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Repas, prêts de voitures, de vélos ou d’appartements … ces initiatives solidaires envers les soignants

Publié le 10/04/2020

Certains ouvrent la porte de leurs appartements, habituellement loués sur des plateformes touristiques. D’autres ont ressorti leur vélo qui dort à la cave pour le prêter, des concessionnaires automobiles cèdent aussi gracieusement des véhicules jusqu'à la fin du confinement et des cuisiniers livrent les personnels soignants directement dans les hôpitaux. Tour d’horizon des belles initiatives et des gestes solidaires à l’heure de la crise sanitaire.

En cette période de pandémie où les soignants sont très éprouvés, la solidarité joue à plein et les initiatives fleurissent pour leur apporter aide et réconfort.

Certes, il y a ceux, mesquins, qui épinglent des mots pour demander à leurs voisins soignants de bien vouloir aller habiter ailleurs . Mais il y a tous ceux, à côté de cela, qui leur apportent de l’aide, chacun selon ses moyens. Au delà des grandes campagnes, la solidarité s'organise très souvent à l'échelle individuelle : des particuliers ont, par exemple, proposé de mettre gracieusement leurs logements à disposition des personnels soignants pour leur éviter des déplacements ou pour protéger leurs familles de toute contamination. D'autres prêtent main forte en cuisinant, ou en promenant les animaux domestiques.

Des logements pour les soignants

Je me sentais dangereux en rentrant chez moi, alors je suis parti dormir ailleurs. Papa de deux jeunes enfants et infirmier libéral au contact d'une clientèle âgée, Robin Stengel est logé, comme d'autres soignants partout en France, grâce à la solidarité collective, pour éviter de propager le Covid-19. Travaillant à la fois dans un Ehpad privé de Charleval, dans les Bouches-du-Rhône, tantôt à domicile et quelques temps sans masque en raison de la pénurie de matériel de protection, ce soignant de 28 ans voulait par-dessus tout préserver la santé des siens et celle de sa clientèle âgée, a-t-il confié à Sud Ouest. Je ne me sentais pas suffisamment protégé au travail et ce virus est particulièrement virulent. Il fallait se déshabiller, se doucher avant d'avoir touché quoi que ce soit à la maison: ça devenait compliqué, explique-t-il. L'infirmier prend alors une chambre d'hôtel à ses frais, puis sa soeur l'informe que des propriétaires des Gîtes de France logent des soignants gratuitement. C'est inespéré. J'avais prévu de consacrer 1 000 euros à dormir à l'hôtel pendant deux mois, si nécessaire, pour mettre ma famille à l'abri, dit-il. Comme lui, de nombreux soignants de première ligne peuvent aujourd'hui bénéficier d'un logement gratuit grâce à la générosité de propriétaires.

Depuis le 25 mars, la plateforme Airbnb propose aux propriétaires utilisant ses services de mettre à disposition gracieusement les appartements entiers qui ne sont pas loués pour le personnel soignant et les travailleurs sociaux sur la plateforme Appartsolidaire, a annoncé le ministère de la Cohésion des territoires dans un communiqué. L'hôte volontaire bénéficiera d'un dédommagement de 50 euros réglé par Airbnb pour chaque réservation, précise le ministère, qui avait sollicité la plate-forme. D’autres sites font de même, comme le site Particuliers à particuliers via un onglet héberger un soignant, qui se propose lui aussi de mettre en relation propriétaires mettant gratuitement un logement à disposition et soignants désireux d'occuper ponctuellement un logement proche de l'hôpital. Plus de 5 000 logements auraient ainsi été mis à disposition et 11 000 nuitées réservées dès la première semaine de mise en service du site AppartSolidaire, précise le site du ministère.

Même chose du côté de centaines d’hôtels privés d’activité. Dès le 28 mars, les hôteliers avaient annoncé que quelque 500 hôtels, soit plus de 20 000 chambres en France, se mobilisaient pour loger personnel soignant, routiers, malades sans maladie infectieuse et personnes sans abri . Les hôteliers ont spontanément fait part de leur volonté de pouvoir garder les hôtels ouverts ou de les rouvrir pour accueillir les populations en première ligne dans cette crise sanitaire grave, ont indiqué l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie (Umih) et le Groupement national des chaînes hôtelières (GNC). De son côté, le groupement national des indépendants de l'hôtellerie et de la restauration (GNI) a affirmé avoir recensé quelque 600 hôtels indépendants volontaires qui pourraient s’associer à cette démarche.

