Prévention, lutte contre les séquelles… La nouvelle stratégie décennale défie le cancer

Publié le 05/02/2021

10 ans, 3 axes forts et 234 mesures : Emmanuel Macron a officiellement lancé jeudi 4 février, à l’occasion de la Journée mondiale contre le cancer, sa feuille de route sur la "Stratégie décennale de lutte contre les cancers 2021-2030" : une stratégie ambitieuse sur 10 ans, fruit d’une large concertation qui ouvre l’espoir de changer la donne.

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1,7 millliard d’euros seront consacrés dans les 5 prochaines années à la recherche sur le cancer, soit une hausse de 20% des moyens déployés lors du précédent plan 2016-2021. Le chef de l’Etat a aussi annoncé des mesures concrètes : davantage de dépistage, un meilleur accompagnement des fumeurs, une plus grande prise en compte des séquelles des cancers après la guérison, ou encore des campagnes de prévention dès l’école. On vous dit ce qu’il fallait retenir.

En 20 ans, les 3 plans cancers qui se sont succédés ont mobilisé des efforts considérables, avec des résultats plus que satisfaisants : le taux d’incidence du cancer a considérablement diminué, tout comme le taux de mortalité, qui a baissé régulièrement en ces deux décennies. Mais ces bons résultats ne doivent pas nous faire oublier ce qui reste à faire, ni la souffrance engendrée par les cancers, a rappelé Norbert Ifrah, le président de l’INCA (l’Institut National contre le Cancer), alors que 4 millions de personnes vivent ou ont connu le cancer dans notre pays et que la maladie reste la première cause de mortalité chez les hommes et la deuxième chez les femmes. L’objectif final de ce nouveau plan cancer doit donc être la réduction franche, massive, du poids des cancers dans notre société.

Le cancer en quelques chiffres

  • 380 000 nouveaux cas de cancers chaque année en France.
  • 155 000 décès à déplorer par an
  • 40% des cancers sont évitables.
  • 2/3 des personnes touchées par un cancer connaissent des séquelles, parfois invalidantes.

3 objectifs concrets et chiffrés pour réduire le poids des cancers en France

La nouvelle stratégie s’est fixé trois objectifs chiffrés sur 10 ans. Faire baisser de 60 000 cas par an le nombre de nouveaux cancers évitables d’ici à 2030, viser 1 million de dépistages supplémentaires chaque année d’ici à 2025 et faire passer de deux tiers à un tiers le taux de patients souffrant de séquelles cinq ans après le diagnostic (chirurgies mutilantes, effets secondaires des médicaments, retards de développement chez les enfants...). A cela s’ajoute un quatrième objectif, non chiffré cette fois : améliorer significativement le taux de survie à cinq ans des cancers dits de plus mauvais pronostic à l’horizon 2030 (pancréas, œsophage, foie, poumon, mais aussi certains cancers du sein dits "triple négatif" ou encore un cancer rare, le glioblastome du tronc cérébral de l'enfant, notamment – des cancers dont le taux de survie à cinq ans est inférieur à 33%).

3 objectifs chiffrés :  Faire baisser de 60 000 cas par an le nombre de nouveaux cancers évitables d’ici à 2030, viser 1 million de dépistages supplémentaires chaque année d’ici à 2025 et faire passer de deux tiers à un tiers le taux de patients souffrant de séquelles cinq ans après le diagnostic.

 

Cancer et addictions : "ennemis absolus"

 

Pour atteindre ces objectifs, plusieurs axes ont été développés, et notamment celui de la prévention. Sur ce terrain, le tabac et l'alcool vont concentrer les efforts : Je souhaite que la génération qui aura 20 ans en 2030 soit la première génération sans tabac de l’histoire récente, a ainsi déclaré le chef de l’Etat, promettant d'agir sur « le prix (qui n'a toutefois pas augmenté cette année, ndlr), l’extension des espaces sans tabac, les campagnes d’information sur sa toxicité », et un meilleur accompagnement de ceux qui arrêtent de fumer. Cette mobilisation doit commencer « dès l’école », a-t-il précisé. Pour l’alcool, à l’origine d’un cinquième des cancers évitables, il ne s’agit pas d'aller vers le zéro alcool mais bien de prévenir les excès et de mieux aider ceux qui sont dans une forme de dépendance à en sortir, a-t-il souhaité. Contre ces deux principales causes de cancers évitables, nos actions cibleront particulièrement les jeunes, a-t-il ajouté.

