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CONCEPTS DE SOINS

Réflexion éthique aux urgences : entre temporalité et souci de l'autre

Publié le 16/08/2022

Depuis une vingtaine d'années, la réflexion éthique et les concertations pluridisciplinaires qui l'accompagnent se sont développées dans notre quotidien du soin. Et par les nombreuses difficultés qu'elles soulèvent, elles interrogent indubitablement le soignant sur le sens profond du mot Soin, et permettent ainsi de le conduire dans une remise en question de ses pratiques et de ses savoir-être face aux patients. Fruit d'une pratique professionnelle réflexive, Benjamin Becker, infirmier, diplômé de l'IEP de Grenoble, Doctorant en philosophie morale, se propose dans cet article de réfléchir sur la place qu'il est permis de laisser à la réflexion éthique et pluridisciplinaire, même dans les situations extrêmes d'urgence vitale.

La réflexion éthique dans nos organisations de soins s'impose à chacun d'entre nous comme une logique incontournable.

La réflexion éthique dans notre quotidien du soin se présente aujourd'hui comme un tournant indispensable à la garantie de prise en charge de qualité des patients. Inhérente à une évolution sans précédent de nos politiques publiques sanitaires et de santé, elle demande malgré tout une organisation particulière, et la condition sine qua non que l'on accepte de lui accorder le temps nécessaire. Ce qui n'est pas toujours compatible avec les organisations déstructurées et confuses de certains services d'accueil des urgences des établissements de santé, se heurtant par là même aux difficiles réalités du terrain.

L'enrichissement des sciences médicales par les apports de la philosophie moderne et contemporaine a permis le développement assuré d'une médecine plus humaine et décentrée du seul corps physique et physiologique.

Bornée par une législation évolutive qui encadre nos pratiques de soins, il semblerait que cette réflexion éthique requise ne se satisfasse pas d'un ensemble de codes pour assurer une prise en charge déférente des patients et une orientation à donner à nos projets de soins les concernant. Par ailleurs, les dissensus que les textes de lois montrent et les désaccords qu'ils soulèvent prouvent qu'elles ne suffisent pas à elles seules à guider les conduites à tenir et à délimiter des parcours de soins dans les situations d'urgence vitale. Aussi, le recours à la philosophie de l'action et à l'éthique clinique semble proposer un abord intéressant afin d'apporter des réponses opportunes et logiques aux complexités situationnelles qui s'imposent aux équipes pluridisciplinaires.

Quant à définir la situation urgente de soins, elle met de facto en réciprocité le soignant qui porte assistance et soins avec le patient, dont il est indiscutable qu'il faille chercher à recueillir, mais surtout à considérer les volontés et souhaits en matière de soins techniques et invasifs à prodiguer.

Particulièrement, la philosophie humaniste de Levinas et le rapport au temps de Bergson permettent à eux deux de reconsidérer la relation qui lie les soignants aux patients avec plus de hauteur, de conviction, et au travers certains concepts de bienfaisance et de justice hérités du nouveau courant de la Bioéthique. Champ disciplinaire de réflexion commune inhérent au développement considérable de nos technologies et capacités d'action médicales.

A l'aune de ce travail, que j'ai tenté de mettre en adéquation avec un exercice et une expérience de terrain, je propose de construire un arbre décisionnel d'aide à l'organisation et à la guidance de la réflexion éthique indexée aux situations d'urgence d'une part. Mais également, j'envisage différents recours possibles afin de rendre la concertation pluridisciplinaire adaptée aux services de soins aigus.

En conclusion, et en toute humilité, j'ai tenté de rappeler cet intérêt majeur de recentrer le patient au cœur de notre système de santé et de nos débats politico-juridiques, tant dans un souci de déférence que de considération qui font non seulement la beauté du geste, mais rend un système de soins compatible avec les évolutions sociétales morales actuelles et les aspirations sociales d'un tout un chacun. Et notamment de celles qui trouvent un écho particulier dans les dernières lois de santé, rappelant un ensemble de droits fondamentaux des patients."

L'histoire de vie de chacun et son propre rapport au temps façonnera donc le degré d'urgence de la situation au regard du temps qu'elle requiert, ou de celui qu'il nous reste pour agir.

Lire l'article complet de Benjamin Becker intitulé "La réflexion éthique aux urgences : entre notion de temporalité et souci de l'Autre" (PDF)

Benjamin BECKER
Infirmier Diplômé d'État
Diplômé de l'IEP de Grenoble
Doctorant en philosophie morale
ED 487 - Laboratoire PPL (EA 3699)
benjamin.becker@hotmail.fr


Source : infirmiers.com