Des véhicules et des vélos prêtés pour aller travailler 

La région Hauts-de-France a annoncé dès le 26 mars, la mise à disposition des véhicules de son parc automobile à tous les soignants qui en ont besoin, qu'ils travaillent à l'hôpital, en Ehpad, en libéral ou à domicile, jusqu'à la fin de la crise sanitaire. Parmi les personnes concernées par cette mesure figurent notamment les personnels des établissements de santé, des établissements d'hébergement pour personnes âgées et personnes âgées dépendantes (Ehpa et Ehpad), des établissements pour personnes handicapées, des services d'aide à domicile, des lits d'accueil médicalisés et des lits halte soins santé, précisait la région dans un communiqué, mais d'autres professionnels peuvent en bénéficier : les professionnels de santé libéraux, ceux intervenant dans les nouveaux centres d'hébergement pour sans-abris malades du coronavirus, dans les établissements d'accueil du jeune enfant maintenus ouverts, et enfin les personnels de crèche chargés d’accueillir en urgence les enfants des soignants. Pour solliciter un prêt de véhicule, les soignants sont invités à composer un numéro vert (0 800 026 080). Plusieurs enseignes de location de véhicules ont également rapidement proposé d'aider les professionnels, y compris ceux chargés de livrer des vivres ou des médicaments dans les établissements de santé, en mettant à disposition gratuitement une partie de leur flotte, comme Ucar, Europcar, Hertz, Avis, Enterprise, Rent a car, Louez facile... Ils ont donc été nombreux, des concessionnaires, des start-up, des entreprises d’auto-partage, à proposer leurs services. 

Et pour l'entretien et la réparation de leurs véhicules, l'opération "SOS Garages" les accompagne et de les mets en relation avec un garage de proximité... 

Pour ceux qui n'ont pas forcément besoin d'une voiture, mais qu'un vélo dépannerait bien, le groupe Facebook Des vélos pour l'hosto met en lien des particuliers dont les bicyclettes dorment à la cave et des soignants en recherche d’un moyen de locomotion. L’initiative, très simple et efficace, permet aux soignants qui doivent se rendre à l’hôpital à des heures matinales de pouvoir aller travailler mais aussi d’éviter de prendre les transports publics où ils seraient davantage exposés.

Des petits plats pour l'hôpital  

Grandes tables gastronomiques ou petits restaurants, des cuisines de l'Elysée aux restaurants étoilés, bistrots et commerçants à Lille, Paris, ou Bordeaux : de nombreux chefs cuisiniers aussi, mettent la main à la pâte, refusant de se tourner les pouces pendant le confinement, pour réconforter les soignants éprouvés par leur combat contre le coronavirus, leur livrant mets et provisions, à l'image de Simone Zanoni, chef du restaurant de l’hôtel Georges V, à Paris, qui cuisine deux jours par semaine pour les soignants depuis le début de la crise, chez lui, dans les Yvelines. C’est grâce aux réseaux sociaux qu’il a fait connaître son initiative et qu’il bénéficie de produits frais apportés par des entreprises alentour. Il cuisine ainsi des repas, de l’entrée au dessert, pour éviter aux professionnels de santé d’avoir à cuisiner eux-mêmes. Stéphane Ducloux, habitué quant à lui à préparer les repas des enfants au quotidien dans les cantines scolaires, mijote maintenant de petits plats aux soignants. Jean Sulpice est, lui, l'un des cinq chefs étoilés des bords du lac d'Annecy à livrer des plateaux repas cuisinés à la maison pour les soignants de l'hôpital local. Les soignants risquent leur vie à l'hôpital. On va leur apporter un soutien gustatif, avec l'aide de nos producteurs dont on va faire découvrir les produits, explique-t-il, lui qui tient l'Auberge du Père Bise (2 étoiles au Michelin). C'est là que l'idée a germé après une discussion avec des amis médecins puis avec à ses amis (chefs) du bord du lac

Lancée au départ avec l'APHP par M. Gomez et le critique culinaire Stéphane Méjanès, et coordonnée par la société TipToque - spécialisée dans la livraison de repas gastronomiques aux entreprises - l'opération baptisée « Les chefs avec les soignants » a officialisé l'initiative. Entièrement bénévole, elle est soutenue par quatre grossistes qui "fournissent les produits bruts". "Le but n'est pas de nourrir tous les hospitaliers, car c'est impossible, mais de leur apporter du soutien, du réconfort, un peu de joie, avec des repas qui améliorent l'ordinaire", a ainsi expliqué Stéphane Méjanès. Et pour coller aux "contraintes logistiques et sanitaires" des blouses blanches, qui ont "peu de temps, déjeunent parfois debout", Tiptoque a lancé deux plateformes en ligne, recueillant d'un côté les besoins précis des hôpitaux, de l'autre les disponibilités des chefs. Plus de 200 d'entre eux ont déjà proposé leurs services.

