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Les urgentistes ne respectent plus les recommandations relatives à la mise en place des voies veineuses périphériques

Publié le 26/01/2005

La mise en place d'une voie veineuse constitue un geste fréquent, sinon quotidien, en médecine d'urgence préhospitalière, et expose à un risque élevé d'infections. Pour prévenir ce risque, des recommandations ont été élaborées par divers organismes, parmi lesquels l'Agence nationale d'accréditation et d'évaluation en santé (Anaes), la Société de réanimation de langue française (SRLF) et la Société francophone de médecine d'urgence (SFMU).

Ces recommandations sont le port d'une charlotte, d'un masque, le lavage des mains et du site de ponction à l'eau et au savon, le port de gants stériles, l'utilisation de compresses stériles, la désinfection cutanée avec une solution iodée, l'utilisation d'un champ stérile, d'un cathéter doté d'un système de protection et la mise en place d'un pansement occlusif.

Leur respect n'a cependant jamais été évalué en médecine d'urgence préhospitalière. Pour combler cette lacune, une équipe de médecins dirigée par le Dr Frédéric Lapostolle, du Samu 93, a mené une étude entre octobre 2002 et janvier 2003 à l'hôpital Avicenne (Bobigny, Seine-Saint-Denis) au cours de laquelle elle a évalué 673 procédures.

Le respect de ces procédures a été analysé en fonction de la nature de l'opérateur, qui était aussi bien médecin (urgentiste ou anesthésiste), étudiant en médecine, infirmier anesthésiste, ou étudiant stagiaire.

Le port de charlotte, du masque et le lavage du site de ponction à l'eau savonneuse n'étaient jamais respectés, rapportent les auteurs. Le lavage antiseptique des mains l'était dans à peine plus de la moitié des cas (56%), le port de gants stériles dans un quart des cas (21%) et la désinfection du site par une solution iodée dans seulement 4% des cas.

La recommandation la moins suivie était l'utilisation de compresses stériles, par 1% des opérateurs. En revanche, pratiquement tous (99%) prenaient soin de mettre en place un pansement occlusif.

"Pour chaque critère, soulignent les auteurs, le respect des recommandations était significativement plus fréquent chez les paramédicaux que chez les médecins", ce qui les amène à penser que "la formation semble un critère décisif".

S'ils trouvent quelques excuses aux praticiens, reconnaissant notamment que le stockage d'eau dans les ambulances n'est pas compatible avec les recommandations, ils estiment que "la prise en considération, en médecine d'urgence préhospitalière, des risques infectieux, sans se retrancher derrière le niveau d'urgence pour s'en affranchir, s'affiche comme une nécessité. Ceci doit passer par l'éducation et la formation des futurs médecins et des actuels urgentistes à une réelle culture du risque infectieux"./ar

(Annales françaises d'anesthésie et de réanimation, 2005, vol. 24, p. 31-35)


Source : infirmiers.com