Discrimination à l’embauche, difficultés pour se loger ou effectuer une démarche administrative : le quotidien des personnes en situation de handicap se heurte encore à de trop nombreux obstacles. Enquête à l’appui, l’Association pour l'insertion sociale et professionnelle des personnes handicapées (LADAPT) interpelle les candidats à l’élection présidentielle.
Alors que les programmes brillent par l’absence de prise en compte concrète de leurs problématiques
, LADAPT se saisit de la grande enquête miroir qu’elle a fait réaliser par l’IFOP auprès de personnes en situation de handicap versus la population générale pour faire entendre leurs priorités dans le débat des présidentielles*.
Parmi les principaux enseignements de cette enquête :
- 62% des personnes en situation de handicap disent avoir déjà renoncé à aller chez le coiffeur (+ 17 points par rapport à l’échantillon témoin)
- 50% ont renoncé à des soins dentaires (+ 22 points par rapport à l’échantillon témoin)
- 67% ont rencontré des difficultés pour résoudre un problème avec une administration (vs 47% dans la population générale)
- 63% ont rencontré des difficultés pour effectuer une démarche (vs 45%)
- Plus d’un quart des personnes en situation de handicap se sont déjà procuré des denrées alimentaires auprès d’une association (+ 14 points).
Ce sondage révèle ainsi l’ombre du grand renoncement
, un sujet à la fois frappant et invisible
, en mettant en évidence une volonté presque insidieuse de décourager les personnes en situation de handicap
, qui doivent se battre au quotidien. Certains sujets restent encore tabous, comme la sexualité, la ruralité : autant de facteurs d’isolement voire d’abandon pour les personnes concernées
, décrypte Eric Blanchet, président de LADAPT. Les difficultés concernent en premier lieu les dimensions budgétaires de la vie courante. La crise du logement
impacte également davantage les personnes handicapées. Sur la question de l’accès au services publics : les clivages sont très importants entre nos deux échantillons
, relève encore Eric Blanchet. Les personnes handicapées disent rencontrer davantage de difficultés pour contacter quelqu’un ou encore pour fournir les documents nécessaires. Sur le plan de l’accès aux professionnels de santé, on constate une problématique spécifique également : les personnes en situation de handicap peinent à obtenir un rendez-vous. La désertification médicale est donc majorée
lorsqu’on est en situation de handicap. Pour résumer, malgré des améliorations (trop lentes), la difficulté principale continue de concerner l’accès : l’accès à l’éducation, au travail, au droit, au logement ou encore à la santé…
Les personnes en situation de handicap, qu’elles travaillent ou non d’ailleurs, veulent exister, faire partie intégrante du collectif.
Des écueils persistants dans la vie professionnelle
C’est sur le sujet du travail que l’enquête révèle un paradoxe : si les personnes en situation de handicap se disent particulièrement engagées (40% continueraient de travailler même si elles n’avaient pas besoin d’argent) et heureuses d’exercer leur activité, 37% d’entre elles disent avoir subi une discrimination au cours d’une recherche d’emplois contre seulement 16% pour l’ensemble de la population. Une erreur de la part des entreprises qui semblent méconnaître l’engagement de ces salariés presque
comme les autres, insiste l’ADAPT.
Un espoir toutefois, une fois franchie la porte de l’emploi, du côté des entreprises comme des personnes, la satisfaction est partagée. En effet, les actifs en situation de handicap se déclarent tout aussi satisfaits de leur situation (76% dont 20% très satisfaits
) que l’ensemble des actifs français (77% dont 17% très satisfaits
). Très largement, ils ont le sentiment d’effectuer un travail utile (84% et 83% pour l’ensemble des actifs), se sentent bien intégrés (81% contre 87%), sont motivés (77% contre 75%) et fiers d’appartenir à leur entreprise (77% contre 79%). Certes, ils se sentent un peu plus stressés (60% contre 52%) mais sont aussi plus nombreux à estimer que leur travail est reconnu à sa juste valeur (64% contre 57%).
Le principal frein à l’embauche des candidats en situation de handicap reste la méconnaissance du handicap. (…) Faire de ces derniers des coupables désignés ne sert à rien : nous nous devons de leur apporter des solutions, de les former, les sensibiliser.
Enfin, la défense des droits des personnes en situation de handicap est une cause prioritaire aux yeux des personnes en situation de handicap bien sûr (à 74%, devant le soutien aux victimes des attentats avec 67%) mais aussi aux yeux du grand public (à 65% presqu’autant que le soutien aux victimes des attentats à 66%), avant la défense du droit des femmes et loin devant la lutte pour le réchauffement climatique (54% à 55%) ou contre le racisme (51% à 53%).
Rendez-vous le 23 mars à 11h
Quelle place pour le handicap dans le programme des candidats à l'élection présidentielle de 2022 ? Le Collectif handicaps
interpelle les candidats à travers un site dédié, Handébat 2022
, Point d’orgue de cette opération de communication ? Un grand débat, organisé le 23 mars à la maison de la radio à 11h salle panoramique, au 22e étage. Ali Baddou et Laetitia Bernard seront en présence des 7 candidats principaux à la présidentielle pour les faire réagir.
Pour y assister, les inscriptions sont ouvertes sur la plateforme handebat2022.fr
* sur un échantillon de 1026 personnes, via une enquête réalisée en ligne.
Susie BOURQUINJournaliste susie.bourquin@infirmiers.com @SusieBourquin
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