40% des cancers sont en effet considérés comme évitables et c’est à ceux-là que la stratégie veut s’attaquer en priorité. Evitables d’abord par une modification des comportements, a souligné Norbert Ifrah lors d’un débat qui a précédé l’intervention d’Emmanuel Macron : arrêt du tabac, consommation modérée d’alcool, activité physique régulière et meilleure alimentation sont les principaux leviers. Le tabac est l’ennemi absolu et 58% de l’alcool en France est consommé par 10% de la population. Les Français ne savent pas que l’alcool est responsable de 16% des cancers du sein, a-t-il expliqué, prônant pour un gros travail de prévention à réaliser sur ces questions.

 

Panorama des cancers en France – 2021. Source : Institut National du Cancer.

Améliorer la qualité de vie et lutter contre les cancers à mauvais pronostics

La stratégie décennale veut aussi s’attaquer aux séquelles de la maladie, parfois très invalidantes, mais aussi à la qualité de vie des malades ou anciens malades. Simplification des démarches administratives, extension du droit à l’oubli ou encore une priorité forte portée aux cancers de l’enfant, de l’adolescent et du jeune adulte ont été annoncées. Pour améliorer les taux de guérison et la qualité de vie, les efforts porteront sur les innovations thérapeutiques et la structuration à long terme d’un suivi personnalisé. Dès 2021, les cancers pédiatriques feront l’objet d’un effort de recherche supplémentaire via des appels à projets de l’Institut national du cancer (INCA), auxquels s’ajouteront 5 millions d’euros sur ce thème reconduits par le ministère de la recherche.

Miser sur le dépistage et la recherche

Autre axe développé : l’accent sera mis sur le dépistage. Actuellement, 9 millions de personnes se font dépister chaque année en France mais il faut redoubler d’efforts. Je veux que dans les années à venir, nous atteignons 1 million de dépistages supplémentaires par an, a avancé Emmanuel Macron. Dans la même logique, de nouveaux tests devraient être mis au point afin de repérer plus tôt les cancers du poumon. 

Tout passe par la recherche et tout ce qui a été fait ces dernières années dans ces domaines, c’est de la structuration, a également expliqué Norbert Ifrah, évoquant ainsi un meilleur maillage sur le territoire et une plus grande collaboration au niveau des établissements, mais aussi des groupes de recherche, pour offrir de meilleurs soins aux malades sur tout le territoire. Les préoccupations doivent ainsi porter sur les soins, mais aussi sur l’ensemble du parcours de santé du patient (de la prévention à la rémission).

L’un des enjeux de la recherche dans le domaine du cancer est de faire la part belle à l’innovation. Que peut-on attendre ? Des outils ont été développés pour réveiller le système immunitaire. L’espoir de tous les cancérologues sur les dix années à venir, c’est que cette technologie qui permet de faire de notre système immunitaire un vrai combattant, se développe, a ainsi détaillé le président de l’INCA. L’autre espoir vient du côté des médicaments, avec l’élaboration de thérapies de plus en plus ciblées (tout en continuant à avancer sur les traitements traditionnels comme les chimiothérapies) pour mieux accompagner les malades. Biothérapies, immunothérapies… Toutes ces avancées font vivre l’espoir d’une médecine plus personnalisée. Nous sommes encore trop lents : il faut investir massivement dans le big data et les nouvelles technologies, faire grandir et garder nos talents a toutefois souligné Emmanuel Macron.

Enfin, la recherche en prévention est l’un des sujets majeurs de ces dix prochaines années.


Source : infirmiers.com