La grande démission des infirmières à l'hôpital a de quoi inquiéter. «Près d'une infirmière hospitalière sur deux» avait quitté l'hôpital voire changé de métier après dix ans de carrière, conclusion d'une étude de la Drees basée sur "trente ans" d'observation. De manière générale, les infirmières entrées dans la profession dans cette période «sont de moins en moins nombreuses à occuper, au cours des années, un emploi salarié, hospitalier ou non : elles sont 87 % après cinq ans de carrière, et seulement 79 % au bout de dix ans», observe le service statistique des ministères sociaux.
11 % restent infirmières salariées, mais pour un autre type d'employeur
Dix ans après leur premier poste, seules 54% de ces professionnelles sont toujours salariées d'un hôpital public ou privé, et 11 % restent infirmières salariées, mais pour un autre type d'employeur, comme un Ehpad ou une administration publique, selon cette étude. Quelque 7 % changent, elles, de métier tout en restant salariées du secteur hospitalier, par exemple au sein du personnel administratif, la même proportion devenant salariées dans d'autres fonctions et secteurs. La part de celles restées à l'hôpital après dix ans a par ailleurs «décru au fil des générations», passant de 60% pour les infirmières ayant débuté entre 1990 et 1994 à 50% pour leurs homologues entrées dans la profession entre 2005 et 2009. Certaines se tournent également vers l'exercice libéral : sur un panel observé entre 2006 et 2019, «13% ont un emploi indépendant cinq ans après leurs débuts, et 17% après dix ans», essentiellement en exercice libéral, parfois mixte (libéral et salarié), rarement au sein d'une autre profession. Parallèlement, 5% de ces professionnelles n'ont plus aucun emploi en France après dix ans (essentiellement chômeuses, inactives ou parties à l'étranger), une proportion qui monte à 11% après dix ans.
Le SNPI appelle de ses vœux un «plan Marshall» pour l'hôpital
Si le fait de devenir mère «conduit à diminuer son volume de travail salarié», cela «n’explique pas les sorties de l'emploi», analyse la Drees. Pour le Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI-CFE CGC), ces chiffres ne sont pas une surprise : «Comment s’étonner que des infirmières sous-payées, en sous-effectif (...) ne restent pas à l’hôpital ?», réagit-il dans un communiqué diffusé jeudi 24 août. Malgré le Ségur de la Santé, le salaire français reste inférieur de 10% au salaire infirmier européen, souligne-t-il. Le ratio de patients par infirmier atteint lui «souvent le double» des normes internationales. «Alors qu’il y a déjà 60 000 postes infirmiers vacants (...) il y a urgence à agir» avec un «plan Marshall» pour l'hôpital, demande le SNPI, faisant référence au programme de reconstruction de l'Europe par les États-Unis après la Seconde Guerre mondiale.
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