Face à l’épidémie de Sars-Cov-2, la communauté scientifique s’est mobilisée afin de trouver des traitements efficaces face à ce nouveau virus. Le remdisivir a été le premier médicament à obtenir une autorisation de mise sur le marché (AMM). La HAS publie, à son tour, son évaluation sur cette molécule. Si la Haute Autorité était favorable à son remboursement sous certaines conditions, elle constate que beaucoup d’incertitudes demeurent quant à son efficacité. De son côté, l’Inserm a obtenu des résultats encourageants concernant ce même médicament combiné avec un antihypertenseur.
La course pour trouver des traitements préventifs et curatifs efficaces contre la Covid-19 continue. Dans ce contexte, la commission de transparence de la Haute Autorité de Santé a examiné la demande du laboratoire Gilead vis-à-vis du remdesivir en vue d’un éventuel remboursement. En effet, cet antiviral utilisé contre Ebola a été le premier à obtenir une autorisation de mise sur le marché conditionnelle pour le traitement de patients présentant une pneumonie associée au Sars-Cov-2 et devant recevoir une oxygénothérapie. Si le laboratoire a, depuis, retiré sa demande d’inscription au remboursement, la HAS vient tout de même de rendre son évaluation publique. Celle-ci estimait qu’un remboursement était possible sous certaines conditions. Néanmoins, la Haute Autorité se montrait plus restrictive que l’agence européenne du médicament jugeant qu’il reste beaucoup trop d’incertitudes sur l’efficacité de cette molécule contre la Covid. De son côté, l’Inserm publie les résultats d’essais préliminaires sur le remdesivir combiné avec un autre traitement qui s’avèrent encourageants.
Un possible effet est suggéré uniquement chez les patients qui nécessitent une oxygénothérapie à faible débit
Tolérance, efficacité : le remdesivir n’a pas encore fait ses preuves !
A l’issue de son évaluation, la commission de transparence considère que l’accès au remboursement n’est justifié que pour une population plus restreinte
que celle indiqué dans le cadre de l’AMM conditionnelle fixée par l’agence européenne du médicament. En effet, elle ne paraissait justifiée que pour les patients âgés de 12 ans minimum, hospitalisés suite à une infection au Sars-Cov-2 avec une pneumonie nécessitant une oxygénothérapie à faible débit. La Haute Autorité la juge inappropriée pour des patients ayant besoin d’une oxygénothérapie à haut débit ou lors d’une ventilation assistée invasive ou non. La raison évoquée : aucun bénéfice clinique n’a été démontré dans ces cas précis au vu des données disponibles actuellement.
De manière générale, le service médical rendu est estimé comme faible
. Les résultats montrent seulement une réduction globale de 4 jours dans le délai de rétablissement des patients (11 jours contre 15) par rapport au placebo et en complément des soins de support. A ce stade, la molécule ne montre pas d’effet global sur la mortalité et celui-ci (quel est le sujet ?) ne reste suggéré que dans le cas des patients sous oxygénation à faible débit. En parallèle, l’absence de données concernant un éventuel impact du remdisivir sur la charge virale a été soulignée.
C’est pourquoi la HAS émet cette conclusion pour l’instant. Même si elle n’est pas forcément définitive. Une réévaluation lui semble appropriée, de nouveaux résultats étant attendus puisque des études sont toujours en cours.
L’Inserm évoque une association potentiellement prometteuse avec un antihypertenseur
Via le programme REACTing, l’Inserm associé au CNRS, tente de découvrir si des médicaments existants sont d’ores et déjà efficaces face au nouveau coronavirus. Pour cela, ils ont reconstitué in vitro plusieurs des épithéliums respiratoires humains d’origine nasale et bronchique en restant le plus proche possible de la physiologie humaine. Ils ont ainsi pu simuler des infections au Sars-Cov-2 et ainsi voir les effets potentiels de certaines molécules sur la progression du virus. Les spécialistes ont ainsi pu démontrer un impact du remdisivir associé avec le diltiazem, un antihypertenseur utilisé dans le cadre des angines de poitrine. Les résultats de leurs travaux sont parus dans la revue Cell Reports Medicine.
Un grand nombre de médicaments candidats a été évalué sur ces modèles, dont le remdesivir et le diltiazem, seuls et en combinaison. Le remdesivir présente une activité antivirale contre les virus à ARN dont fait partie le SARS-CoV-2. Des modèles in vitro cellulaires, des modèles animaux, ainsi que plusieurs essais cliniques en cours montrent des premiers résultats positifs contre ce virus
, précise le chercheur Manuel Rosa-Calatrava qui a dirigé l’étude. Ainsi, les données montrent une réduction de la charge virale dans les épithéliums infectés après traitement au remdesivir, des effets qui sont accrus suite à l’ajout de diltiazem. L’équipe va donc poursuivre ses travaux préliminaires avant de lancer un essai clinique dès l’hiver prochain si les résultats se confirment.
Roxane Curtet Journaliste infirmiers.com roxane.curtet@infirmiers.com @roxane0706
INTERNATIONAL
Infirmiers, infirmières : appel à candidatures pour les prix "Reconnaissance" 2025 du SIDIIEF
HOSPITALISATION A DOMICILE
Un flash sécurité patient sur les évènements indésirables associés aux soins en HAD
THÉRAPIES COMPLÉMENTAIRES
Hypnose, méditation : la révolution silencieuse
RECRUTEMENT
Pénurie d'infirmiers : où en est-on ?