Dans de très nombreuses villes, Bordeaux, Le Havre ou Strasbourg, des initiatives individuelles ont vu le jour. Certains financent des paniers bio pour les CHU, d'autres reçoivent viénoiseries ou repas. A l'hôpital de Lille, "on n'a plus de cantine à cause du coronavirus, c'est un peu la débrouille... Mais on reçoit beaucoup de dons, ça réchauffe le coeur !", commente une infirmière "en renfort" auprès des patients Covid-19. "Les urgences reçoivent des croissants presque tous les matins, on a eu 300 +merveilleux de Fred+ (une pâtisserie locale, ndlr), Flunch livre des repas...", détaille-t-elle. A l'hôpital gériatrique "Les bateliers" aussi, "on a pu déguster du risotto de saumon, des gratins, offerts par Les jardins d'Hamadryade", se réjouit Aline, aide-soignante de 28 ans, "très touchée par cette solidarité".

La population se mobilise via des cagnottes en ligne 

Financièrement aussi les Français font preuve de générosité pour aider les personnels hospitaliers mais également les plus démunis face à la crise sanitaire du coronavirus. Évoquant une "incroyable mobilisation", l'entreprise de cagnottes en ligne Leetchi a répertorié près de 4.300 cagnottes ouvertes, en majorité à destination des personnels soignants mais aussi pour les personnes en situation de fragilité depuis le début du confinement. Un élan de générosité inédit sur le site depuis l'incendie de la cathédrale de Notre-Dame-de-Paris en avril 2019, à la suite duquel quelque 2.500 cagnottes avaient été mises en ligne. "La plupart des cagnottes ont déjà récolté plusieurs dizaines de milliers d'euros", a précisé Leetchi dans un communiqué, en évoquant "deux qui dépassent les 100 000 euros: une en soutien au CHU de Bordeaux et une autre pour l'achat de masques". 

"Lettres, poèmes, nouvelles, exercices libres… Des écrivains solidaires des soignants 

Une soixantaine d'écrivains dont Michel Bussi, Marc Lévy, Erik Orsenna, Danielle Steel, Christiane Taubira et Tatiana de Rosnay, vont participer à un recueil commun de nouvelles inédites écrites pendant le confinement, pour soutenir eux aussi, à leur manière, l'action des soignants, a annoncé le groupe Editis, poids lourd de l'édition en France. "Lettres, poèmes, nouvelles, exercices libres… : les auteur(e)s d'Editis ont eu carte blanche pour imaginer et proposer, pendant cette période de confinement, des textes inspirés par la liberté, l'évasion, l'espoir, la solidarité. Disponible le 16 avril, « Des mots par la fenêtre » réunira 64 textes signés par les auteurs des différentes maisons d'édition du groupe. Il sera mis en vente au prix de 4,99 euros sur le site Lisez.com et les plateformes numériques. Les droits seront reversés à la Fondation Hôpitaux de Paris - Hôpitaux de France. Ces auteurs entendent ainsi "s'associer à l'élan de solidarité qui, partout en France, émerge spontanément pour saluer et soutenir celles et ceux qui, chaque jour, sont en première ligne face à cette épidémie et risquent leur vie pour sauver celles des autres".

Pourquoi pas, des cours de yoga…

Ça s’appelle « Leggings and Crocs ». Cette plateforme en ligne propose des cours de yoga et de méditation gratuits spécifiquement adressés au personnel soignant. Pour permettre au personnel de santé de se reposer et de se détendre dans les circonstances actuelles, une équipe de jeunes yogis confinés propose des cours de yoga en ligne gratuitement et avec le sourire !, peut-on lire sur le site.

Et même des bénévoles pour accueillir les animaux de compagnie 

L'association Handi'Chiens met son réseau de bénévoles volontaires à disposition des soignants pour qu'ils puissent s'occuper des animaux pendant qu'ils travaillent. Une adresse mail a d'ailleurs été créée pour l'occasion : soignant.covid@handichiens.org

On ne les a pas toutes citées, mais dans tous les domaines, les inititiatives sont donc généreuses et nombreuses. 

Susie BOURQUINJournaliste susie.bourquin@infirmiers.com @SusieBourquin


Source : infirmiers.com