Si l’Europe est devenue l’épicentre de l‘épidémie du Covid-19, l’Italie demeure le pays le plus touché avec 97 689 cas confirmés et près de 10 781 décès recensés. A l’heure actuelle, l’Etat italien a pu récolter un nombre considérable de données concernant les patients décédés des suites de l’infection au nouveau coronavirus. En effet, l’Istituto superiore di Sanita (ISS) vient de publier un rapport sur les caractéristiques des patients décédés. De même, des scientifiques italiens ont publié leur analyse de la situation de leur pays dans le JAMA et ont tenté d’expliquer les principaux chiffres sur le sujet.
On y est ! Cela commence à baisser ! L’Italie serait-elle à un tournant ? Aurait-elle bientôt franchi le fameux pic de l’épidémie ? Alors que la Botte reste particulièrement touchée par le coronavirus, les autorités sanitaires italiennes ont enregistré un ralentissement de la progression du virus. Autre nouvelle qui donne de l’espoir, le nombre de patients en soins intensifs n’a que très peu augmenté. Toutefois, elles recommandent de ne pas se réjouir trop vite et arguent la population de respecter plus que jamais les mesures mises en place.
Pour rappel, seulement trois personnes atteintes du Sars-Cov-2 ont été détectées en Italie durant les 15 premiers jours de février 2020 et chacune d’entre elles avait voyagé récemment en Chine. Cependant, le 20 février 2020 un cas sévère de pneumonie dû au Covid-19 a été diagnostiqué en Lombardie chez un homme d’une trentaine d’années qui n’avait pas été récemment dans une région endémique. Dans les 14 jours qui suivirent, beaucoup d’individus dans la région avoisinante ont été infectés dont certains qui se sont retrouvés dans un état grave. En se basant sur le nombre de cas et sur l’avancée du virus, il est actuellement supposé que celui-ci était présent sur le territoire italien depuis janvier.
Plus tard, un autre cluster a été découvert en Vénétie (région limitrophe de la Lombardie). Depuis, ce fut l’escalade, notamment en Italie du Nord, mais l’ensemble du pays a rapporté des cas de patients porteurs du Covid-19. Depuis, l’Istituto superiore di Sanita (ISS) (plus ou moins l’équivalent de Santé publique France) a mis en place un dispositif de surveillance épidémiologique pour récolter le plus d’informations possibles sur les patients infectés. Il a également publié un rapport sur les caractéristiques des personnes décédées après avoir contracter le virus.
Nombre de patients décédés par tranche d’âge Source : Istituto superiore di Sanita
Majoritairement des personnes âgées avec des comorbidités, notamment cardiovasculaires
L’analyse de l’ISS est basée sur un échantillon de 6801 patients décédés et positifs au Covid-19 en Italie
. Parmi eux, une grande majorité (65,9%) venait de Lombardie, suivie de l’Emilie-Romagne (15,7%) et de la Vénétie (4,4%) qui demeurent les régions les plus touchées. La moyenne d’âge des individus décédés et positifs aux tests pour le coronavirus est de 78 ans avec une médiane de 79 ans. Cet âge médian est supérieur de plus de 15 ans par rapport à celui des patients infectés (79 ans versus 63 ans). Les hommes sont nettement plus concernés car la part de femmes décédées est inférieure à un tiers (29,6%). De même, elles sont en moyenne plus âgées que les hommes au moment de leur décès (82 ans contre 78 ans pour la gent masculine).
En ce qui concerne les complications observées, on constate une insuffisance respiratoire dans une majorité écrasante des cas (96,4%) suivies par des lésions rénales aiguës chez 24,7% des patients, puis une surinfection et des dommages myocardiques chez respectivement 10% des individus.
Toutefois, au 26 mars, 1,2% des patients décédés de cet échantillon avaient moins de 50 ans. Plus précisément, 17% d’entre eux avaient même moins de 40 ans (14 hommes et 3 femmes). Si aucune information clinique n’est disponible pour 5 d’entre eux, 8 autres présentaient de graves pathologies préexistantes qu’il s’agisse de problèmes cardiovasculaire, rénaux, psychiatriques, de diabète, ou encore d’obésité. Seul un patient ne semblait pas avoir de comorbidité majeure.
