu propice à la mobilisation des soignants
« Indispensables » pour l'attractivité des métiers, ces mesures « ne peuvent constituer des mesures catégorielles ciblées, lorsqu’elles excluent, comme c’est le cas aujourd’hui », le privé, tempête la Fédération de l'hospitalisation privée (FHP) dans un communiqué. « Dans un contexte de pénurie de professionnels soignants qui touche tous les secteurs, un traitement inégalitaire n’est pas propice à la mobilisation de tous au service des patients », plaide-t-elle encore. Les soignants « exercent les mêmes missions au service des mêmes patients » souligne le président Lamine Gharbi.
« Globalement, on reste exploités »
Représentant des infirmiers dans les deux secteurs, le porte-parole du SNPI (Syndicat national des professionnels infirmiers) Thierry Amouroux, estime que le privé « finira par s'aligner ». Il salue cette revalorisation « enfin calculée avec un pourcentage du salaire », qui prend en compte « ancienneté et expérience ». Mais « le pourcentage reste faible. Avec un salaire moyen à 16,50 euros de l'heure, ça fait 4,12 euros de revalorisation par heure de nuit, à comparer avec le forfait actuel de 2 euros ». « Insuffisant » pour arrêter la fuite des soignants, estime-t-il. « Globalement, on reste exploités, avec des salaires indignes ». « Si on part en Belgique, c'est +30%, en Suisse le salaire brut est doublé », note-t-il. Et « la première cause de départ, c'est le ratio, le nombre de patients par infirmières », qui atteint en France « le double des normes internationales ».
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