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"Nous sommes des ambassadeurs de la vaccination et de la santé publique"

Publié le 05/11/2020

Pour sa douzième édition le 5 novembre, la Matinale de l’Ordre national Infirmier s’est penchée sur les enjeux de la vaccination en France et le rôle des infirmiers dans le dispositif. Un dispositif de protection de la population qui a progressé au fil des années, mais qui a également souffert du sentiment de méfiance - voire de défiance - chez les Français, qu'ils soient soignants ou patients. En cette période d'épidémie de Covid-19, de reconfinement et d'arrivée des virus hivernaux - notamment de la grippe - comment sensibiliser la population à la nécessité de se faire vacciner et positionner la profession infirmière, aux côté des autres acteurs de santé, de manière à ce que sa contribution soit optimale ?

Au Québec, les infirmiers reçoivent jusqu'à 320 personnes par heure dans des cliniques privées et publiques pour vacciner en toute autonomie, sans ordonnance.

Depuis plusieurs années, l'ONI s'est emparé du sujet de la vaccination anti-grippale et l'encourage vivement dans ses rangs, rappelant à maintes reprise combien "le rôle infirmier en la matière doit être exemplaire" . Signataire, avec d'autre Ordres, d'une convention avec le Ministère de la santé et des solidarités pour promouvoir la démarche chez les infirmiers,  l'Ordre constate chez ses adhérents le souhait très net d'accéder à plus de responsabilités dans ce champ d'exercice. Nous avons de grandes revendications sur le sujet, déclare Patrick Chamboredon, Président de l'ONI. Rien d'étonnant : à l'heure actuelle, 1,5 million de personnes en France sont vaccinées contre la grippe par des infirmiers, qui peuvent désormais éditer des bons de vaccination et identifier sur le terrain des personnes à cibler, rappelle François-Xavier Brouck, Directeur des assurés à la CNAM, qui précise par ailleurs que le taux de vaccination par les médecins a fortement chuté, et que 20 % des actes sont désormais réalisés par les infirmiers et 30 % par des pharmaciens d'officine.

Pour rappel, les pharmaciens ont été autorisés à vacciner d'abord de façon expérimentale sur certains territoires, puis l'autorisation est devenue officielle , ce qui entraîné de vives réactions de la part des infirmiers libéraux mais, comme l'a souligné Patrick Chamboredon, les tensions entre professionnels de santé ne sont jamais bonnes, ni pour les uns, ni pour les autres.

Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), la couverture vaccinale contre la grippe saisonnière doit atteindre 75 % chez les personnes ciblées pour être efficace. C'est pourquoi un suivi quotidien et un stock d'état ont été mis en place cette année

Crise de confiance

On le sait, la couverture vaccinale est très largement insuffisante. Concernant la grippe par exemple, moins de la moitié des personnes à risque ont été vaccinées en 2019-2020, constate Daniel Lévy-Bruhl, épidémiologiste et Responsable de l'unité des infections respiratoires de Santé Publique France. Car en France, la crise de confiance a été sévère, notamment en raison des controverses qui ont porté sur le vaccin contre l'hépatite B. Elle a débuté dans les années 90 ; la parole s'est libérée puis la défiance s'est amplifiée, notamment par le canal des réseaux sociaux, se souvient Caroline Bussière, Cheffe du bureau santé des populations et politique vaccinale de la Direction générale de la santé. Le résultat ne s'est pas fait attendre à l'époque. La couverture vaccinale a nettement chuté, au point que certaines épidémies sont apparues à nouveau, comme celle de la rougeole entre 2008 et 2012. Au fil des années, les autorités sanitaires ont dû renforcer la communication sur le sujet et prendre des décisions fortes, jusqu'à aboutir à la réforme de 2018, qui a rendu 11 vaccins obligatoires et mis en place un suivi du statut vaccinal pour les nourrissons entrant en collectivité. Le doute n'a pas laissé exempte la profession infirmière, qui ne se vaccine aujourd'hui qu'à hauteur de 35 % en établissement de santé et à 43 % en Ehpad . Mais d'une consultation interne menée cette année par l'Ordre, il ressort une nette progression de la vaccination anti-grippale, considérée comme un devoir déontologique, se réjouit Patrick Chamboredon.

Le rôle des infirmiers doit être renforcé pour soutenir la stratégie vaccinale. Elisabeth Bouvet, Présidente de la commission technique des vaccinations de la Haute Autorité de Santé

Vers un élargissement des compétences ?

Les différentes organisations sanitaires travaillent ensemble pour faire évoluer la couverture vaccinale dans le pays. Le rôle des infirmiers est en cours de construction de manière active et concertée, mais il est trop tôt pour le préciser finement, reconnaît Caroline Bussière. La tendance est pourtant perceptible. Pour augmenter la protection massive de la population - contre la grippe ou contre d'autres pathologies - la France doit se doter d'un maillage resserré et efficace et augmenter le nombre de vaccinateurs potentiels, dont les infirmiers font partie. Il s'agit de mettre en place une stratégie vaccinale collégiale et priorisée que l'épidémie de Covid-19 rend encore plus pressante, a fortiori si une campagne vaccinale contre le coronavirus venait à être déployée à échéance plus ou moins brève. Nous allons lancer très prochainement une consultation publique et proposer des recommandations en termes d'organisation pour maximiser les chances de chaque Français, prévient Elisabeth Bouvet. La pandémie est un événement qui réactive les débats et permettra d'en amorcer d'autres, résume-t-elle. Une annonce qui pourrait se traduire, c'est à espérer, par une extension des compétences vaccinales des infirmiers.

Une conférence à retrouver dans son intégralité sur le compte youtube de l'ONI

Anne Perette-FicajaDirectrice des rédactions paramédicalesanne.perette-ficaja@gpsante.fr @aperette


Source : infirmiers.com