Pourquoi un taux de mortalité plus élevé en Italie qu’ailleurs ?
En parallèle de ces données épidémiologiques, des scientifiques se sont interrogés sur le taux de mortalité des personnes infectées par le Covid-19 en Italie car il est nettement plus élevé que dans les autres pays. Les conclusions de leur travaux ont été publiées dans le JAMA. En effet, selon ces spécialistes, le taux de mortalité global des personnes avec un diagnostic confirmé de coronavirus dans la population italienne, sur la base des données mises à jour au 17 mars, était de 7,2% (1625 décès / 22512 cas). Un chiffre plus élevé que celui observé dans d'autres pays comme la Chine où il est estimé à 2,3%. Or, cette différence peut être liée à trois facteurs distincts.
La première explication possible relève des caractéristiques spécifiques de la population italienne qui s’avère relativement vieillissante. En 2019, environ 23% des citoyens italiens étaient âgés de 65 ans ou plus. Le covid-19 est plus mortel chez les patients âgés
, de sorte que la distribution des âges plus avancés en Italie peut expliquer, en partie, le taux de mortalité plus élevé par rapport à celui d'autres pays
, argumentent les auteurs. Par ailleurs si l’on compare vraiment les données entre l’Italie et la Chine (exemple pris précédemment), on constate que la répartition des cas est très différente dans les 2 pays : les personnes âgées de 70 ans ou plus représentent 37,6% des cas en Italie et seulement 11,9% en Chine. En outre, un nombre important de cas en Italie concerne des personnes âgées de 90 ans ou plus, et ce groupe d'âge a un taux de mortalité très élevé (22,7%) ; aucune donnée sur les cas chez les personnes âgées de 90 ans ou plus n'a été déclarée en Chine.
Ainsi, le fait que les personnes âgées sont plus fréquemment infectées en Italie peut expliquer, du moins en partie, ce taux important de mortalité.
Autre point relevé par les scientifiques : la stratégie de dépistage qui diffère également en fonction des états. Le 25 février, après une stratégie initiale et approfondie de tester tous les patients symptomatiques et asymptomatiques, le ministère italien de la Santé a changé de politique. Ses recommandations privilégiaient de tester uniquement les patients présentant des symptômes cliniques plus sévères soupçonnés d’être causés par le coronavirus et nécessitant une hospitalisation
, rappellent les auteurs. Ainsi comme en France
, les estimations du nombre de cas ne sont pas évidentes et forcément sous-évaluées, les personnes asymptomatiques ou aux symptômes légers n’étant pas comprises dans les statistiques. Cela engendre par logique, une hausse du taux de mortalité.
Enfin, la dernière possibilité relèverait de la manière dont est établi un décès lié au coronavirus. La définition comprend tous ceux survenant chez les patients dont le test de dépistage du Sras-Cov-2 est positif par RT-PCR, indépendamment des maladies préexistantes qui peuvent avoir causé la mort. Ce choix peut avoir entraîner une surestimation du taux de létalité. Les auteurs prennent l’exemple d’un sous-échantillon de 355 patients morts et infectés par le Sars-Cov-2. Parmi eux, 35,5% avaient un diabète, 30% une cardiopathie ischémique, 20,3% avaient un cancer actif… sans parler des fibrillations auriculaires, des démences ou des antécédents d’AVC. Ainsi, en moyenne, ces personnes présentaient 2,7 pathologies préexistantes. En réalité, près de la moitié avait au moins 3 pathologies sous-jacentes. Par conséquent, la présence de ces comorbidités pourrait avoir augmenté le risque de mortalité indépendamment de l'infection par Covid-19
, concluent les spécialistes.
Quoi qu’il en soit, les données les plus rassurantes venant de la péninsule restent que la courbe de contagiosité continue de décliner. Alors le commencement de la fin ou la fin du commencement ?
Roxane Curtet Journaliste infirmiers.com roxane.curtet@infirmiers.com @roxane0706
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