Présents dans les structures hospitalières et de formation sur l’ensemble du territoire national, les directeurs des soins, avec les professionnels de santé et tous les acteurs du monde de la santé, se sont mobilisés au quotidien sans ménager leurs efforts dans la lutte contre la pandémie du coronavirus. Issus des filières paramédicales et membres des équipes de directions, les directeurs des soins managent les équipes paramédicales ; membres également des cellules de crises mises en place dans les établissements de santé, ils apportent aussi leur expertise. Rapidement, leur rôle a été de coordonner avec les DRH la recherche de ressources humaines et le maintien de compétences, l’objectif étant de tenir dans la durée…
Etre en alerte et réagir vite….
Tout s’est précipité dès le lendemain de l’annonce par le Chef de l’Etat de la fermeture des écoles et des crèches . Nous étions alors le 13 mars 2020. Certains directeurs des soins se sont rapidement inquiétés de l’impact qu’une telle mesure allait avoir. En effet, de nombreux parents hospitaliers se retrouvaient en grande difficulté pour faire garder leurs enfants. Or, l’objectif était de maintenir un maximum de personnels en postes, les établissements n’ayant pas encore déprogrammé leurs activités non urgentes. Des recensements ont été réalisés par les cadres et dans certains établissements, une cinquantaine de personnels hospitaliers (dont 80% de paramédicaux) s’avéraient être en grande difficulté. Il a fallu demander l’aide des mairies pour obtenir des moyens de garde, moyens qui se sont concrétisés les jours suivants. Seulement, sur le moment, il a fallu gérer la grande inquiétude de parents désemparés qui se présentaient aux services de DRH et des DS (Directions des Soins)... Quelques jours plus tôt, les services d’urgences avaient reçu les premiers cas de patients contaminés et un tri réalisé par les IAO (Infirmiers d’accueil et d’Orientation) avait été rapidement organisé. Cette maladie était nouvelle, il a fallu que les équipes médicales et paramédicales puissent s’adapter et apprendre. Et la difficulté a été l’attente de résultats d’examens biologiques pour des patients suspects. Les directions des établissements ont dû rapidement organiser un nouveau circuit des patients avec notamment des filières de patients suspects (en attente de résultats) et de patients confirmés Covid positifs.
Déprogrammer les activités et gérer les personnels
Dès le déclenchement du Plan Blanc, les établissements ont réalisé la déprogrammation progressive des activités non urgentes et ont revu l’offre de soins. Avec l’encadrement supérieur et de proximité, les directeurs des soins ont rapidement évalué le nombre de personnels qui seraient impactés par ces réorganisations. L’objectif étant de mobiliser au fur et à mesure des besoins tout agent en fonction de ses disponibilités et de ses compétences. Des cellules de veille DRH-DS ont été mises en place afin d’évaluer la disponibilité des personnels, le respect de leurs temps de repos afin qu’ils ne s’épuisent pas et un suivi journalier de l’absentéisme. Au même moment, les médecins du travail ont été amenés, afin de préserver les personnels, à se positionner sur la poursuite ou non du travail des agents face à un risque éventuel pour leur santé en cas d’exposition. Ces cellules DRH-DS sont devenues essentielles et depuis, permettent de suivre au jour le jour les besoins et de prévenir tout épuisement professionnel. Enfin, ce sont aussi au sein de ces cellules que les directeurs des soins ont accentué les démarches et les appels pour recruter les professionnels nécessaires et anticiper ainsi les nombreux besoins à venir, compte tenu de l’ampleur inédite de cette pandémie.
En étant présents sans relâche auprès des professionnels et de l’encadrement, les directeurs de soins tentent de répondre au mieux à la demande des soignants dans cette période particulièrement anxiogène.
Informer, Former, re-former…
Dès le début de l’épidémie, les Equipes Opérationnelles d’Hygiène se sont impliquées dans l’organisation de formations spécifiques Covid et bonnes pratiques. Il a fallu former prioritairement les personnels dédiés des unités Covid et répondre aux nombreuses sollicitations sur les protocoles spécifiques à respecter. Seulement, avec l’augmentation du nombre de patients et l’inquiétude grandissante des personnels, les EOH se sont retrouvées rapidement en difficulté pour répondre à toutes ces demandes. Certaines directions de soins des établissements ont sollicité les directeurs des écoles paramédicales pour détacher des formateurs en soins infirmiers. Depuis, ces formateurs interviennent avec les EOH pour former un maximum de personnels aux bons gestes d’hygiène, au respect du port des masques et des mesures de protection. Ainsi, en étant présents sans relâche auprès des professionnels et de l’encadrement, les directeurs de soins tentent de répondre au mieux à la demande des soignants dans cette période particulièrement anxiogène. Quant aux directeurs de soins en instituts, ceux-ci ont prêté main forte à leurs collègues des établissements, en participant activement au redéploiement des étudiants en santé dans les services de soins. Parallèlement, ils ont dû travailler avec les équipes pédagogiques au développement des enseignements et du suivi pédagogique des étudiants à distance.
Dans les Instituts de Formations paramédicaux, les directeurs des soins s’attachent au quotidien à mettre à disposition des ressources et veiller à la continuité pédagogique, le tout étant encadré par les Directeurs des Soins d’ARS relayant les directives émanant du Ministère et notamment de la DGOS. Cette épidémie bousculant beaucoup de choses, les directeurs d’Instituts de Formation ont dû aussi s’adapter et revoir certains aspects de la formation et des concours paramédicaux. A titre d’exemple, certaines épreuves orales ont dû être annulées et remplacées par des écrits.
Le Directeur des soins, en ces temps très difficiles, est présent auprès des équipes de cadres et de personnels infirmiers, de rééducation et médicotechnique
Structurer les actions de l’encadrement
Parce que les cadres sont au cœur des activités et que leur place est essentielle, nombreuses sont les directions des soins qui ont immédiatement renforcé la permanence de l’encadrement en doublant la présence des cadres lorsqu’ils le pouvaient. Parallèlement, le schéma d’encadrement de l’hôpital a été modifié : renforcement de la présence des cadres dans les secteurs à risque : urgences, réanimation, soins critiques, unités de médecins Covid. Une difficulté inédite qu’il a fallu surmonter : l’impossibilité de réunir les cadres ; il a donc fallu s’adapter et se recentrer sur les modes de communication dématérialisés : courriels ciblés en lien avec les actions des cellules de crises, sollicitation des réseaux sociaux...
Dans ce contexte, des organisations des soins ont dû être adaptées rapidement pour arriver à maintenir une prise en charge qui réponde aux besoins des patients hospitalisés pour une pathologie non en lien avec le covid. Les situations de travail étant particulièrement anxiogènes, l’encadrement est soumis en permanence à de fortes tensions : gestion des personnels inter-services, redéploiement des compétences, accompagnement des équipes exposées à une forte charge mentale. Le Directeur des soins, en ces temps très difficiles, est présent auprès des équipes de cadres et de personnels infirmiers, de rééducation et médicotechnique.
S’adapter, toujours, sans cesse…
Conjointement, avec l’augmentation du nombre de patients, les équipes de directions avec la communauté médico-soignante ont dû s’adapter en contribuant à l’ajustement des besoins en hospitalisation et en matériels, en reconfigurant des services afin de mettre à niveau l’établissement notamment en lits de réanimation et en unités dédiées Covid. Tous les établissements de santé, quel que soit leur niveau de recours, ont été mobilisés (CHU, CH, établissements psychiatriques). Dès lors, les directions de soins et DRH ont dû réévaluer les effectifs et les compétences nécessaires à ces services, redéployer les compétences en personnels, assurer le suivi des formations des professionnels pour la réanimation, et mettre en œuvre des organisations les plus rationnelles et les plus fiables possibles afin de réduire les risques, prévenir toute rupture de prise en charge, toute rupture de moyens humains et matériels et permettre que l’exercice quotidien des équipes soit le moins éprouvant possible. A ce titre, dans de nombreux établissements, de nouvelles modalités de temps de travail ont été vite mises en place. En outre, les directions de soins ont aussi été sollicitées pour leur expertise en matière d’utilisation des matériels de protection et suivi des capacités des chambres mortuaires.
Grâce au réseau de l’Association Française des Directeurs de Soins (AFDS), ils ont pu communiquer entre eux, faire part de leurs difficultés et expériences mutuelles, échanger sur le dimensionnement et les organisations de ces nouvelles structures, et sur le fonctionnement des autres unités de l’hôpital. Ces échanges, cette entraide, leur ont permis de mettre en exergue de nombreux points de vigilance à avoir face à la situation exceptionnelle que nous traversons.
Et après le déconfinement, préparer le retour aux activités
Face à l’incertitude de cette crise sans précédent, les directions de soins ne baissent pas les bras, elles savent que le chemin à parcourir reste encore long, et qu’il va falloir redoubler d’énergie pour que les équipes tiennent dans la durée sans s’épuiser et que l’on revienne à un fonctionnement normal. Elles se positionnent donc au cœur des équipes, permettent aux cadres et aux professionnels de faire preuve d’initiatives, pour gérer les nombreux imprévus, contrariétés du quotidien et enfin gagner cette bataille inédite. C’est au travers de rencontres régulières avec les équipes qu’elles mesurent les besoins de soutien, de sécurité, et d’accompagnement des cadres et des professionnels qui font preuve d’une adaptabilité remarquable.
Face à ce virus que l’on a appris chaque jour à connaitre, assurer la sécurité des professionnels est essentiel. En cette fin de période critique et anxiogène, il est rassurant de voir l’esprit de solidarité qui règne au sein du monde de la santé. Cet état d’esprit facilite le travail et aide les soignants à surmonter la charge émotionnelle qui augmente au fur et à mesure de la montée de la vague de malades qui arrivent. Dans cette crise sanitaire, les professionnels de la santé ont donné beaucoup d’eux-mêmes, pour soigner et sauver des vies humaines. Ils n’ont compté ni leurs heures, ni leur investissement. Leur travail au quotidien a pris du sens et de la valeur. Ils se sentent fiers et reconnus par la population. Il appartient aux directeurs de soins associés aux membres de l’équipe de direction et au corps médical, de continuer à les soutenir, à les encourager et à les remercier, et surtout à ne pas les oublier après la sortie de crise.
A l’heure où nous avions commencé la rédaction de cet article, nous avions appris le décès d’une directrice des soins du CH de Monfermeil, touchée par le Coronavirus. Plus que jamais nous devons rester solidaires et cet article lui est dédié.
Face à l’incertitude de cette crise sans précédent, les directions de soins ne baissent pas les bras, elles savent que le chemin à parcourir reste encore long, et qu’il va falloir redoubler d’énergie pour que les équipes tiennent dans la durée sans s’épuiser et que l’on revienne à un fonctionnement normal.
Collectif de Directeurs des soins
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